Comment l’Etat gaspille l’argent des Francais ?

Dans un pays financièrement exsangue, alors que les Français se serrent la ceinture, l’Etat continue à jeter notre argent par les fenêtres.

Le phénomène n’est pas nouveau mais il s’est encore accéléré avec Macron. Le rapport annuel de la Cour des comptes pour 2022 récemment publié alerte sur la nécessité d’un « effort sans précédent » pour maîtriser les dépenses publiques et redresser les comptes de la France. S’il est vrai que la crise sanitaire a eu un impact certain sur nos finances, le rapport pointe un déficit structurel durablement dégradé qui place la France dans le peloton de queue des élèves de la zone euro. Le « quoi qu’il en coûte » macronien a coûté cher aux finances publiques même s’il a permis de sauver des emplois. Les magistrats financiers jugent nécessaire de revenir à la rigueur budgétaire d’ici 2027 afin de ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB. Un principe acté lors du traité de Maastricht en 1992 qui a été fort peu respecté entre 2008 et 2017 avec un record en 2020 où le déficit a atteint 11,3%.

Dans son livre Les Voraces sous titré « Les élites et l’argent sous Macron » le journaliste Vincent Jauvert dénonce la dérive de la haute fonction publique. Exemples à l’appui il explique que jamais les élites qui dirigent le pays depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir n’ont été aussi riches et autant obnubilées par l’argent.
C’est encore d’argent qu’il est question ces jours-ci avec le rapport de la commission d’enquête du Sénat qui s’est intéressée à l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques. Dans le viseur des sénateurs le cabinet américain Mc Kinsey, auquel le gouvernement fait régulièrement appel à travers ses deux filiales françaises. Le document qui a nécessité plusieurs mois de travail avec l’audition sous serment de 47 personnes et la consultation après réquisition de 7300 documents mérite qu’on s’y arrête. En cette période d’élections présidentielles on en apprend de belles sur les pratiques de ceux qui nous gouvernent.

Projet abandonné

On découvre ainsi que l’argent du contribuable a servi à rémunérer des études sur des dossiers qui n’ont pas abouti. Ainsi, en vue de la réforme des retraites prévue par le gouvernement, la CNAV (caisse nationale d’assurance Vieillesse) a-t-elle lancé une étude sur sa transformation future. Mais le projet de réforme du système universel a été abandonné par le gouvernement en novembre 2021. Coût de l’opération, 920 000 euros.
Une autre étude commandée par la DTIP(direction interministérielle de la transformation publique) sur le métier d’enseignant a fait chou blanc. Cette compilation de travaux scientifiques et de graphiques réalisée à partir de données publiques de l’OCDE est restée dans un tiroir. Le colloque de l’Unesco prévu en mars 2020 a été annulé pour cause de Covid. Une aubaine, car de l’aveu même de l’Education nationale, à la lecture du rapport très incomplet «Il n’est pas possible de déterminer les conséquences directes » de l’étude réalisée par Mc Kinsey. Un flop à 496 800 euros tout de même !

On pourrait encore parler de la mission confiée à ce même cabinet sur la réforme des APL prévue pour une période de trois semaines, mais qui par suite de nombreux retards provoqués par des problèmes de carence informatique du système s’est prolongée dans le temps. Le budget initialement prévu a évidemment explosé pour atteindre au final les quatre millions d’euros. La réforme qui devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2019 n’entrera en application que deux ans plus tard.
Une autre étude confiée encore à Mc Kinsey sur « les systèmes de paiement en santé à travers le monde » a coûté 670 000 euros au contribuable français.
Le rapport sénatorial note que les ministères qui avaient dépensé 379,1 millions d’euros auprès des cabinets de conseil en 2018 ont consommé pour 893,9 millions d’euros en 2021. L’effet « quoi qu’il en coûte » sans doute ! Qu’importe puisqu’il s’agit de l’argent du contribuable !

Un scandale peut en cacher un autre

Mais un scandale peu en cacher un autre quand on apprend que le cabinet Mc Kinsey, dont une enquête du Monde a révélé les liens ténus qu’il entretenait avec Macron depuis des années, n’a versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020 malgré un chiffre d’affaires de 329 millions d’euros en 2020 sur le territoire national. Comment expliquer cela alors que deux sociétés de ce cabinet de conseil international sont immatriculées en France ? « En produisant systématiquement des résultats fiscaux déficitaires depuis 10 ans » explique le sénateur(LR) Arnaud Bazin. La maison-mère facturant des frais de transfert aux filiales françaises pour qu’elles soient exonérées d’impôt en France. C’est ce qu’on appelle de l’optimisation fiscale. Plus grave encore est le mensonge du directeur associé Karim Tadjeddine qui a osé affirmer en janvier dernier lors de son audition au Sénat que Mc Kinsey payait l’impôt sur les sociétés en France. Des paroles prononcées sous serment susceptibles de constituer un faux témoignage devant une commission d’enquête parlementaire. « Le procureur de la République va être saisi. Il reviendra au parquet de poursuivre les investigations » a déclaré Eliane Assassi, rapporteure de la commission. L’intéressé risque cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. L’entreprise « paiera ce qu’elle doit » promet Bruno Le Maire, ministre des Finances. On verra bien !

Au delà de ces scandales qui coûtent chers à la France et au contribuable, une question se pose : pourquoi l’exécutif fait-il appel à des cabinets extérieurs, étrangers de surcroît, pour réaliser des études ? A quoi servent les conseillers des ministères ? Pourquoi cette débauche d’argent public alors qu’on a la fonction publique la plus pléthorique du monde ? Que font les hauts fonctionnaires grassement payés ? Sont-ils des incapables ? Il est indispensable que le président sortant et à nouveau candidat apporte des réponses claires à ces questions.