Voilà 40 ans que l’Etat vient en aide aux banlieues. Les plans se sont succédé. Des milliards ont été investis mais
la situation ne s’est pas améliorée pour autant. Cherchez l’erreur !
Une enveloppe de 48 milliards d’euros d’investissements pour la qualité urbaine. C’est le coût faramineux du futur plan Borloo tel qu’il a été présenté le 6 avril à Dijon devant les maires des grandes villes. Chargé en novembre dernier par Macron d’élaborer un plan de bataille pour les « quartiers populaires », Borloo qui s’était retiré de la vie politique en 2014 pour s’occuper de l’électrification de l’Afrique, s’est collé aussitôt à la tâche.
Il est vrai que l’homme connait bien les banlieues depuis sa nomination en 2002 comme ministre délégué à la ville. La rénovation urbaine et le développement des quartiers difficiles, il sait ce que c’est. C’est même son domaine à lui. La preuve, c’est que depuis son départ du gouvernement en 2010 on n’entendait plus parler de cette fameuse politique de la ville. Les contraintes budgétaires obligeant l’Etat à faire des économies sur tous les chapitres. Mais Borloo, comme Zorro, est arrivé ! Et le voilà qu’il s’apprête à remettre à Macron un rapport sur les banlieues qu’il chiffre à 48 milliards d’euros. Pratiquement le budget de l’Education nationale pour 2017. « Un bing bang » de la politique de la ville comme s’en réjouissent certains qui voient dans ce plan la solution de la dernière chance. Plus sûrement une énième tentative pour maintenir sous perfusion ces « territoires perdus de la République ». Car des plans, Borloo en a fait plus d’un depuis 2003 avec son programme national de rénovation urbaine (PNRU) et la création de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) chargée de distribuer l’argent public. En 15 ans on estime à 48 milliards (plus de 100 milliards en 30 ans) les sommes qui ont été englouties dans ces opérations de démolition-reconstruction d’immeubles, de remise à neuf de logements, de réalisation d’équipements scolaires ou sportifs et d’implantation de commerces de proximité auxquelles s’ajoutent les subventions aux ZUS (zones urbaines sensibles) et à tous les organismes créés pour « réduire les inégalités », favoriser « la mixité sociale », promouvoir « l’égalité des chances », ou lutter contre « les phénomènes d’exclusion et de discrimination ».
Changements de périmètre
Encore qu’il soit difficile de connaitre le montant exact des sommes injectées dans les quartiers tant la politique de la ville touche à tellement de thématiques et intéresse autant de ministères. Ce que pointe d’ailleurs du doigt la Cour des Comptes dans son rapport de 2012 : « L’analyse de l’évolution de ces crédits est rendue difficile par de nombreux changements de périmètre de l’enveloppe d’une année sur l’autre ». Le budget alloué à la politique de la ville fluctue aussi en fonction des événements de l’actualité. « A chaque fois que des problèmes éclatent dans ces quartiers c’est la même rengaine. L’Etat tente d’acheter la paix sociale en sortant son carnet de chèques » souligne Contribuables associés (18/12/2015).
Des milliards d’euros dépensés sans que la situation des quartiers s’améliore. Et pour cause ! Redessiner les cités et en faire des lieux de vie agréables ne sert à rien si on laisse les petits caïds poursuivre leurs trafics, et les islamistes imposer leur loi en cultivant la haine de la France. Or en 15 ans rien n’a été fait dans ce domaine. Le quotidien des habitants n’a pas évolué et les banlieues ont conservé leur mauvaise image. On a changé le contenant, pas le contenu et le mal a continué à se développer et à gagner de nouveaux territoires. En 2002 le plan de rénovation urbaine concernait un peu plus de 200 quartiers « sensibles ou en difficulté ». En 2014 la politique de la ville englobait 1 500 quartiers dont 1 300 situés en métropole. Elle touchait 702 communes regroupant plus de 5 millions d’habitants. Jusqu’où ira-t-on ? Combien de dizaines de milliards l’Etat va-t-il continuer à engloutir en pure perte ?
Détournement de fonds
Car cet argent pris sur l’impôt des Français fait cruellement défaut à notre économie nationale. Et ce sont les plus modestes qui en sont, comme toujours, les victimes. L’essentiel des ressources de l’ANRU provient en effet des caisses d’Action logement (ex 1% logement). Un véritable détournement de fonds qui fait l’objet de critiques récurrentes. Où ira-t-on chercher les dizaines de milliards que réclame Borloo alors que les besoins de financement se font sentir dans de nombreux domaines, que l’Etat a baissé ses dotations aux collectivités locales, supprimé les emplois aidés et baissé les APL de 5 euros afin de réduire le déficit public et passer sous la barre des 3% du PIB ? Comment peut-on se montrer aussi irréaliste-ou provocateur-quand on a occupé des postes ministériels importants, dont celui de l’économie et des finances dans le gouvernement Fillon en 2007, même si on n’y est resté qu’un mois ? Mais sans doute pour lui, l’essentiel est-il dans sa popularité auprès des maires des grandes villes qui le considèrent comme le messie. Au-delà c’est la trace qu’il voudrait laisser dans l’Histoire, lui qui, sans modestie aucune, a osé la comparaison avec le baron Haussmann. « L’ANRU c’est le plus grand chantier de notre Histoire, quinze fois le baron Haussmann ! » s’est enorgueilli un jour l’ancien ministre de la ville. Minable !