Que vaut la parole des hommes politiques ? Quelle valeur accorder à leurs engagements ? Quelle crédibilité prêter à leurs propos ? L’actualité nous fournit l’occasion de réfléchir à ces questions qui sont essentielles au bon fonctionnement d’une démocratie. Pour choisir en toute connaissance de cause, l’électeur doit avoir confiance dans son candidat et dans le programme qu’il défend publiquement. Or, si ce dernier change d’avis pour prendre l’exact contre-pied de ses déclarations passées, le citoyen est troublé et décontenancé. Il ressent ce reniement comme une véritable trahison. Ce qui explique, sans doute, la défiance et le discrédit de la classe politique, comme l’a encore montré la récente enquête menée en décembre par le Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences-po.
Des exemples ? On en trouvera aussi bien à gauche qu’à droite. Et au niveau le plus élevé de l’Etat. Prenons l’affaire de la déchéance de la nationalité dont le principe est défendu aujourd’hui bec et ongles par François Hollande. Que ne disait-il de cette idée lorsqu’elle avait été lancée par son prédécesseur dans son discours de Grenoble en juillet 2010 ? A l’époque député d’opposition et maire de Tulle, Hollande jugeait l’extension de la déchéance « attentatoire à ce qu’est finalement la tradition républicaine et en aucune façon protecteur pour les citoyens ». Et de s’interroger avec des arguments qui lui sont aujourd’hui renvoyés par ses adversaires dans son propre camp : « Est-ce que c’est conforme à notre histoire, à nos traditions, notre constitution, quand on sait que depuis 1889, la nationalité française s’exerce par la naissance et s’acquiert par mariage au bout de quelques années après contrôle ? ». C’était aussi le discours que tenait à l’époque Manuel Valls.
Changer de discours en fonction du public
Nicolas Sarkozy, lui, a bien du mal à se situer par rapport au mariage homosexuel. Il y était opposé dans son programme présidentiel de 2012. Il se prononça ensuite pour l’abrogation de la loi Taubira instituant le mariage pour tous. S’exprimant en novembre 2014 lors d’un meeting rassemblant des partisans de la manif pour tous n’avait-il pas déclaré : « Cà ne sert à rien de dire qu’on est contre la GPA et la PMA si on n’abroge pas la loi Taubira » ? Or, dans le livre « La France pour la vie » qu’il vient de publier, le patron des Républicains change totalement de discours. Plus question de réécrire la loi Taubira comme il s’y était engagé, encore moins de l’abroger. Au grand désespoir de ceux qui avaient cru qu’il exprimait une conviction, l’ancien président de la république tente d’expliquer : « Il ne saurait être question de démarier les mariés, ce serait injuste, cruel et en outre juridiquement impossible » écrit-il justifiant, son changement de position par « l’état de tension et de division de la société ».
Un homme politique peut-il changer de discours en fonction de son public ? Telle est la question subsidiaire qui se pose à travers ces prises de position contradictoires. Car le patron des Républicains, comme l’actuel président de la république ont les yeux tournés vers un seul objectif : la présidentielle de 2017. Un rendez-vous capital avec l’Histoire à ne pas manquer !
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