Les Français découvrent avec effroi que la guerre est une triste réalité qui n’appartient pas seulement au passé. Car c’est aux portes de l’Europe que les chars russes sont entrés en action contre un pays de l’ex-bloc soviétique. Et les combats font rage ! On n’est pas dans un jeu vidéo.
Les tirs de missiles, les explosions que l’on entend dans les reportages à la télévision sont bien réels. L’effroi qui se lit sur les visages des habitants des villes bombardées traduit le cauchemard que vivent chaque jour les ukrainiens confrontés à une tragédie que personne n’avait imaginé.
L’invasion de l’Ukraine ne devait être qu’une simple promenade militaire pour les stratèges de Moscou. Ils avaient juste sous estimé la capacité de résistance d’un peuple bien décidé à défendre le sol sacré de la patrie. Des Ukrainiens meurent en Ukraine pour rester libres. D’autres regagnent leur pays pour se battre au côté de l’armée et de la police. Un peuple s’est levé. La résistance s’organise un peu partout dans le pays.Certains qui n’ont jamais porté une arme de leur vie s’exercent à son maniement ou préparent des cocktails molotov. Chacun veut se rendre utile au péril de sa vie !
Serions-nous capable d’un tel élan de patriotisme que ce peuple à la fois si proche et si lointain qui force l’admiration du monde entier? Le patriotisme ne se décrète pas. C’est l’amour pour son pays natal qui pousse un être humain à faire le don de soi, à aller jusqu’au sacrifice suprême. Mais apprend-on aux jeunes Français à aimer leur patrie ? A être fiers d’être les héritiers d’une grande nation ? A connaître la vie de ceux qui ont fait rayonner la France à travers le monde ? Où sont passés les « hussards noirs de la République », ces enseignants qui savaient si bien promouvoir les valeurs patriotiques et citoyennes à leurs élèves ? On mesure le fossé qui sépare cette époque de la nôtre où les profs n’osent plus enseigner certaines périodes de l’histoire de la France par crainte de « heurter » la sensibilité des nouveaux arrivants. Il est temps de remettre les pendules à l’heure !
Pour croire en son pays, il faut d’abord avoir confiance dans ses dirigeants. Or, à l’inverse des Ukrainiens unis derrière leur président, les Français sont méfiants envers ceux qui les gouvernent. Comment pourraient-ils avoir de l’admiration pour un Emmanuel Macron qui osait affirmer en février 2017 : « Il n’y a pas de culture française », qui n’a que mépris pour « ceux qui ne sont rien », et qui fait des non-vaccinés des citoyens de seconde zone ?
Esprit de défense
Se pose aussi le problème de la formation militaire. La France n’a plus d’armée de conscription depuis que Jacques Chirac a supprimé le service militaire. Or le lien armée-nation est indispensable pour maintenir l’esprit de défense des citoyens qui n’existe plus avec l’armée de métier. Cette démilitarisation de notre pays aurait de graves conséquences en cas de guerre avec une puissance étrangère. Comment faire sortir de leur petit confort personnel ceux qui n’ont pour tout horizon que la semaine de 35h et la perspective des prochaines vacances ?
Autre préoccupation : la souveraineté de notre pays ! La France est certes la 7e puissance militaire mondiale avec ses 200 000 soldats disponibles et ses 35 000 réservistes mais combien de temps tiendrait notre armée dans un conflit de haute intensité ? Nous ne produisons ni armes ni munitions sur notre sol. Les usines de fabrication de Tulle, Chatellerault et Saint-Etienne où se trouvait la célèbre manufacture nationale d’armes ont fermé leurs portes. Seuls subsistent aujourd’hui les arsenaux de Bourges et de Roanne dont les effectifs ont considérablement diminué ces dernières années ainsi que quelques ateliers à Puteaux, Vincennes et Issy-les-Moulineaux. Cette vente à la découpe de notre industrie d’armement n’a pas été sans conséquences. Suite à l’abandon du Famas, le fusil d’assaut très prisé des fantassins, l’armée française a adopté en 2017 le HK 416 un fusil allemand. Quand aux munitions, nécessaires pour équiper aussi bien les militaires que les forces de l’ordre, nous sommes dépendant de l’Allemagne, de l’Italie et de la Grande-Bretagne. Outre la perte d’un vrai savoir-faire ancestral, notre pays a surtout abandonné sa souveraineté sur la fabrication de ses armes et munitions.
Comment faire une guerre dans ces conditions ? D’autant qu’aux dires des spécialistes nos soldats n’auraient que sept jours de réserve de munitions. La défense nationale est un sujet sensible. On se souvient que le général Pierre de Villiers avait remis sa démission de chef d’Etat major des armées en juillet 2017 parce qu’il n’acceptait pas que le budget du ministère de la Défense soit rogné de 850 millions d’euros. Un événement historique autant que symbolique pour « dire aux Français la vérité sur l’état de nos forces armées et sur les menaces auxquelles notre pays doit faire face » comme l’écrira plus tard dans un livre* l’ancien patron de l’armée française. Un coup de gueule dont Macron tiendra compte puisque le budget du ministère des Armées s’élève en 2022 à 41 milliards d’euros soit 9 milliards de plus qu’en 2017.
Il est nécessaire de prendre conscience de ces réalités au moment où l’on sent monter le risque d’un conflit qui pourrait prendre une toute autre dimension avec les menaces plus ou moins voilées de certains va-t-en guerre. Que ceux qui affirmaient que nous étions prêts pour affronter l’épidémie du Covid 19 alors qu’ils se montraient incapables de fournir du matériel aux soignants fassent preuve d’un peu plus de modestie dans leurs déclarations. Nous avons tous à y gagner !
* Quest-ce qu’un chef? (Fayard)