Qu’y-a-t-il de commun entre Eric Dupont-Moretti, Pap Ndiaye et Bruno Le maire ? Cherchez bien ! Vous ne savez pas ?
Ces trois membres du gouvernement d’Elisabeth Borne ont en commun d’avoir proclamé haut et fort leur hostilité pour ne pas dire leur haine du Rassemblement national.
A croire d’ailleurs que l’anti-lepenisme est le premier critère de sélection de Macron dans le choix de ses ministres. Peut-être le plus important. Car comment comprendre la nomination au ministère de l’Education nationale de ce Pap Ndiaye, un universitaire peu connu du grand public dont les écrits montrent sa sensibilité aux pensées racialistes des mouvements indigénistes ? « Il n’y a pas de compromission a avoir avec le Rassemblement national. C’est ma boussole politique » a déclaré au Parisien le successeur de Jean-Michel Blanquer. Tout un programme !
Alors que devrait être mis en place un véritable plan Marshall pour sauver l’Education nationale qui malgré les réformes coûteuses mises en place par les ministres successifs ne remplit pas sa mission d’accès de chacun aux savoirs. Alors que les enseignants déplorent le déclin de l’orthographe et la faiblesse de la culture générale de leurs élèves-comme le constatait déjà une étude publiée en 2016 par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), service statistique de l’Education nationale qui soulignait que « le niveau d’orthographe des élèves français ne cesse de chuter depuis une trentaine d’années » – Pap Ndiaye n’a d’autre préoccupation que « le bien-être des élèves » d’après ses déclarations au Parisien. On est loin, avec lui de l’école du savoir et du mérite. Si le bien-être des élèves est une des conditions de la réussite scolaire elle n’est pas la plus importante. On comprend qu’avec cet historien « spécialiste des minorités » qui jusqu’à sa récente nomination dirigeait le musée de l’histoire de l’immigration au palais de la porte dorée, le niveau scolaire n’est pas prêt de remonter.
Militant antiraciste
Rien d’ailleurs dans ses états de service ne prédisposait Pap Ndiaye à occuper le prestigieux poste de ministre de l’Education nationale. Né d’une mère française et d’un père Sénégalais il est sur un plan idéologique à l’opposé de son prédécesseur qui considérait que « le wokisme est un danger pour l’université française ». Ndiaye « fait partie de ceux qui sont persuadés que l’on peut trouver un compromis entre la ligne woke et la ligne républicaine » rapporte le Point. Un « en même temps » en quelque sorte qui en dit long sur l’ambigüité du personnage. Son passé de militant antiraciste, ses accointances avec le CRAN (conseil représentatif des associations noires) dont il a été l’un des fondateurs en 2015, sa proximité avec les indigénistes auraient dû être des raisons suffisantes pour écarter sa candidature. Pas pour Macron ce déconstructeur de l’identité française qui recherchait ce genre de profil biberonné au multiculturalisme.
Le nouveau ministre a-t-il reçu pour mission de solder l’héritage de Blanquer qui avait fait de la laïcité un pilier de son action politique ? On peut se poser la question ! La laïcité n’est pas la préoccupation première de Pap Ndiaye, semble-t-il. Curieusement il n’en a jamais parlé publiquement. Ce qui est pour le moins inquiétant alors que les atteintes à la laïcité à l’école sont en augmentation. « Pour nous c’est quand même un coup dur. Mélenchon aurait gagné que çà ne ferait pas une grande différence » lâche un membre du conseil des sages mis en place par le précédent ministre de l’Education nationale. D’ailleurs le leader de la France insoumise n’a pas manqué de saluer « l’audace » de la nomination « d’un grand intellectuel ». C’est dire !
Pap Ndiaye rejoint ainsi un gouvernement où il ne se sentira pas isolé idéologiquement. Il pourra compter sur Eric Dupont-Moretti qui le 7 juillet 2020, au lendemain de sa nomination comme garde des Sceaux, ministre de la Justice promettait de faire de son ministère « celui de l’antiracisme et des droits de l’homme ». Etonnante déclaration pour un ministre régalien qui sera acclamé par les détenus lors de sa visite de la prison de Fresnes. On ne choisit pas ses supporters !
Animal politique
Mais sous l’ancien avocat, ténor du barreau, qui avait juré ses grands dieux qu’il ne serait jamais ministre de la Justice, sommeillait l’animal politique.
Après s’être fait une douce violence en acceptant l’offre de Macron d’entrer au gouvernement, en juillet 2020, il présentait sa candidature aux élections régionales comme tête de liste pour la majorité présidentielle dans le Pas-de-Calais, son département d’origine. Une campagne entièrement dirigée contre le Rassemblement national dont il disait qu’il était « un véritable danger pour la démocratie ». D’ailleurs ne se faisait-il pas fort de le « virer » des Hauts-de-France. « Je ne suis pas venu chasser sur les terres du FN, mais chasser le FN de ces terres » répétait-il à l’envi. Hélas pour lui, son éloquence n’aura pas suffi à convaincre les électeurs. Sa liste ne recueillait que 8,7% des suffrages. Le plus mauvais score de tous les ministres. Même à Cousoldre, le village où il a grandi, le vote RN l’avait emporté. Nul n’est prophète en son pays !
Le cas de Bruno Le Maire est un peu différent. Ce transfuge des Républicains qui a rejoint Macron en septembre 2017 après l’échec de François Fillon à la présidentielle n’a pas manqué de culot lorsqu’il a retourné sa veste. Après avoir publiquement dénoncé durant la campagne Macron comme « l’homme sans projet » qui porte « une idéologie qui a planté la France », il n’a pas hésité à lui faire des offres de service sitôt après son élection. Le nouveau président qui cherchait à gagner le soutien de la droite ne lui en a pas tenu rigueur. Le Maire sera nommé ministre de l’Economie, puis ministre de l’Economie et des Finances durant le premier quinquennat de Macron, enfin ministre de l’Economie, des Finances et de la relance de la France dans le nouveau gouvernement d’Elisabeth Borne dont il est le numéro 2. Une manière de récompenser un dévoué et fidèle collaborateur de la Macronie qui a en plus l’avantage, non négligeable aux yeux de l’Elysée, d’être un adversaire acharné du Rassemblement national. Dès mai 2012 alors qu’il était candidat aux législatives dans l’Eure il déclarait : « Il n’y aura ni accord, ni compromis, ni discussion avec le FN ». Dix ans plus tard, lors des dernières législatives il est tout aussi catégorique : « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national ». Mais lui non plus n’a pas été suivi par les électeurs.