Et si Macron n’avait pas encore pris sa décision ?

Ira, ira pas ? D’ailleurs le sait-il lui même ? A deux mois du premier tour des présidentielles Macron hésite à se lancer dans une campagne à l’issue incertaine.

« Il n’y a pas de faux suspens. J’ai envie » déclarait Emmanuel Macron début janvier. Le président pas encore candidat tarde pourtant à se déclarer.
Il assure qu’il annoncera sa décision « dès que les conditions sanitaires le permettront ». Un prétexte pour le moins étrange qui lui laisse la possibilité de renoncer à se représenter. Car le chef de l’Etat hésite à déclarer officiellement sa candidature. Les sondages- même si son entourage feint de ne pas en tenir compte- ne sont pas à son avantage. Il sait qu’il souffre d’un déficit de popularité dans l’opinion. Une enquête ViaVoice réalisée en septembre dernier révèle que 59% des Français ne veulent pas de sa candidature. Raison de cette opposition : Macron n’est pas compétent pour sortir la France des crises actuelles. Un désaveu cinglant de l’opinion après un quinquennat marqué par deux graves crises, celle des Gilets jaunes où l’autorité de l’Etat a été ébranlée et l’autre sanitaire avec la gestion pour le moins chaotique de l’épidémie du Covid 19.

Comble de malchance, l’élection présidentielle arrive au moment où le pays connaît une flambée des prix de l’énergie avec une hausse sans précédent du gaz, des carburants et de l’électricité qui s’accompagne d’une augmentation du prix des matériaux de construction. A cela s’ajoute la hausse des prix de l’alimentaire qui concerne des produits de première nécessité comme le pain, les pâtes, le sucre, la viande et le lait. Le porte-monnaie des ménages s’en trouve directement impacté.

Macron attend donc une éclaircie dans un ciel chargé de nuages pour se jeter dans la bataille. Un moment qu’il redoute mais qu’il devra affronter tôt ou tard s’il croit à ses chances d’être réélu. L’opinion s’impatiente. Les Français voudraient qu’il sorte enfin du bois pour participer aux débats du premier tour. Mais Macron n’est pas pressé :  « Ce n’est pas d’actualité ! » tranche-t-il. On le comprend ! Le bilan de son mandat est globalement négatif. La France a continué à s’appauvrir sous son quinquennat. Les Français ne s’en rendent pas tous compte mais notre pays est en voie de paupérisation. L’écart ne cesse de se creuser avec les pays voisins comme l’Allemagne et la Belgique. Le pouvoir d’achat est devenu le premier sujet de préoccupation des électeurs.

Revirements politiques

Autre dossier épineux pour l’actuel chef de l’Etat, celui de la sécurité avec une forte augmentation des faits de violences et d’agressions d’une année sur l’autre. La puissance publique se montre incapable de faire face à cette délinquance qui n’épargne plus les zones rurales. Une violence dont sont aussi victimes de plus en plus fréquemment les membres des forces de sécurité. Le nombre d’agressions de policiers et de gendarmes a plus que doublé en 15 ans.
Un phénomène largement lié à l’immigration incontrôlée que subit notre pays. A raison de 400 000 immigrés légaux par an, chiffre du ministère de l’Intérieur, notre pays a donc accueilli 2 millions d’étrangers supplémentaires depuis cinq ans, sans compter les clandestins, comme le souligne Eric Zemmour qui se prononce pour une immigration zéro alors que Marine Le Pen se contente d’un moratoire sur cette question qui préoccupe les Français.
On comprend qu’avec un tel bilan Macron ne soit pas pressé de débattre sur les plateaux télés avec ses adversaires potentiels. Il serait bien en peine de réfuter leurs arguments !

Par ailleurs comment pourrait-il expliquer ses revirements politiques sur des dossiers aussi importants que l’immigration, le terrorisme, le nucléaire ou encore la présence française en Algérie ? Les sujets régaliens n’ont jamais vraiment passionné Macron. « Je ne vais pas inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit » avait lancé le candidat de la République en marche suite à l’attentat des Champs-Elysées qui avait coûté la vie à un policier en avril 2017. Mais sur ce sujet comme sur celui de l’immigration, la dure loi de la réalité s’est rappelée à lui. Alors qu’il avait vanté la politique de Merkel en matière d’immigration lors de la précédente campagne présidentielle il a dû se résoudre à faire voter la loi « Asile et immigration » plus restrictive pour les nouveaux arrivants.
Son revirement dans le domaine du nucléaire est encore plus spectaculaire. Comment imaginer que celui qui voulait réduire à 50% la part du nucléaire à l’horizon 2025, affirmant le 9 février 2017 :  « Il n’est pas bon d’avoir 75% de notre énergie qui vient du nucléaire » soit le même qui début janvier de cette année se félicite de la chance « historique » que  d’avoir 70% de notre électricité produite par le nucléaire » ? Comment expliquer que celui qui a décidé de fermer la centrale de Fessenheim le 30 juin 2020 annonce en novembre dernier vouloir « relancer la construction de réacteurs » ? Macron serait-il devenu pronucléaire ? Quelle est la part d’opportunisme et de réalisme dans ses déclarations ?
Le président du « Et en même temps » n’est pas à une contradiction prés. Après avoir vilipendé à Alger la colonisation de l’Algérie durant la campagne présidentielle de 2017 la qualifiant même de « crime contre l’humanité », Macron a adressé récemment une « parole de reconnaissance » aux associations de rapatriés. Quelques mois auparavant il avait reçu les harkis pour leur « demander pardon » au nom de la France et annoncer « une loi de reconnaissance ». Une promesse de plus… à quelques mois des élections ça peut toujours servir ! Les Pieds-noirs et les Harkis en ont l’habitude !