Le réveil des Français va être brutal

Bercés d’illusions par un Etat protecteur qui leur a donné un salaire en contrepartie d’un confinement obligatoire, les Français vont devoir maintenant se remettre au travail. Et ce n’est pas gagné !

Fini le monde des Bisounours ! Dimanche soir à la télé, Macron a sifflé la fin de la récré. Il va falloir « travailler et produire davantage » a-t-il déclaré. Bref les Français vont devoir se retrousser les manches pour relancer l’économie française, touchée comme tous les pays par l’arrêt quasi-total de la production, mais aussi plus encore que d’autres en Europe.

Le Produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire la richesse de la France a reculé de 5,3% au premier trimestre alors qu’il baissait de 3,8% en moyenne dans la zone euro. Un recul qui pour l’Allemagne n’a été que de 2,2%. Un décrochage historique pour notre pays qui rejoint désormais le « club des cinq ». Ces pays d’Europe du Sud qui avec la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal présentent tout à la fois le taux de chômage le plus élevé et le niveau d’endettement le plus important.

Les Français sont-ils conscients de l’état catastrophique dans lequel se trouve notre pays sur le plan économique ? Il est permis d’en douter vu l’insouciance dans laquelle ils se trouvent face à la gravité de la situation. Jusqu’à présent la politique du carnet de chèques leur a masqué la réalité. L’Etat a pris en charge les salaires de 12 millions de chômeurs pendant la période du confinement, soit un salarié du privé sur trois. 500 milliards d’euros ont ainsi été généreusement distribués tant aux travailleurs qu’aux entrepreneurs. Un pactole qui vient s’ajouter aux 2300 milliards de la dette qu’il faudra bien rembourser un jour, sauf à la léguer en héritage à nos enfants et petits-enfants.

Eponger cette dette

Macron a assuré que le remboursement ne se fera pas par l’impôt, la France étant l’un des pays où la fiscalité est déjà la plus lourde au monde a-t-il reconnu. Il faudra bien, pourtant, trouver une solution. La dette accumulée pendant la crise ne disparaîtra pas comme par enchantement. Les économistes proposent chacun leur solution pour éponger cette dette. Rogner sur les dépenses publiques ne suffira pas davantage qu’espérer une croissance durablement forte. Seul point positif, les taux d’intérêt sont bas et devraient le rester.

Comment Macron compte-t-il s’y prendre pour relancer une économie dont Edouard Philippe a reconnu qu’elle était au bord de « l’écroulement » ? D’autant qu’en dépit des dizaines de milliards qui vont être injectés dans les divers secteurs de l’économie pour relancer la machine, cela ne suffira pas à sauver des entreprises, particulièrement celles dont la trésorerie était déjà fragile. Au Medef, on a calculé que chaque jour confiné coûtait plus d’un milliard d’euros à notre économie. « Chaque jour on s’endette. Chaque jour on dépense de l’argent. Il faut sortir de la perfusion le plus vite possible » a martelé Geoffroy Roux de Bézieux, le patron des patrons qui incite depuis plusieurs semaines déjà les chefs d’entreprise à reprendre leur activité.

Les premières conséquences de la crise se sont fait sentir dès le mois d’avril avec une hausse sans précédent de 22,6% du nombre de chômeurs. Et on n’est, bien sûr, qu’au début de la récession. Macron en est bien conscient. « Notre pays va connaître des faillites et des plans sociaux multiples » a-t-il déclaré lors de son intervention télévisée.

Baisse de 20% du PIB

Bruno Le Maire estime que 800 000 emplois seront perdus dans les prochains mois. Ils s’ajoutent aux 500 000 déjà supprimés au premier trimestre de cette année. De son côté l’INSEE a publié une note de conjoncture qui prévoit une baisse de 20% du PIB au deuxième trimestre. Du jamais vu en temps de paix ! La commission européenne n’est guère optimiste. Elle prévoit un taux de chômage de 9,7% pour la France en 2021 et un déficit public qui continuera à déraper à 4%. Des prévisions qui creusent encore un peu plus le fossé qui sépare la France de l’Allemagne avec un taux de chômage qui outre-Rhin devrait être de 3,5% avec un déficit public à 1,5%.

Qui peut raisonnablement faire confiance à un exécutif qui n’a pas su anticiper l’épidémie et qui après l’avoir nié a tardé à réagir ? Un pouvoir qui a été incapable de s’organiser pour fournir les masques et autres équipements indispensables au personnel soignant ? Un gouvernement dont la gestion calamiteuse de la crise a mis en danger la population et notamment les personnes âgées dans les Ehpad, premières victimes du Coronavirus ?

Au vu des résultats catastrophiques en termes de vies humaines sacrifiées on peut douter sérieusement de la capacité de l’Etat à relever l’économie française si durement frappée. Mais comme il faudra bien trouver l’argent quelque part et qu’il est tout à fait improbable que l’on crée un impôt « solidaire » pour le Covid, il faut s’attendre à un retour de l’inflation dans les prochains mois. A moins que la France ne décide, comme l’a fait l’Allemagne, de lancer un grand emprunt ! Mais compte tenu de l’état de son endettement, la Commission de Bruxelles l’autorisera-t-elle à le faire ?

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