Le pouvoir aux abois face à la crise énergétique

Pas de panique, mais en même temps, soyez prêts ! C’est le message que Macron a envoyé aux Français le week-end dernier. Mais en se voulant rassurant il n’a fait qu’ajouter à l’inquiétude générale.

Du coup, ce mardi, il s’est agacé critiquant « les scénarios de la peur ».

Comment informer sans affoler ? Comment prévenir sans alarmer ? Le pouvoir est aujourd’hui au pied du mur. Il sait qu’il va devoir affronter une situation de crise inédite face aux menaces de coupures d’électricité dans le froid hivernal. Par dessus tout il redoute de devoir assumer les conséquences économiques, sociales et politiques de son impéritie et de ses choix idéologiques. Comment expliquer aux Français qu’on les a trompés pendant dix ans en leur faisant croire qu’on pouvait se passer du nucléaire en investissant massivement dans des énergies renouvelables aléatoires comme l’éolien et le photovoltaïque ? Alors que notre pays disposait d’un parc nucléaire moderne et performant qui nous assurait l’indépendance énergétique et une électricité bon marché la décision prise par François Hollande de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité a été un véritable sabordage de la filière nucléaire.

Un changement de politique énergétique suicidaire que Macron a poursuivi en continuant à désinvestir alors qu’il eut fallu, au contraire, injecter dans le nucléaire les milliards d’euros dépensés pour l’éolien et le photovoltaïque. La fermeture des deux réacteurs de Fessenheim promise par Hollande et réalisée par Macron témoigne de cet aveuglement idéologique. Dix précieuses années ont ainsi été perdues et la France doit faire face aujourd’hui à une situation inédite. Elle se trouve contrainte d’importer de l’électricité qu’elle paye au prix fort à ses fournisseurs. Une hausse qui, malgré la bouclier tarifaire, risque de porter un coup fatal à bon nombre de sociétés et d’entreprises artisanales.
Les signaux d’alerte n’ont pourtant pas manqué. L’autorité de sûreté nucléaire(ASN) a très régulièrement adressé des recommandations aux gouvernements qui se sont succédé sous les quinquennats de Hollande et de Macron. Elle insistait particulièrement sur la nécessité de disposer de marges de sécurité pour faire face aux aléas climatiques et aux incidents de fonctionnement des centrales. Des recommandations qui ont été ignorées. Résultat, prés de la moitié de nos réacteurs nucléaires sont aujourd’hui à l’arrêt, souvent par manque d’entretien. Et il faut réactiver les anciennes centrales à charbon fermées ou sur le point de l’être. Bienvenu dans le monde d’avant !

Trouver des solutions

Mais surtout « pas de panique » a lancé Macron sur TF1 le 3 décembre. Pas très rassurant comme message, pour ne pas dire préoccupant pour cet adepte du « et en même temps ». D’autant qu’il s’est empressé d’ajouter que paniquer « ça ne sert à rien ». Tout est fait cependant pour préparer les Français à subir des « délestages », ces coupures d’électricité ponctuelles qui vont affecter notre vie quotidienne. Le scénario se précise un peu plus chaque jour. Les coupures seront de deux heures consécutives au maximum nous dit-on. Elles se feront quartier par quartier. Elles entraîneront la fermeture des écoles, l’annulation des trains, du métro et du tramway et la neutralisation des feux tricolores. Mais pas de panique, les habitants concernés par ces coupures seront prévenus 48 heures à l’avance le temps qu’ils prennent leurs dispositions. A eux de trouver des solutions pour faire garder les enfants privés d’école ou pour se rendre à leur travail. Pour les codes d’accès dans les immeubles et les ascenseurs ils devront aussi se débrouiller. Pas de panique non plus pour ceux qui chez eux sont sous assistance respiratoire et pour lesquels rien n’est prévu.

Mais parole de Macron, ce scénario catastrophe peut être évité si chacun y met du sien, fait un effort en observant scrupuleusement le plan de sobriété énergétique du gouvernement qui vise à réduire de 10% sa consommation habituelle d’électricité. « Ça dépend de nous » a affirmé Macron. Joli pirouette ! C’est donc nous qui allons être les responsables de la situation. S’il y a des coupures d’électricité ce sera de notre faute. S’il y a des drames, on saura qui sont les coupables. L’exécutif rejette d’avance toute responsabilité. Nous voilà prévenus ! Ces éléments de langage ont été repris en choeur par les ministres aux ordres qui ont osé parler de notre « responsabilité collective ». Quelle indignité ! Les Français subiront ainsi une double sanction. Victimes du choix aberrant de leurs dirigeants qui ont délaissé le nucléaire, ils devront supporter en plus les désagréments résultant de leurs errements. C’est vraiment se moquer du monde !

Mais « stop à tout ça » a déclaré Macron ce mardi. « Nous allons tenir cet hiver » a-t-il affirmé visiblement agacé par ces « scénarios de la peur » qu’il a pourtant largement contribué à mettre en place. Estimant que « ce débat est absurde » il a néanmoins fait preuve d’un étonnant mea-culpa. « Le rôle des autorités publiques n’est pas de transmettre la peur » a-t-il admis. L’éternelle histoire de l’arroseur arrosé !