Le jour où l’assemblée nationale s’est déconsidérée

La date du 4 novembre 2022 restera dans les annales comme un jour de honte pour la démocratie en France. Ce jour-là, en effet, un député du Rassemblement national a été lourdement sanctionné pour avoir interpellé la veille un de ses collègues de la France insoumise qui intervenait en séance au sujet des bateaux de migrants en difficulté en Méditerranée.
« Qu’il retourne en Afrique ! » avait lancé Grégoire de Fournas. Une phrase aussitôt interprétée comme « raciste » par les députés d’extrême gauche qui tempêtent, vocifèrent, hurlent leur colère. La présidente de l’assemblée nationale Yaël Braun-Pivet hésite. On la sent mal à l’aise, comme tétanisée face à cette bronca. Le brouhaha est à son comble. Dans l’urgence elle suspend la séance des questions au gouvernement qui ne reprendra pas.

La manipulation est en marche. Le groupe des députés LFI saisit ce qu’il croit être une opportunité politique. L’occasion est trop belle d’enfoncer le Rassemblement national en faisant croire que la phrase visait leur collègue noir. Ce dernier, Carlos Martens Bilongo en rajoute dans le registre du racisme victimaire : « On me renvoie à ma couleur de peau » lâche-t-il devant les micros. Le rouleau compresseur est en marche. La cause est entendue. A l’exception du RN tous les groupes de l’Assemblée nationale, de Renaissance à la Nupes condamnent  les propos jugés racistes de l’élu de Gironde. Tous s’accordent pour réclamer une « sanction exemplaire ». A travers lui c’est le Rassemblement national qui est montré du doigt. « Le racisme, voilà ce qui différencie l’extrême droite de la droite » lance Olivier Marleix patron des députés Républicains.

Le gouvernement s’engouffre dans la brèche. « Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie » se rengorge Elisabeth Borne. Darmanin va encore plus loin. Pour lui pas de doute : « la question de la démission se pose » dit-il, accusant même Marine Le Pen et Jordan Bardella d’être « complices de ce racisme ordinaire ». Le ministre de l’Intérieur dont le cynisme est sans limite a sans doute oublié qu’un député de la majorité avait fait un salut nazi le 12 juillet dernier dans l’hémicycle. Le bureau de l’assemblée nationale l’avait sanctionné deux semaines plus tard d’un simple rappel à l’ordre. Autrement dit la peine la plus légère.

Le député RN n’a pas bénéficié de la même mansuétude. Bien au contraire ! Grégoire de Fournas était déjà condamné par la meute politico-médiatique avant même d’avoir été jugé. Il avait bien tenté d’expliquer que l’on avait mal interprété le sens de sa phrase, comme il l’avait d’ailleurs écrit le soir même à son collègue insoumis. En vain ! La polémique ne cessait d’enfler au fil des heures. Les adversaires du Rassemblement national avaient un os à ronger. Ils n’étaient pas prêts à le lâcher. Ils trouvaient là, enfin, l’occasion de dénoncer à travers cet incident de séance « le vrai visage » de ce parti qu’ils n’ont cessé de combattre et qui, malgré tout, séduit toujours plus d’électeurs. Le battage médiatique allait-il, enfin, leur donner l’occasion de rediaboliser le RN ?

Sanction la plus lourde

Hélas pour eux, le procès-verbal de la séance publié dès le lendemain rendait justice au député girondin. « Qu’ils retournent chez eux », l’expression ne visait pas le député noir insoumis mais bien le bateau qui transportait les migrants. L’accusation de racisme ne tenait plus. Qu’importe, il fallait que l’assemblée nationale prononce une sanction « exemplaire » à l’encontre du coupable. Toute la classe politico-médiatique était suspendue à la décision du bureau de l’assemblée nationale. Celle-ci tomba dans le courant de l’après-midi. Le député Grégoire de Fournas est exclu de l’assemblée nationale pour 15 jours. S’y ajoute la privation de la moitié de son indemnité parlementaire pendant 2 mois. C’est la sanction la plus lourde infligée à un député qui n’a qu’un seul précédent sous la Ve République.

L’accusation de racisme ayant été balayée, que reproche-t-on au député RN ? Le bureau de l’assemblée nationale s’est transformé ce jour là en politburo. Comme à l’époque de Staline il a cherché un motif de condamnation. Il n’a trouvé à se mettre sous la dent qu’un prétexte bien dérisoire : « Manifestation troublant l’ordre ou qui provoque une scène tumultueuse ». La France insoumise a réussi son coup avec cette minable manipulation. La Nupes et la Macronie se sont retrouvés dans le même camp. Le RN les exaspère. Ils ne supportent pas la présence de ses 89 députés qui forment le premier groupe d’opposition. « L’ennemi politique N° 1 c’est la Rassemblement national. C’est l’extrême droite ! » a martelé Clément Beaune, ministre des Transports, dimanche dernier au grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Celui-ci a d’ailleurs tenu à préciser qu’il ne mettait « pas de signe égal entre la Nupes et le RN ». Quel aveu !

Le but de cette agitation est évidemment d’empêcher tout débat sur l’immigration. On retiendra de cet épisode que la démocratie et la liberté d’expression ont été malmenées par ceux qui précisément ont pour mission de les défendre au sein de l’hémicycle. La disproportion entre la sanction lourde prononcée à l’égard d’un représentant du peuple et l’inconsistance du motif retenu constitue un scandale. A l’inverse la dignité de la réaction du député Grégoire de Fournas est à souligner. « Je suis totalement innocent des faits que l’on me reproche. Je ressens cette sanction d’une sévérité inouïe avec une grande injustice. Mais respectueux de l’institution je m’y soumets ». Une déclaration qui fait honneur à son mandat.