La guerre perdue de Jupiter-Macron

Il se croyait le plus fort, le meilleur, l’invincible. Jupiter-Macron est tombé de haut dimanche soir à l’annonce du résultat des européennes.

Certes, les sondages depuis quelques jours indiquaient que la liste de la République en marche patinait. Longtemps donnée en tête du scrutin elle stagnait désormais alors que la liste du Rassemblement national gagnait du terrain, faisait du coude-à-coude avec elle jusqu’à la doubler dans la dernière ligne droite et finalement la devancer dans les urnes.

Ce résultat est-il pour autant une surprise ? En s’invitant dans la campagne pour les élections européennes Macron prenait un très gros risque. « Son obstination à se mettre en première ligne, à n’être pas « spectateur, mais acteur » risque donc bien au final de se retourner contre lui » écrivions-nous en conclusion de l’article « Pour sauver Loiseau, Macron a-t-il pris le risque de se noyer ? » (La France patriote du 21/05/2019).

La défaite de la Rem est avant tout sa défaite à lui. En se substituant d’une manière plutôt discourtoise à la tête de liste du parti présidentiel il prend de plein fouet l’humiliation de se voir devancer par celle qu’il voulait diaboliser. Il suffisait de voir la mine réjouie et gourmande de Marine Le Pen au soir de l’élection pour comprendre que sa stratégie avait lamentablement échoué.

Désormais les choses sont claires. Hier la ligne de fracture électorale divisait la France en deux blocs, l’un représentant la gauche et l’autre la droite. Ils se succédaient en alternance au pouvoir et parfois même passaient des compromis en période de cohabitation. Cette époque est aujourd’hui révolue. Un nouveau clivage est apparu dans le paysage politique qui oppose les nationaux aux mondialistes. Deux blocs qui rassemblent chacun des électeurs venus de la gauche comme de la droite. Il y a d’un côté ceux qui croient à la nation, sont des défenseurs de la patrie, de la souveraineté du peuple et se revendiquent de l’identité française. De l’autre ceux qui ont une autre vision du monde, qui réclament l’abolition des frontières et rejettent le concept d’Etat-nation pour l’englober dans une entité plus vaste à l’échelle de l’Europe, voire du monde. Un nouveau clivage que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart européens et qui va marquer durablement la vie politique de ces prochaines décennies.

Echec personnel

Quelles conséquences Macron va-t-il tirer de sa défaite ? Apparemment aucune si l’on en croit les déclarations à chaud faites par les ténors de la majorité lors de l’annonce des résultats. En réalité cet échec personnel entame sérieusement son « capital politique » déjà mis à mal par l’affaire Benalla, puis par la crise des Gilets jaunes. Comment Macron pourrait-il continuer à dérouler son programme de réformes sans tenir compte du vote des électeurs ? Inimaginable ! Pour retrouver un peu d’oxygène il doit prendre des initiatives. Changer de premier ministre ? L’idée avait été émise, il semble qu’elle ne soit plus d’actualité tant Edouard Philippe s’est impliqué dans la campagne des Européennes où il se trouvait d’ailleurs bien seul. Un remaniement ministériel au sein du gouvernement sera-t-il suffisant pour répondre aux attentes des Français mécontents de sa politique et qui le lui ont signifié ?

Marine Le Pen s’est contentée dimanche soir de demander la dissolution de l’Assemblée nationale, plus la démission de Macron. Ce n’est pas la première fois que la présidente du Rassemblement national émet ce souhait qui n’a aucune chance d’être pris en considération et ce pour plusieurs raisons. Quel rapport y-a-t-il entre le résultat des élections européennes et de nouvelles élections à la chambre des députés ? Par ailleurs, la dissolution de l’Assemblée nationale n’aurait que des inconvénients pour Macron. Affaibli par la défaite, il prendrait, à nouveau, le risque de mobiliser contre lui un électorat qui lui est hostile avec la probabilité d’un nouvel échec. Ce qui le contraindrait à renoncer à son calendrier des réformes. Un calendrier mis à mal depuis six mois par la crise des Gilets jaunes.

Macron l’orgueilleux a perdu son combat contre les « nationalistes » alors qu’il n’avait pas ménagé ses efforts pour contrer le Rassemblement national allant jusqu’à transformer cette élection en referendum pour ou contre lui. Il subit ainsi un grave revers personnel sur le plan intérieur deux ans après son accession à la présidence de la République en mai 2017, tout autant que sur le plan européen où il se voulait l’adversaire des populistes allant jusqu’à se fâcher avec les Italiens. Salvini peut savourer sa petite revanche !

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