La gauche est divisée. Le pays est à droite comme il ne l’a jamais été depuis 1968. Et pourtant le risque est grand que la droite se fasse voler l’élection présidentielle. Un scenario cauchemardesque qui peut encore être conjuré.
On a assisté ces derniers jours au retour en force de « la droite la plus bête du monde » selon l’expression de feu Guy Mollet. Alors que la primaire avait permis, à la surprise générale, l’élection de François Fillon à une très large majorité, l’immixtion inattendue, voire surprenante, de la justice dans une affaire supposée d’emploi fictif vient chambouler l’échiquier électoral.
A tel point que le champion de la droite est aujourd’hui davantage la cible des ténors de son parti « Les républicains » que de la gauche. Faisant fi de la présomption d’innocence qu’ils ne se privent pas d’invoquer d’ordinaire, ses propres « amis » politiques l’avaient déjà condamné.
François Fillon a été l’objet de pressions, de coups bas. On l’a sommé de passer la main, de se désister en faveur d’un autre. De quel autre ? Comme aucun ne faisait l’unanimité on en avait conclu début février qu’il n’y avait pas de plan B. Et les grognards étaient rentrés dans le rang. Bon gré, mal gré il faudrait faire avec lui. Fin du premier acte.
La machine à perdre
Mais ceux qui le soutiennent comme la corde soutient le pendu n’avaient pas désarmé pour autant. Ils ont réenclenché la machine à perdre dés le 1er mars en donnant un spectacle aussi irresponsable que ridicule. Ce matin là François Fillon doit se rendre au salon de l’agriculture où il est attendu à 8h par les photographes et les télés. Or le candidat n’est pas au rendez-vous. On s’inquiète. Personne n’est au courant, pas plus son service de presse que ceux de son équipe de campagne. On se perd en conjectures sur les raisons de cette absence. Aurait-il jeté l’éponge ?
Avec un art consommé du suspense et de la dramatisation François Fillon annonce qu’il s’expliquera quelques heures plus tard lors d’une conférence de presse. Il a appris le matin même par son avocat qu’il est convoqué par le juge le 15 mars pour une mise en examen dans l’affaire de l’emploi présumé fictif de sa femme Pénélope. Remonté à bloc, le candidat prend directement le peuple à témoin. Il parle « d’assassinat politique ». Il s’en prend aux juges. « Je ne céderai pas. Je ne me rendrai pas. J’irai jusqu’au bout parce qu’au-delà de ma personne c’est la démocratie qui est défiée » martèle-t-il. Une charge d’une violence incroyable contre le système.
Un Fillon métamorphosé
Un nouveau Fillon vient de se révéler, courageux, combatif, protestataire qui en appelle au peuple souverain et lui donne rendez-vous pour un grand rassemblement le dimanche 5 mars au Trocadéro. Un Fillon métamorphosé par cette campagne où rien ne lui aura été épargné par ceux de son camp. Ultimatum, mise en accusation, claquements de porte. Puis les élus ont commencé à le quitter. Tout comme les membres de son équipe de campagne qui en vingt quatre heures ont tous démissionné. Même les plus fidèles comme Thierry Solère, son porte-parole et Patrick Stéfanini, son directeur de campagne finissent par le lâcher. Fin du deuxième acte.
Malgré cela Fillon tient bon, résiste, encaisse les coups, fait face à l’adversité. Enterré le méprisant sobriquet « Courage Fillon » que lui attribuait Sarkozy pour moquer son supposé manque de caractère. Oublié le qualificatif de « Mister Nobody » de l’ancien premier ministre que l’on disait effacé, sans personnalité.
En ce dimanche après-midi, face à la foule immense qui déborde de l’esplanade des Droits de l’homme, François Fillon, entouré du dernier carré de ses fidèles, savoure sa revanche. Et ce n’est pas la pluie qui tombe à grosses gouttes sur son costume qui va gâter son plaisir. Le peuple de droite a répondu à son appel. Il est venu pour le soutenir. Pour lui dire qu’il est le candidat légitime et qu’il n’acceptera pas qu’on lui impose quelqu’un d’autre. C’est la révolte du peuple contre la trahison des élus de son camp. On entend des « Tiens bon Fillon », des « Courage Fillon » qui sont autant d’appels à la résistance, voire à l’insoumission vis-à-vis d’un système honni et de ses zélés serviteurs de la politique, de la justice ou des médias.
François Fillon sait désormais sur qui il peut compter. Il s’est libéré, à son corps défendant, de ces matelots d’opérette qui s’étaient embarqués avec lui plus par intérêt personnel que par adhésion à son exigeant programme de redressement pour la France. La tempête qui a soufflé a montré les limites de leur courage. Face aux éléments déchaînés ils ont préféré rentrer au port pour se mettre à l’abri tout en maugréant contre le capitaine qui refusait de baisser pavillon. On ne peut que s’incliner devant tant de panache ! Quel contraste avec la couardise de ces pleutres qui l’ont abandonné.
Il est temps pour le camp des patriotes de s’unir
Il faut désormais que François Fillon tire toutes les leçons de ce cyclone politique qui a bien failli l’emporter. La ligne de fracture à l’intérieur de son parti est désormais nette et franche. Il sait qu’il ne doit rien attendre de ceux qui sont prêts à tous les accommodements avec l’islam, même le plus radical. Pas davantage de ceux qui s’inquiètent de la politique de rigueur prônée par son programme à la fois révolutionnaire et conservateur.
Il doit aussi penser qu’après les élections présidentielles viennent les législatives et que s’il veut pouvoir gouverner il lui faudra disposer d’une majorité au parlement. Compte tenu de la situation politique actuelle aucun parti politique ne peut prétendre avoir une majorité à lui tout seul. Des alliances seront donc nécessaires.
Il est temps pour le camp des patriotes de s’unir pour affronter les graves dangers qui menacent notre pays : islamisme radical, insécurité, immigration, chômage, fermeture des entreprises, disparition progressive des services publics en milieu rural. Sur tous ces points, ceux qui se réclament des valeurs de la droite qu’elle soit conservatrice, populaire ou souverainiste doivent se rapprocher pour travailler ensemble au redressement de notre pays.
Les électeurs de droite ne toléreront plus que des consignes soient données par leurs dirigeants pour s’opposer à l’élection d’un candidat frontiste aux prochaines législatives. Fini aussi le temps du ni-ni. Le bilan désastreux que nous laisse le quinquennat Hollande a définitivement vacciné les électeurs. Ils ne veulent plus entendre parler de la gauche quel que soit son représentant, même s’il se présente sous les traits juvéniles du golden boy Macron.
Sans doute ce message aura-t-il du mal à passer auprès de certains de ses amis politiques dont l’hostilité au Front national est connue, comme NKM ou Jean-François Copé. Davantage encore auprès des centristes de l’UDI. Faisons confiance à François Fillon qui vient de démontrer qu’il a du caractère et qui a su garder le cap pendant la tempête. Le comité politique vient de lui renouveler sa confiance à l’unanimité. Il est reconnu par les siens comme le patron incontestable. Ce qui lui donne désormais la légitimité et l’autorité pour agir en toute liberté.