Où s’arrêtera la folie destructrice des idéologues du nouvel ordre mondial ? Venue des Etats-Unis, la « cancel culture » fait aujourd’hui des ravages en France et en Europe.
Qu’ils soient « décolonialistes », « indigénistes », « racialistes », antifas, adeptes de la « théorie du genre », féministes ou partisans de l’écriture inclusive, ces néo-révisionnistes ont pour point commun de s’attaquer aux fondements mêmes de notre société, de notre culture, de notre civilisation. Une convergence de fait de minorités actives qui contestent l’ordre établi au nom de principes moraux dévoyés. Tout ce qui n’appartient pas au camp du Bien, le leur, doit être dénoncé, banni et voué aux gémonies.
Haro sur l’homme blanc et sur ce qu’il représente. Le mouvement qui a pris naissance aux Etats-Unis a gagné notre pays. Les philosophes sont sommés d’entrer dans le moule du nouveau politiquement correct. Ceux qui s’y refusent sont impitoyablement chassés de l’antenne. Michel Onfray a ainsi été viré de France-culture, tout comme Alain Finkielkraut de LCI. A l’Université aussi, les gardiens de l’ordre moral veillent. Le sociologue Stéphane Dorin s’est vu évincer fin 2018 de son laboratoire de l’université de Limoges après avoir dénoncé « l’emprise des théories racialistes » sur son unité de recherche et « la stratégie d’entrisme des militants décolonialistes dans l’enseignement supérieur ».
Les nouveaux Khmers rouges n’hésitent pas à s’attaquer à des monuments de la culture occidentale. Ainsi la presse anglo-saxonne a-t-elle justifié l’annulation de la majeure partie des célébrations du 250e anniversaire de Beethoven en qualifiant de « trop blanc, trop mâle, trop vieux » le compositeur de La lettre à Elise, de la Cinquième symphonie ou de l’Hymne à la joie qui serait l’emblème d’un monde culturel prônant la suprématie de la race blanche, masculine et conservatrice. L’horreur ! Même chose pour la littérature, où de grands auteurs comme Sade, Heidegger ou Céline sont proprement ignorés par cette intelligentsia qui croit incarner la bonne conscience du monde.
Accents révolutionnaires
Faut-il s’en étonner ? En septembre 2015, alors qu’elle venait d’être élue à la présidence de France télévisions, Delphine Ernotte menaçait : « On a une télévision d’hommes blancs de plus de cinquante ans et çà, il va falloir que cela change ! ». Terribles paroles aux accents révolutionnaires. La machine à couper les têtes est dressée. La chasse à l’homme blanc quinquagénaire est ouverte. Des animateurs connus et appréciés des téléspectateurs comme Julien Lepers, Frédéric Taddei, ou David Pujadas entre autres seront éjectés sans ménagement du service public. D’autres comme William Leymergie ou Georges Pernoud se sentant poussés vers la sortie préféreront prendre les devants en remettant leur démission.
Reconduite dans ses fonctions par le CSA en juillet dernier – une première à France télévisions – la patronne du groupe audiovisuel public persiste et signe. Dans une interview au Monde, le 16 novembre dernier, elle pointe du doigt la « distorsion trop grande entre la réalité et sa représentation actuelle » qu’elle juge insuffisante. « D’après le CSA, les personnes perçues comme « non blanches » représentent 25% de la société française contre 15% à la télé. On a un énorme rattrapage à faire. Ce sera le fil rouge de mon nouveau mandat ».
Pratiquer la discrimination positive. Un principe très controversé en France, rejeté plusieurs fois par le Conseil constitutionnel pour être contraire au principe d’égalité entre les citoyens. Peu importe ! Le soutien que lui manifeste régulièrement Macron encourage la passionaria à poursuivre sa campagne de démolition de l’ancien monde audiovisuel. Elle a d’ailleurs prévenu les producteurs. Les financements n’iront qu’aux projets choisis en fonction de critères moraux, ethniques, politiques ou sociaux. Aux USA on dit « No diversity, no commission, explique-t-elle. On ne fera pas un projet quand la diversité n’est pas représentée ».
Dérive à l’américaine
Une dérive à l’américaine, parfaitement assumée en dépit des critiques de ceux qui lui reprochent de vouloir reproduire le modèle multiculturel américain où la couleur de la peau passe avant le talent. L’Académie des Oscars a ainsi décidé d’inclure des critères de diversité pour être éligible à sa récompense suprême : l’Oscar du meilleur film. A compter de 2024 les réalisateurs de longs métrages auront à faire un choix : soit avoir comme acteur principal ou second rôle une personne issue d’une minorité ethnique sous représentée, soit avoir un casting composé à 30% de personnes issues de groupes sous-représentés : femmes, minorités ethniques, personnes LGBT ou handicapés. Des critères qui s’appliqueront aussi derrière la caméra.
Au rythme où vont les choses le cinéma français qui décerne chaque année ses César pourrait bien lui aussi se voir imposer semblables critères par les nouveaux ayatollahs de la pensée unique. Adieu à la liberté de création, place au casse-tête des quotas ! Le premier à avoir sonné la charge est le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf. Au lendemain du magnifique et traditionnel concert du Nouvel An il s’est indigné du manque de diversité ethnique de l’orchestre de Vienne. Accusation absurde puisque « le concours de recrutement des musiciens des orchestres symphoniques professionnels se fait derrière un paravent » lui a rétorqué la violoniste chinoise Zhang Zhang. Peine perdue, ce n’est pas ce qu’attendaient ceux qui prônent l’ouverture à la diversité. Ils ne veulent pas d’un paravent, ils réclament des quotas !