Cette « droite Bling bling » qui a tué la droite des valeurs

L’effondrement de la droite aux dernières élections européennes se produit alors que deux de ses éminents représentants Nicolas Sarkozy et Patrick Balkany sont poursuivis devant le tribunal correctionnel.« Il n’y a plus de droite en France » aurait dit l’ancien président de la République après le désastreux résultat de la liste LR. Un constat implacable, mais réaliste. Celui du médecin appelé au chevet d’un malade et qui constate son décès. Sauf que Nicolas Sarkozy a aussi sa part de responsabilité dans ce funèbre constat. Lui qui, aux dernières élections présidentielles, se présentait encore comme le sauveur, avant d’être éliminé dès le premier tour de la primaire, ne se pose apparemment pas la question.

Il n’est pas le seul, certes ! Tous les dirigeants de l’UMP devenue LR sont collectivement responsables du désastre politique du 26 mai, aboutissement de dix années de déchirements internes à la droite française. L’histoire retiendra le nom du plus emblématique d’entre eux, François Fillon. Comment celui qui était donné comme le vainqueur probable de l’élection présidentielle de 2017, s’est-il retrouvé trois mois plus tard mis en examen pour « détournement de fonds publics » et « complicité et recel de détournement de fonds publics » ? Comment expliquer le fiasco d’une campagne placée sous le signe de la probité et de l’exemplarité et qui ne fut qu’une suite ininterrompue de maladresses, de mensonges et de décisions aberrantes du candidat.

Une campagne calamiteuse qui a donné lieu à une spectaculaire sortie de route pour ce passionné de F1. Un désastre qui a provoqué un traumatisme collectif et durable pour le peuple de droite et la perte de confiance dans ses dirigeants.

Tous responsables, aucun coupable ! Tous sauf François-Xavier Bellamy, le jeune philosophe aux positions conservatrices, le défenseur des valeurs de notre civilisation et de nos racines chrétiennes. C’est lui qui présentera des « excuses » publiques le soir des élections et demandera « pardon » le lendemain devant le bureau politique du parti. Comme s’il avait une quelconque responsabilité dans l’échec sans précédent que venait de subir la droite ! Comme si c’était de sa faute s’il n’avait pas réussi à convaincre les électeurs de voter pour la liste LR!

Image de respectabilité

Pourtant, celui que Les Républicains avaient choisi comme figure de proue-en dépit d’un déficit certain de notoriété-est loin d’avoir démérité. Bien au contraire, il a fait ce qu’il a pu pour tenter de redonner une image de respectabilité à un parti vermoulu, miné depuis des années par des divisions, des luttes de clans ponctuées de petites phrases assassines, de puériles querelles d’égo sur fond de magouilles et d’affaires politico-financières dont l’actualité se fait régulièrement l’écho.

Hasard du calendrier, alors que le tribunal correctionnel de Paris juge Patrick Balkany, contre lequel le procureur de la République a requis quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale, et que l’inamovible maire de Levallois-Perret est poursuivi dans un second volet pour blanchiment de fraude fiscale, corruption et prise illégale d’intérêt, on apprend que son ami de longue date l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy sera jugé pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite « des écoutes téléphoniques ». Un des onze dossiers politico-judiciaires dans lesquels est cité le nom de l’ancien chef de l’Etat et l’un des trois pour lesquels il est mis en examen.

Sarkozy et Balkany, deux représentants de cette droite issue des beaux quartiers des Hauts-de Seine qui aime afficher ostensiblement ses signes extérieurs de richesse avec montres et lunettes de soleil de grandes marques, se montrer dans les restaurants chics et partir en croisière sur des yachts de luxe.

Une « droite bling bling » déconnectée de la réalité qui n’avait rien à envier à cette « gauche caviar » qu’elle ne se privait pourtant pas de moquer et de critiquer. L’une comme l’autre ont vu leurs électeurs se détacher d’elles progressivement. Nombreux sont ceux qui se sont réfugiés dans l’abstention. Les autres ont partagé leurs voix entre les écologistes, La République en marche, et le Rassemblement national.

Macron est-il pour autant au-dessus de tout soupçon dans ce domaine ? Celui qui se veut être « et de droite et de gauche » est incontestablement habité par le goût de l’argent, du luxe, de l’apparat. Il est très attaché au cérémonial et se complait dans les fastes d’un pouvoir quasi-monarchique. Perçu comme le « président des riches », voire des « ultra-riches » l’ancien banquier d’affaires de chez Rothschild ne fait aucun effort pour corriger cette image qui lui colle à la peau. Au contraire il semble même s’en accommoder parfaitement avec ses petites phrases qui passent mal dans l’opinion publique et le rendent si impopulaire.

En moissonnant tant à gauche qu’à droite il a ringardisé tant « la droite bling bling » que « la gauche caviar ». Il se sent désormais maître du jeu et a les coudées franches pour entamer l’acte II de son quinquennat. Le succès est certes un stimulant, mais il peut aussi griser. Dans son Journal Stendhal nous met en garde : « Le succès est un mauvais professeur. Il pousse les gens intelligents à croire qu’ils sont infaillibles ». Une citation que Macron devrait inscrire en lettres d’or au dessus de son portrait officiel.