Ah que la République est bonne fille avec nos anciens présidents !

On savait qu’ils nous coûtaient cher. Mais combien ? En janvier 2015, le député René Dosière avait évalué à 6, 2 millions d’euros par an le coût total des dépenses de nos trois anciens présidents de la République. En fait il était loin du compte!

L’infatigable pourfendeur des dépenses publiques vient en effet de réviser à la hausse ses évaluations. Selon ses nouveaux calculs la France dépenserait la bagatelle de 9,6 millions d’euros pour ses trois anciens présidents. Chacun d’eux disposant d’un appartement de fonction meublé avec deux personnes à disposition, de deux policiers pour la protection rapprochée, d’une voiture de fonction avec deux chauffeurs et de sept collaborateurs permanents.

C’est à la suite d’une question écrite posée au ministre de l’intérieur dont il a attendu la réponse pendant dix-sept mois que René Dosière apporte des précisions. C’est Valéry Giscard d’Estaing qui nous revient le plus cher avec un coût total de 3,9 millions d’euros par an (2,5 pour la protection, 1,1 en personnel, 0,3 en fonctionnement). La surveillance de sa propriété d’Authon (Loir-et-Cher) par les gendarmes revenant à elle seule à 1,3 million d’euros. Nicolas Sarkozy est en deuxième position avec un coût de 3,3 million d’euros (1,8 pour la protection, 1,2 en personnel, 0,3 en fonctionnement). Jacques Chirac arrivant troisième avec 2,4 millions d’euros (1,3 pour la protection, 0,9 en personnel, 0,2 en fonctionnement). Cette différence avec les deux autres anciens présidents s’expliquant par le fait que son domicile personnel n’est plus surveillé depuis juillet 2010. Par contre son château de Bity en Corrèze est toujours gardé par les gendarmes pour un coût de 502 407 euros.

Des économies substantielles à réaliser

Des retraites-chapeau qui coûtent cher au contribuable et qui paraissent indécentes en cette période où la situation économique et financière de notre pays est catastrophique. Que l’on affecte aux anciens chefs d’Etat deux gardes du corps est parfaitement justifié. Mais pourquoi mettre à leur disposition des logements, du personnel, des collaborateurs et des voitures ? Voilà des économies substantielles à réaliser. D’autant, faut-il le rappeler, que les anciens présidents de la République perçoivent une retraite mensuelle de 6000 euros auxquels s’ajoutent 12 000 euros comme membres de droit du conseil constitutionnel. Une somme que Valéry Giscard d’Estaing est seul à percevoir.

Ces privilèges dont le statut est réglé sur la seule base d’une lettre personnelle adressée en 1985 par Laurent Fabius, premier ministre, à Valéry Giscard d’Estaing suscite aujourd’hui bien des interrogations. René Dosière a déposé auprès du groupe socialiste dont il est membre, une proposition de résolution pour « clarifier, préciser et limiter les avantages consentis par la Nation à ses anciens présidents ».

François Hollande, lui-même, a demandé au premier président de la Cour des comptes et au vice-président du Conseil d’Etat de lui faire des propositions sur le statut des anciens présidents. Simple posture ? Etant lui-même prochainement concerné, il y a fort à parier que l’actuel locataire de l’Elysée ne touchera pas aux privilèges d’un autre âge dont jouissent ses prédécesseurs.