C’est dans dix-huit mois qu’aura lieu l’élection présidentielle et les patriotes cherchent toujours leur porte-drapeau.
Faut-il se résoudre à la réélection de Macron pour un nouveau quinquennat ? La question se doit d’être posée face au vide abyssal de la scène politique. L’actuel hôte de l’Elysée peut dormir sur ses deux oreilles, personne n’est aujourd’hui en mesure de le menacer sérieusement. Et sûrement pas Marine Le Pen qu’il rêve d’affronter au second tour tant il est persuadé qu’il pourra la battre facilement.
Pour la droite nationale la situation est on ne peut plus paradoxale. Elle n’a cessé de dénoncer depuis des années les conséquences dramatiques pour notre pays d’une immigration incontrôlée, essentiellement musulmane qui lui a valu d’être taxée de racisme et d’islamophobie par la quasi-totalité de la classe politique. Mais les temps ont changé. La diabolisation du Front national devenu Rassemblement national n’est plus qu’un lointain souvenir. Ses thèmes concernant l’insécurité et la lutte contre l’immigration clandestine sont aujourd’hui largement partagés dans l’opinion.
Les derniers attentats terroristes particulièrement atroces commis par des islamistes d’origine étrangère ont confirmé de manière sanglante les craintes exprimées depuis longtemps par la droite au point qu’Emmanuel Macron n’hésite plus aujourd’hui à faire publiquement le lien entre terrorisme et immigration. Un revirement total d’attitude pour celui qui, en 2015, félicitait Angela Merkel d’avoir accueilli un million d’immigrés en Allemagne !
« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! » disait Edgar Faure. Comme le vent a tourné et que l’opinion penche largement à droite, réclamant plus de fermeté et d’autorité de la part de l’Etat, Macron a pris ses distances avec ses engagements mondialistes et se montre désormais plus à l’écoute des électeurs de la droite nationale. A l’évidence il leur a envoyé un signal fort en nommant Gérald Darmanin, l’héritier spirituel de Sarkozy, au ministère de l’Intérieur et en choisissant Jean Castex, un élu local (LR) au caractère bien trempé pour diriger le gouvernement.
Bref, Macron, en vrai caméléon de la politique, a changé de déguisement. Il sait que pour être réélu, il devra moissonner très largement sur sa droite et couper l’herbe sous les pieds à ceux qui auraient des velléités de se présenter aux présidentielles de 2022. Avis à Bruno Retailleau, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse et autres candidats potentiels venus des Républicains.
Immense boulevard
Face à Emmanuel Macron l’opposition se fait très discrète. Certes devant la gravité de la situation de notre pays confronté à des crises majeures: sanitaire, économique et sécuritaire et exposé aux menaces des islamistes, l’unité des Français est une nécessité. Elle ne doit cependant pas empêcher les responsables politiques d’avoir des idées et d’exprimer leur point de vue.
Or Marine Le Pen se fait discrète. On ne l’entend pas ! Alors qu’un immense boulevard s’ouvre devant elle, que les idées qu’elle défend reçoivent une large adhésion de l’opinion publique, la présidente du Rassemblement national reste silencieuse, comme si les préoccupations des Français et les difficultés auxquelles ils sont confrontés ne la concernaient pas ou si peu.
« Mais où est passée la clivante populiste, chef de file d’un mouvement politique qui a toujours creusé son sillon à coup de déclarations fracassantes, de propos polémiques et de positionnements « incorrects » ? » s’interroge Le Point. L’hebdomadaire n’est pas le seul à se poser la question. Nombre de militants, mais aussi de cadres du parti ne comprennent pas l’attitude de celle qui dans la continuité de son père a été, des années durant, l’agitatrice de la vie politique française. Elle qui dans ses meetings soulevait l’enthousiasme des militants et provoquait la fureur de ses adversaires.
Au fil des années, nombreux sont ceux qui ont quitté le Front national devenu le Rassemblement national. Qu’ils soient simples militants, élus ou têtes d’affiches ils ne trouvaient plus leur place dans ce parti. Quelque chose s’était brisé en eux et ils vivaient cette rupture avec beaucoup d’amertume. Ils se sentaient trahis dans leurs convictions. Mais où était donc la « Marine » qu’ils avaient adulé et dont ils s’étaient éloignés ? Qui n’avait pas su les garder, les retenir ?
Ce désamour de ses partisans devient un désaveu lorsqu’on interroge l’opinion. Si 35% des Français estiment que la fille de Jean-Marie Le Pen « a la stature d’une présidente de la République » ils sont 60% à la juger toujours « inquiétante » selon un sondage de l’Ifop publié le 24 septembre. « C’est injuste, désespérant… mais les gens ne l’aiment pas ! » confie au Point un membre du bureau national. Difficile dans ces conditions de prétendre accéder à la fonction suprême ! Pourtant la présidente du Rassemblement national, en dépit des exhortations à céder la place ne cache pas son intention de vouloir se représenter.
La droite « hors les murs » ne veut pas revivre le désastre du second tour de 2017 avec la lamentable prestation de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron. Autour de Robert Ménard et d’Eric Zemmour elle s’active pour rechercher celui ou celle qui saura incarner le mieux les valeurs de la droite patriote. Un candidat ayant des convictions fortes et une vision politique à long terme capable de rassurer les électeurs et d’emporter leur adhésion au-delà des clivages partisans.
La demande est bien réelle. Un récent sondage pour Valeurs actuelles indiquait que 20% des électeurs étaient prêts à voter pour le général Pierre de Villiers, le premier à s’être opposé à Macron en 2017. Chercher « l’homme providentiel » a toujours été une constante de la vie politique française en période de crise. Face à un avenir indécis et incertain, les Français ont besoin de se retrouver dans un personnage qui saura leur redonner la fierté et la confiance dont ils ont besoin et qui leur manquent cruellement aujourd’hui. Reste à le trouver !