C’est curieux comme le mot colonisation continue à susciter des réactions épidermiques chez certains. Sa seule évocation les rend carrément hystériques.
Dernier exemple en date, le tonitruant communiqué que le CRAN a publié le 1er mars à la suite d’un exercice donné à des élèves de CM2 dans une école de Saint-Herblain (Loire-Atlantique). Le Conseil représentatif des associations noires y dénonce « une propagande coloniale tout à fait insupportable, à fortiori dans l’Education nationale avec des élèves du primaire ».
De quoi s’agit-il ? L’histoire de la colonisation fait partie du programme des cours enseignés en classe de CM2. Comme le souligne le rectorat de l’Académie de Nantes en réponse au CRAN la colonisation a fait l’objet de plusieurs séances pour cette classe « en insistant sur les aspects négatifs autour de la domination, la privation de libertés, l’emprise territoriale ». Les enfants ont aussi participé à une sortie scolaire au mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes.
L’exercice qu’ils doivent faire porte sur « les aspects positifs de la colonisation ». Ils doivent compléter les mots manquants dans ce texte : « D’abord les colons ont apporté l’instruction et une langue commune à des peuples qui vivaient sur le même territoire mais avec des langues différentes et donc ne se comprenaient pas forcément. De plus ils ont apporté les soins médicaux et ont limité les morts d’enfants et d’adultes. Enfin ils ont développé des trains et des routes, facilitant le transport des hommes et des marchandises ».
Pas de quoi fouetter un chat ! Mais pour les ayatollahs de la pensée unique, ceux qui détiennent un magistère moral et se donnent le droit de dénoncer et de censurer tout ce qui s’écrit dans notre pays l’occasion est trop belle. « Au début j’ai cru que c’était une blague… » s’insurge auprès de l’AFP Ghyslain Védeux qui dirige le CRAN depuis l’année dernière. Ce coach sportif de 35 ans exige aussitôt des explications du rectorat. Et se montre même directif envers le ministre de l’Education nationale : « La mise en place d’actions de formation pour les enseignants et futurs enseignants est urgente et des sanctions doivent aussi être appliquées à celles et ceux qui continuent à promouvoir ce crime contre l’humanité ».
Aveuglement idéologique
Crime contre l’humanité ! Tiens donc ! N’est-ce pas l’expression qu’avait employée Emmanuel Macron en Algérie alors qu’il était en campagne pour les élections présidentielles ? Voilà qu’elle ressort aujourd’hui sur un mode comminatoire dans les propos du responsable de ce mouvement communautariste qui se définit comme anticolonialiste. Pur hasard ?
On reste confondu devant un jugement aussi catégorique. On hésite entre l’ignorance historique et l’aveuglement idéologique sans oublier la volonté de créer le buzz pour une fédération d’associations dont l’influence est inversement proportionnelle au nombre de ses adhérents. On se souvient de la campagne lancée par le CRAN en 2017 pour faire débaptiser les collèges et lycées portant le nom de Colbert, et même de déboulonner les statues de l’ancien contrôleur général des Finances de Louis XIV coupable d’être à l’origine de la législation sur l’esclavage.
A ceux qui veulent réécrire l’Histoire, notre Histoire, celle de la France il est bon de rappeler que l’entreprise coloniale, encouragée au 19e siècle par un certain Jules Ferry qui assigne comme devoir aux « races supérieures de civiliser les races inférieures » (discours du 28 juillet 1885) a permis de construire en Afrique des routes, des hôpitaux, des écoles et des administrations. Médecins et infirmiers ont fait reculer le paludisme, la tuberculose, la bilharziose, la maladie du sommeil et le trachome qui causaient des ravages parmi les populations autochtones.
C’est grâce au travail des chercheurs et des agronomes venus de l’hexagone que les Africains ont pu, à l’époque, manger partout à leur faim. C’est aussi la France qui a ramené la paix dans ces pays ou les ethnies s’entre-déchiraient avant son arrivée. C’est enfin la colonisation de l’Afrique qui a permis de mettre un terme aux activités des esclavagistes musulmans qui pratiquaient depuis des siècles la traite négrière de la boucle du Niger à la mer Rouge et du Soudan au Mozambique.
C’est en Algérie -qui rappelons- le n’était pas une colonie, mais faisait partie intégrante du territoire français-que l’action de la colonisation a été la plus déterminante. Et l’on pourrait remplir des livres avec les témoignages émouvants de ceux qui ont rendu hommage à l’action de notre pays. Contentons-nous d’en citer quelques-uns. Augustin-Belkacem Ibazizen, premier bâtonnier Kabyle en 1937 : « La scolarisation française en Algérie a fait faire aux Arabes un bond de 1000 ans ». Le pharmacien Ferhat Abbas, président du GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) qui sera le premier président de l’Algérie indépendante : « L’œuvre de la France est admirable. Si elle était restée vingt ans de plus elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen ». C’est aussi lui qui déclara : « La France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a fondée ».
Enfin quelle plus belle reconnaissance du rôle positif de la colonisation que celle d’Hocine Ait Ahmed, l’un des chefs historiques du FLN qui mena la guerre d’indépendance contre la France. Après avoir rendu hommage aux Pieds-Noirs, l’opposant qui était exilé en Suisse à la fin de sa vie lâcha cette phrase :« Du temps de la France, l’Algérie c’était le paradis ».
Des témoignages que la propagande négationniste qui voudrait réécrire l’Histoire feint aujourd’hui d’ignorer par fanatisme idéologique.