Cette guerre d’Algérie qui ranime des passions toujours vives

Il a suffi de quelques mots prononcés à la tribune de l’assemblée nationale par le député RN José Gonzalez pour enflammer les rangs de l’extrême gauche. Faut-il s’en étonner ?

« J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie.». La voix nouée par l’émotion José Gonzalez s’arrête. Trop de souvenirs douloureux lui reviennent à l’esprit. « Excusez moi, je pense à mes amis » dit-il. Lui, le Pied-noir d’Oran « arraché à sa terre natale et drossé sur les côtes provençales par le vent de l’histoire » ne peut oublier son enfance et sa jeunesse en Algérie. Soixante ans après l’exode les plaies ouvertes par les huit années de cette guerre atroce ne sont pas cicatrisées. Le seront-elles un jour ? On peut en douter !

La violence des réactions suscitées à l’extrême gauche par les propos de José Gonzalez est proprement hallucinante. Ils sont jugés « infamants, injurieux et révisionnistes sur l’Algérie française » par Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI. Sandrine Rousseau (EELV) se dit « très choquée ». Il est des circonstances où il faut respecter la douleur de ceux qui ont souffert, parfois dans leur chair, lorsqu’on est un être humain. A défaut d’être dans la compassion au moins peut-on s’abstenir de commentaires déplacés. Mais est-ce trop demander à ceux qui ont une vision partisane de l’Algérie française ? « Nous défendrons un projet de république qui n’est pas nostalgique de la colonisation » précise-t-elle avant d’ajouter « nous saluerons les résistants et les indépendantistes algériens ». Rien que çà ! Ces députés islamo-gauchistes sont bien les successeurs des porteurs de valise du FLN. Ils sont les visages de l’anti-France !

Préjugés idéologiques

A quoi bon leur rappeler que l’Algérie n’existait pas avant la France. Que c’est la France qui a construit l’Algérie pour en faire un pays moderne. « La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a fondé » reconnaîtra Ferhat Abbas, ancien président du gouvernement provisoire de la république algérienne. Ce sont des réalités que nos révisionnistes d’extrême gauche ne veulent pas voir car elles vont à l’encontre de leurs préjugés idéologiques. Enfermés dans leurs certitudes ils sont convaincus que l’histoire de l’Algérie est inscrite en noir et blanc avec d’un côté les vilains colons et de l’autre les malheureux exploités. Une vision très marxisante qui ne reflète en rien la réalité. Les colons n’ont jamais dépassé le nombre de 12 000 dont 300 étaient riches et une dizaine très riches. Ils représentaient un total de 45 000 personnes, soit 3,75 % de la population européenne. On est loin des caricatures de propagande faisant passer les Pieds-Noirs pour de riches colons qui « faisaient suer le burnous » des musulmans. Qu’importe pour les islamo-gauchistes ces images n’ont rien perdu de leur actualité !

En prenant la parole à la tribune de l’Assemblée nationale, José Gonzales a jeté un pavé dans la mare. Son témoignage personnel par sa sincérité a touché le cœur de nombre de députés qui l’ont applaudi. Le message qu’il a ensuite fait passer aux journalistes a dû bousculer bien des certitudes. « Venez avec moi, je vous emmène dans le djebel. Des gens qui n’ont pas connu la France et qui me disent : Monsieur quand est-ce que vous revenez ? ». Une phrase que les Pieds-Noirs en pélerinage sur les lieux où ils ont vécu ont souvent entendue. Nostalgie d’une époque où tout semblait possible avant qu’un vent mauvais ne vienne tout balayer. « Du temps de la France l’Algérie c’était le paradis » lâcha un jour Hocine Ait Ahmed, l’un des neuf chefs historiques de la rébellion de 1954. Une petite phrase qui mérite réflexion en ce jour où l’Algérie fête le 60e anniversaire de son indépendance et où l’on commémore en France le souvenir des massacres d’Oran où plusieurs centaines d’Européens, ainsi que de musulmans pro-français ont été exécutés à bout portant par des hommes de l’Armée de Libération nationale (ALN) tandis que l’Armée française avait reçu l’ordre de ne pas intervenir.
Ces événements tragiques, longtemps occultés, ont été officiellement reconnus le 22 janvier dernier par le président de la République qui a témoigné de la « reconnaissance » de la France envers les Rapatriés. Un geste d’apaisement pour une communauté meurtrie. Un hommage à l’œuvre accomplie par les Français d’Algérie… après une si longue attente !