Les Ayatollahs de la pensée unique font leur retour en force

C’est un beau spécimen de la pensée unique que France Inter nous a dégoté pour son « Grand entretien » du 30 septembre. Présenté comme « philosophe et sociologue » Geoffroy de Lagasnerie ne fait pas dans le détail ni la demi-mesure.

Il annonce sa manière bien à lui de concevoir le dialogue quand il déclare sans ambages : « Je pense que nous perdons notre temps lorsque nous allons dans les chaines d’info débattre avec des gens inconvaincables (sic). Nous ratifions la possibilité qu’ils fassent partie de l’espace du débat. J’assume qu’il faut rétablir un certain nombre de censures dans l’espace public, pour reproduire un espace où les opinions justes prennent le pouvoir sur les opinions injustes ». Un discours d’une brutalité glaçante où le totalitarisme de la pensée s’exprime tranquillement, à l’état pur, sans la moindre nuance.

On reste stupéfait d’entendre pareils propos dans la bouche d’un professeur de philosophie et de sociologie qui dispense ses cours à l’Ecole nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. On tremble en imaginant les dégâts que cet intellectuel dévoyé, issu d’une famille de la bonne bourgeoisie provinciale, peut causer sur ses étudiants par son enseignement.

Un bourrage de crâne qu’il assume d’ailleurs dans ses propos comme dans ses livres car il s’est donné pour mission de transformer « les cerveaux malléables » de ses élèves afin qu’ils puissent plus tard « infiltrer » les institutions. Vaste programme pour ce disciple français des Ayatollahs ou des Khmers rouges de Pol Pot qui ne supporte plus de vivre dans son pays. « Nous vivons sous la droite depuis quarante ans et on n’en peut plus » s’exaspère le sociologue gauchiste dont la logorrhée mécanique rappelle les interminables péroraisons des soixante-huitards de l’époque.

Prophète de l’ultra-gauche

A quand les camps de rééducation ? Le temps de la révolution des idées est venu. Du passé faisons table rase pour bâtir une société nouvelle. Comment ? Par « la transformation radicale » qui passera nécessairement par la violence et « l’action directe » contre tout ce qui représente l’ordre établi. Tout cela annoncé tranquillement et de manière décomplexée par ce prophète de l’ultra-gauche en plein délire paranoïaque.

Le camp du bien autoproclamé (le sien évidemment) devrait pouvoir être le seul à prendre la parole sur les plateaux de télévision. Pas question de participer à des débats contradictoires – d’ailleurs parfaitement inutiles selon lui – tant il est persuadé de détenir la vérité. L’ultra progressisme est sa religion, sa vraie foi. Et comme pour tout croyant la foi ça ne se discute pas ! « Je suis contre le paradigme du débat et je l’assume » précise-t-il. En digne héritier de toutes les dictatures il est partisan du rétablissement de la censure afin que seules « les opinions justes » – pardi ! – puissent s’exprimer dans l’espace public.

Doit-on tolérer que l’on tienne pareils propos sur une chaine publique financée par l’argent du contribuable ? La question se pose. Certes minoritaire ce discours totalitaire semble revenir en force dans notre pays. On assiste depuis quelques années à la montée d’une vague d’intolérance. Faut-il rappeler les pressions de toutes sortes, notamment économiques, allant jusqu’à des menaces de mort contre la chaine d’info Cnews et ses journalistes pour tenter de faire interdire d’antenne le polémiste Eric Zemmour ? Doit-on rappeler que l’université française est gangrénée par des activistes d’extrême gauche qui tentent par tous les moyens de faire barrage aux opinions contraires à leurs idées.

Ainsi des conférences de personnalités aussi différentes que le député Jean Lassalle, la philosophe Sylviane Agacinski ou l’ancien président François Hollande, entre autres, ont-elles été annulées par des présidents d’université qui déclaraient ne pas être en mesure d’assurer la sécurité face aux menaces proférées par des associations féministes, antiracistes ou antifas.

Défendre la liberté d’expression

En réponse à ces manœuvres d’intimidation, plus d’une centaine d’universitaires, d’intellectuels et d’essayistes ont publié en novembre dernier dans le Figaro un manifeste qui déclare : « Chaque fois que les universités cèdent à ces menaces elles se déshonorent et trahissent leur mission. En effet leur rôle est d’offrir un espace de confrontation des idées qui favorise la réflexion et non un espace où le conformisme intellectuel s’impose en maitre. Elles doivent également favoriser l’émergence de l’esprit critique qui suppose toujours d’analyser toutes les données d’un débat pour se forger ses propres convictions. C’est cet esprit critique qui permet de résister au dogmatisme, ce cancer de la pensée qui empêche toute découverte et asservit l’homme ».

Un manifeste que les tenants de la pensée unique libérale-libertaire devraient méditer et relire chaque matin. Un exercice indispensable pour qu’ils gardent le contact avec le réel. Quand la journaliste de France Inter Sonia Devillers déplore à l’antenne (28 septembre) « la droitisation des plateaux de télévision » et demande au CSA de comptabiliser le temps de parole des éditorialistes des autres médias – dont les idées la dérange – au même titre que sont décomptés les temps de parole des hommes et des femmes politiques, non seulement elle fait passer ses idées avant les exigences de son métier, mais en plus elle méconnait la réalité de la vie politique française dont le centre de gravité s’est déplacé et penche aujourd’hui vers la droite.