La loi de moralisation de la vie publique ne passera pas par Drancy

Il a rejoint les Constructifs, mais il reste fermement attaché aux pratiques de l’ancien monde. Jean-Christophe Lagarde n’avait pas de mots assez durs pour fustiger la loi sur le cumul des mandats parlant de « loi absurde et démagogique ». Il quitte contraint et forcé son fauteuil de maire de Drancy pour siéger à l’Assemblée nationale. Il a choisi sa femme pour le remplacer.

« Après moi c’est la personne la plus populaire à Drancy » explique Lagarde pour justifier son choix. Comme si la popularité d’un élu était la panacée. Si l’on ne devait s’en tenir qu’à ce seul critère, la palme reviendrait incontestablement au couple Balkany dont on connaît les déboires judiciaires, mais qui jouit d’une faveur jamais démentie auprès de ses administrés à Levallois-Perret. La ville qui détient la palme de l’endettement en France.

Jean-Christophe Lagarde, il faut bien reconnaître, n’a pas eu de chance. Son premier adjoint a carrément refusé le poste tout comme le deuxième, et le troisième sous des prétextes divers. Il lui faudra descendre jusqu’au sixième adjoint pour trouver enfin un digne successeur en la personne… d’Aude Lavail-Lagarde, sa propre épouse en charge des affaires sociales et des personnes âgées au sein de la municipalité.

Joli coup de maître

C’est donc elle qui héritera du fauteuil de maire de cette ville de Seine-Saint-Denis de 64 500 habitants lors du conseil municipal qui se tiendra début septembre.

Un joli coup de maître pour le centriste, patron de l’UDI qui dirige la ville depuis 2001. Il pourra continuer à gérer sa commune par épouse interposée tout en respectant la loi – votée en 2014 et entrée en vigueur seulement le 31 mars dernier – qui interdit à un parlementaire de cumuler son mandat de député avec un autre mandat exécutif local.

Subsidiairement, si l’on ose dire, les 4 000 euros d’indemnités de son mandat de maire seront ainsi récupérés par sa femme. Une opération qui n’aura donc pas de conséquences sur les finances du couple. Ouf ! Car Jean-Christophe, souvenez-vous, c’est le député qui estimait qu’il « gagnait moins que le salaire moyen des Français » au micro de l’émission Quotidien de Yann Barthès (29.06.17). « Au regard du nombre d’heures que j’y consacre, du peu de week-ends que je peux avoir et des responsabilités que j’exerce.. » avait-il expliqué.

Une déclaration qui avait provoqué un véritable tollé quand on sait qu’un député touche une indemnité parlementaire de 7 209 euros brut auxquels s’ajoutent 5 840 euros de frais de mandat. Certes l’allocation est désormais supprimée et remplacée par un remboursement au réel des frais engagés sur présentation de factures. Il n’en reste pas moins que comparé au salaire moyen des Français qui tourne autour de 2 225 euros on comprend que cette déclaration ait pu choquer. Vous avez dit moralisation de la vie publique ? Cherchez l’erreur !