N’importe qui à sa place ferait fait profil bas. Darmanin, au contraire, plastronne sur les plateaux de télévision, affichant le sourire de l’homme satisfait du devoir accompli.
A qui fera-t-on croire que l’imam Iquioussen qui était sous le coup d’une procédure d’expulsion ait pu disparaître aussi facilement ? Cette affaire rocambolesque pourrait prêter à sourire si elle n’était pas révélatrice des dysfonctionnements de nos institutions. Car enfin, voilà un prédicateur que l’on sait proche des Frères musulmans qui tient depuis 2003, de l’aveu même de Gérald Darmanin « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ». Auquel on reproche « un discours à teneur antisémite particulièrement virulent ». Qui prône la soumission des femmes vis-à-vis des hommes. Et qui selon l’arrêté ministériel d’expulsion encouragerait le séparatisme et afficherait le « mépris de certaines valeurs républicaines telles que la laïcité et le fonctionnement démocratique de la société française ».
Comment comprendre que cet individu qui ne cesse de vitupérer contre la France et ses valeurs n’ait jamais été inquiété par la Justice ? Comment expliquer qu’il n’ait été inscrit au fichier S que depuis 18 mois ? Etait-il protégé et par qui ? Que font nos services de renseignement ? Car enfin cet agitateur, âgé de 58 ans qui a refusé la nationalité française bien qu’il soit né dans le Nord de la France aurait dû être expulsé depuis longtemps.
Bras d’honneur
Or ce n’est qu’au mois de mai dernier que le ministère de l’Intérieur fait savoir à l’intéressé qu’il fait l’objet d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Darmanin signe l’arrêté d’expulsion fin juillet. La CEDH n’y est pas opposée et le Maroc a délivré un laissez-passer consulaire, document indispensable pour toute expulsion d’un étranger vers son pays d’origine. Mais un grain de sable va entraver le processus. Le tribunal administratif de Paris décide de suspendre l’exécution de la décision d’expulsion. Un sacré camouflet pour le ministre de l’Intérieur qui décide, aussitôt, de se pourvoir devant le Conseil d’Etat. Le 30 août la plus haute juridiction administrative de notre pays lui donne raison en annulant la décision du tribunal administratif. Un soulagement pour Darmanin qui s’en félicite. « C’est une grande victoire pour la République ! » fanfaronne-t-il sur les plateaux de télévision.
Malheureusement pour lui, il apprend dans le même temps que le Maroc a suspendu le laissez-passer consulaire pourtant en cours de validité. Plus surprenant encore l’imam a disparu. Il est introuvable. Les policiers qui se sont rendus à son domicile de Lourches, près de Valenciennes dans le Nord pour l’interpeller ont trouvé porte close. Hassan Iquioussen est en fuite. L’homme sur le point d’être expulsé a fait un bras d’honneur, un de plus, à notre pays. Personne, évidemment ne peut comprendre qu’il n’ait pas fait l’objet d’une surveillance renforcée depuis l’annonce de son expulsion. La France est une fois de plus humiliée, ridiculisée du fait de l’incompétence et de l’irresponsabilité de ses dirigeants.
Situation ubuesque
Darmanin s’agite beaucoup, fait de la com’, mais pour quels résultats ? Où est passé le fugitif ? « Il n’est plus en France, il est en Belgique et c’est une très bonne chose » ose-t-il affirmer sur le plateau de Cnews. Comme s’il se réjouissait de la situation ubuesque dans laquelle il se trouve.
A moins que cette « fuite » de l’islamiste qui fait aujourd’hui l’objet d’un mandat d’arrêt européen ait été voulue et peut-être même organisée. Une enquête de Médiapart nous apprend que Darmanin connait Hassan Iquioussen depuis 2014. Cette année-là le futur ministre de l’Intérieur qui brigue le fauteuil de maire de Tourcoing a besoin du soutien de la communauté musulmane pour espérer l’emporter. Il organise donc un grand dîner qui rassemble les représentants de cette communauté très nombreuse dans le nord de la France. Iquioussen garde un bon souvenir de ce diner. « On a passé une très belle soirée. C’était très positif. On s’est mis d’accord sur 99,9% des sujets de conversation » assure le prédicateur à Médiapart. Certes s’il faut toujours prendre avec des pincettes les propos d’un tel personnage familier du double langage, il est néanmoins surprenant que Darmanin n’ait pas souhaité réagir à ces propos.
Incompétent ou menteur ? Les deux à la fois sans doute pour ce ministre qui avait, immédiatement, rejeté la responsabilité des graves incidents survenus au stade de France le 28 mai dernier lors de la finale de la ligue des champions sur les supporters anglais munis ou pas de faux billets… sans jamais évoquer les agressions souvent violentes commises ce soir-là par la racaille venue des cités voisines. Il faudra un rapport de la commission d’enquête sénatoriale pour rétablir les faits.
Que l’on ne s’étonne pas que les Français qui n’ont plus confiance dans leurs gouvernants s’inquiètent pour leur avenir, notamment en matière de sécurité. Selon un récent sondage de l’Ifop pour le JDD 75% des personnes interrogées estiment le bilan du gouvernement négatif qu’il s’agisse de la lutte contre les rodéos urbains, de la délinquance et de la criminalité ou du maintien de l’ordre au quotidien. Un niveau encore jamais atteint !