Il est urgent d’inscrire l’IVG dans la constitution

Macron veut laisser sa trace dans l’histoire. Une trace indélébile, indestructible, inaltérable. Une loi inscrite dans le marbre qui marquera son règne élyséen aux yeux des générations futures.

Depuis sa première élection de 2017 le bilan de Choupinet est catastrophique. Aggravation de la dette, hausse du coût de la vie, augmentation de la violence et de l’insécurité, montée du communautarisme, affaiblissement de l’autorité, détérioration de l’image de la France… etc.. Rien de tel qu’une loi pour graver son nom dans l’Histoire et faire oublier les échecs de sa politique. Saisissant l’opportunité de la journée des droits des femmes Macron qui rendait hommage ce 8 mars à l’avocate féministe Gisèle Halimi a annoncé qu’il voulait inscrire le droit à l’avortement dans la constitution. Comme si l’interruption volontaire de grossesse était menacée dans notre pays ! Mais ne s’agit-il pas, avant tout, de rassurer l’aile gauche de sa majorité inquiète de ses dérives droitières?

Car le projet d’inscrire l’IVG dans la constitution paraît, pour le moins, incongru. Pourquoi cette loi plutôt qu’une autre ? Les codes juridiques sont fait pour ça. La constitution ne saurait être un fourre-tout ou l’on mettrait tout et n’importe quoi en fonction de l’humeur ou des lubies des gouvernants du moment. Ce texte fondateur de la Ve République doit être préservé des palinodies politiques. L’abolition de la peine de mort votée le 18 septembre 1981 a été introduite dans la constitution de la Ve République par la loi constitutionnelle du 23 février 2007. L’article 66-1 stipule que « nul ne peut être condamné à la peine de mort ». Les abolitionnistes, au premier rang desquels le garde des Sceaux de l’époque, Robert Badinter, ministre de la Justice considéraient que « la peine de mort viole un droit des plus fondamentaux, le droit à la vie ». Or l’IVG s’inscrit précisément dans une démarche contraire en rétablissant la peine de mort pour l’enfant à naître. Cherchez l’erreur !

Au-dessus de la mêlée

S’il veut laisser sa trace dans l’Histoire Macron devra chercher ailleurs. Un thème consensuel de préférence. Un thème qui le hisserait au-dessus de la mêlée. Drapé dans la statue du Commandeur il admonesterait tous ces indignes représentants de la République, députés comme ministres, qui ont donné une bien triste image de la vie démocratique lors des débats sur la réforme des retraites. Un député de la France insoumise qui traite « d’assassin » le ministre du travail. Un autre du même groupe qui fanfaronne avec un ballon à l’effigie du même ministre sous le pied. Minable mise en scène d’un révolutionnaire en peau de lapin. Un ministre de la Justice qui fait des bras d’honneur dans l’hémicycle au député qui lui rappelle qu’il est mis en examen pour « prise illégale d’intérêt » et qui vient ensuite présenter ses excuses sans convaincre personne.

Macron devrait aussi veiller à ce que son gouvernement ne diffuse pas de fausses nouvelles, comme ce fut le cas avec le minimum retraite mensuel à 1 200 euros qui devait bénéficier à 1,8 million de personnes et qui ne profitera qu’à quelques dizaines de milliers. S’il voulait redorer son blason et redonner du lustre à la fonction présidentielle qu’il a si souvent bafouée Macron devrait dénoncer ces comportements indignes et les sanctionner. Il devrait aussi remettre de l’ordre à l’Assemblée nationale en exigeant une certaine discipline vestimentaire des députés au lieu d’accepter les tenues débraillées des braillards du style Boyard, les atteintes aux bonnes mœurs, l’insolence, l’indécence ou l’indélicatesse de certains représentants du peuple.

En proclamant l’interdiction de la vulgarité et des grossièretés (IVG) le président de la République prendrait ainsi l’initiative d’une restauration de l’autorité et du respect. Des valeurs oubliées de nos jours par ceux là même qui devraient les défendre ! Mais il est ô combien plus facile d’aller dans le sens du vent que d’être à contre-courant d’une société en pleine décadence gagnée par la cancel culture, celle de l’effacement et du renoncement.
Quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse Macron ne sera jamais un grand président. Il n’a pas su se glisser dans l’habit trop ample pour lui d’un chef d’Etat. Elu à deux reprises par défaut face à Marine Le Pen il laissera à son successeur un pays encore plus divisé et fracturé qu’il ne l’avait trouvé à son arrivée. François Mitterrand s’était montré visionnaire lorsqu’il avait déclaré :  « Je suis le dernier des grands présidents. Après moi il n’y aura plus que des financiers et des comptables ». Si au moins Macron avait été à la hauteur de sa réputation !