Le dramatique enchaînement des faits divers de ces dernières semaines est des plus inquiétants. Un déferlement de la violence qui interroge.Les hommes du GIGN sont sur tous les fronts. Le week-end dernier ils étaient appelés à intervenir en Dordogne pour un forcené qui avait pris la fuite dans les bois après avoir tenté de tuer le nouvel ami de son ex-compagne et tiré sur les gendarmes. Un ancien militaire lourdement armé condamné à quatre reprises pour violences conjugales qui sera finalement neutralisé et gravement blessé après une chasse à l’homme de 36 heures et un échange de tirs avec les forces de l’ordre. Trois semaines plus tôt c’est dans les Cévennes que le GIGN était intervenu pour mettre un terme à la cavale d’un meurtrier recherché pour avoir tué deux hommes dont le patron de la scierie dans laquelle il travaillait. Quatre jours d’une traque dans un secteur difficile d’accès qui avait mobilisé d’importants moyens humains et matériels.
Deux affaires qui ont défrayé la chronique et dans lesquelles sont impliqués des hommes jeunes-ils sont âgés de moins de 30 ans-qui brutalement dérapent et se lancent dans une aventure suicidaire. Mais pour deux affaires médiatisées combien d’autres ont mobilisé les super-gendarmes pour mettre hors d’état de nuire des forcenés ? « Pour le seul mois de janvier le GIGN est intervenu à 27 reprises », souligne la porte-parole de la gendarmerie. Faut-il classer dans la même catégorie le drame survenu à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique) où une policière municipale a été frappée de plusieurs coups de couteau par un individu qui, avant d’être abattu par les forces de l’ordre sur lesquelles il avait ouvert le feu, avait séquestré chez elle pendant prés de deux heures et demi, une jeune femme de 19 ans ? Sans doute si l’on en croit le parquet national anti-terroriste qui a refusé de se saisir du dossier bien que l’auteur des faits, récemment sorti de prison, soit connu pour son appartenance à l’islam radical depuis 2016. Comme s’il fallait nécessairement revendiquer son appartenance à un mouvement islamiste pour être considéré comme un terroriste !
Quoiqu’il en soit, cette série de drames sanglants qui a commencé avec le meurtre à l’arme blanche de Stéphanie, l’employée administrative du commissariat de Rambouillet victime d’un disciple d’Allah, interroge sur le niveau inquiétant de la violence que nous connaissons actuellement. La France Orange mécanique n’est pas une fiction, mais une tragique réalité. Les Français ne se sentent plus en sécurité nulle part. Dès qu’ils sortent de chez eux ils doivent craindre pour leur vie. Sans aucune raison, simplement parce qu’ils se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment ils peuvent être victimes d’une agression et leur vie peut basculer. Comme ce couple attaqué vers 23h dans une rue de Marseille par une bande d’individus qui va s’acharner sur l’homme à coups de madrier de chantier. « Un vrai massacre » confiera un policier horrifié.
Violence gratuite
Autre exemple de cette violence gratuite survenue lors du dernier week-end ? Il se déroule dans la Marne avec l’agression d’un jeune couple d’étudiants par un individu multirécidiviste déjà condamné à 27 reprises. Celui-ci va mortellement blesser le jeune homme d’une balle dans l’abdomen avant d’obliger sa compagne à monter dans le coffre de sa voiture pour la séquestrer et la violer quelques heures plus tard. Deux « faits divers » particulièrement atroces qui montrent la dérive qui gagne notre société confrontée à une hyper-violence inédite dans notre pays.
Comment expliquer ce retour à la barbarie, ce recul inquiétant de la civilisation dans une France qui semble avoir perdu ses repères, qui ne croit plus en elle-même ? Médecins et psychologues croient trouver une explication à cette montée de la violence par la décompression à la sortie du confinement. Un phénomène de décompensation que certains, au sein même du gouvernement, avaient, semble-t-il, envisagé. Si l’on peut comprendre que les mois de confinement et de restriction des libertés ont pu agir sur l’humeur, voire la santé mentale de certains, et être générateurs de violence comme on le constate avec l’augmentation des féminicides, il serait trop facile d’incriminer les mesures sanitaires prises comme étant la cause de ces atrocités. Tout au plus ont-elles pu exacerber les tendances caractérielles de certains.
La délinquance est en augmentation constante dans notre pays. La criminalité a quasiment doublé depuis vingt ans. Les membres des forces de l’ordre, policiers et gendarmes sont eux-mêmes victimes de cette montée de la violence. Un phénomène qui aurait été tout simplement inimaginable à la fin du siècle dernier. Ils doivent eux-mêmes se protéger contre la violence alors que leur mission est d’abord d’assurer la sécurité publique, celle à laquelle a droit tout un chacun.
Or, en dépit des mesures prises par le gouvernement, des lois répressives votées par le parlement, force est de constater que cela ne suffit pas à endiguer la délinquance et à diminuer la violence au quotidien. Les questions de sécurité pèseront lourd lors des prochaines échéances électorales.