Les Français vivent sous le régime de la peur. Jusqu’à quand ?

Les Français vivent dans la peur. Hausse du coût de la vie, inflation galopante, crise de l’énergie, menace de coupures électriques sont venus s’ajouter aux risques d’attentats terroristes, à l’insécurité grandissante et à la reprise de l’épidémie du Covid, Si l’on ajoute à cela les enjeux climatiques on comprend l’angoisse qui étreint nos compatriotes.

Les Français découvrent aussi et surtout qu’ils doivent payer les pots cassés de l’inconséquence de ceux qui nous gouvernent. Ne pas avoir imaginé qu’on manquerait d’électricité en décidant la fermeture des centrales nucléaires est proprement aberrant quand on sait qu’un réacteur nucléaire produit à lui seul autant d’électricité que 800 éoliennes. Autre énigme : pourquoi n’a-t-on pas formé suffisamment de médecins en France ? Car même avec ceux venus de l’étranger il subsiste des déserts médicaux. Dans les deux cas il s’agit d’un manque d’anticipation des pouvoirs publics. A quoi servent les experts en statistiques qui peuplent les ministères tout comme les cabinets de conseil grassement rémunérés ?

Les Français ouvrent les yeux sur une réalité qu’ils n’auraient jamais imaginé vivre. Devoir réduire drastiquement leur consommation électrique pour éviter les coupures de courant. Acheter des bougies ou des lampes à huile pour s’éclairer. Enfiler chez eux des pulls à col roulé pour se protéger du froid. Allumer des poêles à bois pour réchauffer la maison. Des images d’une autre époque qui redeviennent aujourd’hui d’actualité. Elles illustrent le déclassement que connaît notre pays, naguère deuxième puissance mondiale et qui se trouve aujourd’hui relégué au septième rang.

Les Français constatent aussi que la vie est de plus en plus chère et que les salaires ne suivent pas. Ils savent qu’ils devront un jour payer la vertigineuse facture du fameux « quoi qu’il en coûte », ce plan d’aides pour soutenir les entreprises pendant la crise du Coronavirus. L’argent magique est un leurre et il faudra bien un jour qu’on rembourse les milliards qui ont été prêtés. Tout cela pèse évidemment sur le moral des Français rudement mis à l’épreuve depuis quelques années et qui sont inquiets pour leur propre avenir, l’avenir de leurs enfants et celui de leur pays.

Selon un sondage publié le 19 novembre par l’IFOP 85% des Français craignent une explosion sociale dans les prochains mois. Ils sont neuf sur dix à s’inquiéter des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. Nos compatriotes sont bien conscients de la gravité de la situation. Si 45% d’entre eux disent faire confiance au gouvernement pour « aider les entreprises en difficulté en raison du Coronavirus » -ils étaient 52% après la fin du premier confinement- ils sont 55% à ne pas lui faire confiance. Une défiance qui est la conséquence des atermoiements de l’exécutif pendant la crise du Covid et de ses revirements politiques dans des domaines aussi importants que le nucléaire.

120 attaques au couteau par jour

Si l’avenir inquiète autant les Français, il faut aussi en rechercher les causes dans le quotidien qu’ils vivent. La délinquance, celle des mineurs particulièrement, est en constante augmentation. Les vols et les violences dans les transports en commun sont en hausse de 4% en 2021 par rapport à l’année précédente, cela représente une moyenne de 334 victimes par jour. En 2018, on comptait quotidiennement 40 agressions par arme blanche ou arme à feu. Des chiffres aujourd’hui dépassés puisque certains avancent le chiffre de 120 attaques au couteau par jour. Comment savoir puisque l’ONDRP(observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) qui depuis 2004 réalisait des statistiques sur la criminalité et la délinquance a été dissous en 2020 ? Il faut noter encore la nette augmentation des viols et des agressions sexuelles, certaines commises parfois en pleine rue.

Ces dernières semaines des « faits divers » révoltants ont secoué l’opinion publique. Ce fut l’agression particulièrement violente dont a été victime à Cannes une vieille dame de 89 ans frappée par trois jeunes voyous. L’horreur quelques semaines plus tard avec la découverte à Paris du corps de la petite Lola morte recroquevillée dans une malle dans la cour de la résidence où elle habitait. Plus récemment, on apprenait le calvaire subi par Jean 88 ans, roué de coups par deux ignobles barbares dans les sous-sols de son immeuble à Bezons et qui succombera à ses blessures quelques jours plus tard. Et pour couronner le tout cette agression au hachoir commise le 12 décembre à Jeumont, dans le département du Nord, par un individu qui a sérieusement blessé trois personnes dans un magasin Lidl. Des affaires qui ont défrayé la chronique et qui ont en commun d’être le fait de « chances pour la France ». Un hasard sans doute, car il n’y a bien sûr « pas d’amalgame entre immigration et délinquance » comme le dit Elisabeth Borne.

Qu’aurait pensé Roger Gicquel de l’état de la France d’aujourd’hui ? On se souvient que le journaliste de TF1 avait ouvert le 18 février 1976 son JT en lançant « La France a peur ! ». Une formule choc que le présentateur avait voulu énigmatique pour annoncer le sujet consacré au meurtre du petit Philippe Bertrand, 7 ans, par un certain Patrick Henry. L’émotion était alors à son comble dans le pays et le journaliste avait voulu calmer l’opinion pour « rejeter toute velléité de vengeance ». Il est vrai qu’à l’époque le meurtre d’un enfant était passible de la peine de mort ! Mais çà c’était dans le monde d’avant. Celui où les coupables subissaient leur châtiment ! Dans le monde d’aujourd’hui ce sont les criminels qui bénéficient de toute l’attention des juges.