Macron est président de la République. Il n’est pas pour autant un chef d’État. Un État se définit par ses fonctions régaliennes. Un domaine que le locataire actuel de l’Elysée a totalement négligé et qui se rappelle à lui aujourd’hui avec véhémence.
C’est par le biais de tribunes parues dans la presse que l’État régalien a secoué un pouvoir incapable d’assurer aux Français la sécurité qui est la première des libertés. Une mise en garde de généraux à la retraite relayée quelques jours après par des militaires d’active de tout rang qui dénoncent le « délitement » de la nation et le risque de guerre civile qui pourrait en découler. Des signaux d’alerte largement soutenus par une opinion publique exaspérée d’assister à la décomposition de la nation conséquence de la déliquescence des fonctions régaliennes de l’État.
Un sérieux malaise que ressentent également les policiers retraités, tous grades confondus, qui l’ont exprimé à leur tour publiquement dans une tribune signée par prés d’une centaine d’entre eux. Bien loin de prendre en compte ces avertissements lancés par de fidèles serviteurs de l’État attachés à la défense des valeurs républicaines, le pouvoir macronien en a pris ombrage en tentant d’en discréditer les auteurs, ajoutant le ridicule à l’humiliation. « Au delà des armées le quinquennat d’Emmanuel Macron débouche ainsi sur une crise de l’État régalien, écrit l’éditorialiste Nicolas Baverez (Le Point du 20 mai 2021). L’État a perdu non seulement le contrôle de l’ordre public mais le monopole de l’exercice de la violence légitime face à la conjonction des menaces issues des démocratures, du terrorisme islamiste, de l’explosion des agressions, des violences urbaines et des braises toujours chaudes du mouvement des Gilets jaunes ».
Comment en est-on arrivé là ? Certes il serait injuste de faire porter au seul quinquennat d’Emmanuel Macron la responsabilité de la situation dramatique actuelle. Ses prédécesseurs, François Hollande notamment, ont aussi leur part dans le déclin et la perte de crédit de notre pays en Europe et dans le monde. Mais l’actuel locataire de l’Elysée a largement contribué à accélérer le processus de décadence en ne prenant pas immédiatement les mesures qui s’imposaient pour redonner aux ministères de l’Intérieur, des Armées et de la Justice, les moyens matériels et financiers pour exercer pleinement leur mission au profit des citoyens-contribuables. On se souvient que c’est précisément sur la question des crédits alloués au ministère des armées que le général de Villiers, alors chef d’Etat-major des armées, s’était vu contraint de démissionner de son poste le 19 juillet 2017 quelques jours après avoir été humilié publiquement par le président de la République.
Il peut aussi être reproché au président jupitérien d’avoir confié les portefeuilles régaliens à des ministres sans compétence, ni envergure politique, ni perspectives. Pire, pour satisfaire une certaine gauche, il a cru judicieux de nommer au ministère de la Justice Eric Dupont-Moretti. Converti au macronisme, l’ancien ténor du barreau s’est donné pour objectif de chasser le Rassemblement national des terres du Nord au lieu de mener la vie dure aux trafiquants de drogue. Un drôle de garde des Sceaux qui affirme qu’en France il n’existe pas de problème de sécurité mais seulement un sentiment d’insécurité. Un fantasme sans doute entretenu par le Rassemblement national ! Rien d’étonnant à ce qu’il se soit fait copieusement huer par les milliers de policiers réunis le 19 mai dernier devant l’Assemblée nationale pour rendre hommage à leur collègue Eric Masson, tué à Avignon par un trafiquant de drogue !
Macron, le président qui veut « déconstruire l’histoire de France » restera surtout dans l’Histoire comme celui qui a le plus démoli la France par son incompétence. L’épidémie de Covid-19 a révélé l’incapacité de l’exécutif à anticiper la crise. Par ses décisions incompréhensibles et ses revirements successifs il a montré son inaptitude à la gérer, contribuant ainsi à faire chuter encore davantage la confiance des Français dans la parole publique. Soumis à rude épreuve par cette gestion chaotique de la crise sanitaire, le corps préfectoral, dernier symbole de l’État et gardien de l’ordre public sur le territoire national a appris qu’il était condamné à disparaître. Après avoir supprimé l’ENA Macron a annoncé la disparition cette institution héritée de Napoléon 1er. Tout un symbole au moment où l’on célèbre le bicentenaire de la mort de l’Empereur des Français !