Où va la France ? Un vent mauvais souffle sur notre cher et vieux pays. Tel un bateau pris dans la tempête il subit la violence des vagues déchaînées. Mais fidèle à son « quoi qu’il en coûte » son capitaine poursuit sa route, comme si de rien n’était. Au risque de faire couler le navire.
Macron est non seulement sourd face à la colère du peuple, mais il a aussi un talent certain pour la provocation. Il fallait en effet oser promulguer de nuit son impopulaire réforme des retraites quelques heures seulement après la validation du conseil constitutionnel. Un procédé relevant plus du caprice d’ado que de la volonté politique qui a été légitimement ressenti comme un bras d’honneur par les syndicats et au delà par les Français massivement opposés à ce projet. Mais Macron n’en a cure. Il est convaincu d’avoir raison contre tout le monde. C’est le peuple qui a tort! Tout juste reconnait-il aujourd’hui qu’il a fait l’erreur de ne pas s’impliquer suffisamment. Pêché d’orgueil! Qu’aurait-il-fait de plus sinon envenimer les choses! Il a un don incomparable pour susciter la colère et la détestation.
« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie, il ne faut pas être au dessus des hommes, il faut être avec eux ». Macron qui n’a pas eu d’expérience politique avant d’être élu à la tête de l’Etat devrait lire Montesquieu et surtout s’en inspirer. Cela lui éviterait de commettre bien des erreurs et de subir des déconvenues. A vouloir à toute force se rapprocher du peuple il ne fait que s’en éloigner. Sa côte de popularité est au plus bas. Selon un récent sondage Elabe pour BFMtv 69% des personnes interrogées estiment que sa réélection « a été une mauvaise chose pour la France ». Peu importe les manifestations d’hostilité, les concerts de casseroles qui accompagnent chacun de ses déplacements en province, Macron persiste et signe. Obstination et entêtement sont les moteurs de son action.
Situation éruptique
A-t-il oublié que le rôle d’un président de la République était d’abord de rassembler, d’être au-dessus de la mêlée ? Faut-il lui rappeler aussi qu’il est tenu par l’article 5 de la Constitution d’incarner l’autorité de l’Etat. Le triste spectacle de la réalité quotidienne de notre pays nous en démontre le contraire. Quel que soit le domaine où l’on se tourne la contestation a remplacé la négociation. La colère gronde partout dans le pays. La violence verbale des Insoumis tient lieu de discours à l’Assemblée. Chaque déplacement ministériel est accompagné de manifestations d’hostilité quand ce n’est pas une annulation pure et simple si la sécurité du dignitaire gouvernemental ne peut être assurée. Combien de temps encore cette situation éruptique va-t-elle durer ? La loi sur la réforme des retraites arrachée au 49-3 est un puissant carburant pour alimenter le feu de la contestation. Comme chacun campe sur ses positions le retour à une situation plus apaisée n’est pas encore à l’ordre du jour.
Faute de mieux le pouvoir essaye de faire diversion par des effets d’annonce soigneusement distillés. Gérald Darmanin est largement sollicité. Le ministre de l’intérieur qui nourrit des ambitions pour la prochaine présidentielle ne se fait pas prier. Ce représentant de l’aile droite de la Macronie qui a conservé des relations au sein des Républicains, son ancien parti politique, joue le rôle de rabatteur. Les voix de ces députés sont en effet indispensable pour voter les lois quand on n’a qu’une majorité relative. Alors Darmanin se dépense sans compter lorsqu’il s’agit de défendre les policiers mis en cause, pour dépêcher la CRS 8 dans une cité en ébullition ou renvoyer des clandestins dans leur pays. Mais le système a ses limites. On l’avait vu avec l’Algérie ou malgré sa visite sur place il n’avait pu obtenir d’Alger la délivrance de laissez-passer consulaires en nombre suffisant pour le retour dans leur pays des Algériens expulsés de France. On le voit actuellement avec l’opération « Wambushu » menée à Mayotte pour tenter de freiner l’immigration vers ce département français d’outre-mer. Non seulement les Comoriens s’opposent au rapatriement de leurs ressortissants en dépit des engagements pris avec la France, mais la justice a suspendu la destruction du premier bidonville, jugée « irrégulière », et « mettant en péril la sécurité des habitants ». Ceux qui bafouent nos lois ont vraiment tous les droits et l’Etat français est condamné à l’impuissance.