Macron a dégringolé de son piedestal

Un gamin perdu, totalement déboussolé. C’est l’impression que donne aujourd’hui Macron après la claque monumentale qu’il a reçue aux législatives.
L’hôte de l’Elysée n’a pas vraiment compris ce qui lui arrive. Elu faute de mieux pour un second quinquennat le 24 avril dernier, il croyait, dur comme fer, continuer à exercer un pouvoir sans limites en s’appuyant sur une majorité docile. Conscient, néanmoins, qu’il avait été élu par défaut plus que par adhésion à son projet il avait promis aux Français au soir de sa réélection que son nouveau mandat « ne sera pas dans la continuité de celui qui s’achève ». Il ne croyait pas si bien dire ! Après le tsunami électoral des 12 et 19 juin qui a vu la majorité présidentielle fondre comme peau de chagrin il va devoir désormais apprendre à composer. La politique n’est pas toujours un long fleuve tranquille !

Tous ses plans, ses projets de réforme sont obsolètes après ce scrutin historique qui marque l’arrivée en force à l’Assemblée du Rassemblement national avec 89 députés, malgré un mode de scrutin défavorable. Le fameux « barrage républicain » qui, jusqu’à présent, faisait obstacle à l’élection des candidats RN a cédé devant la force de la déferlante populaire. On le savait fissuré. Le voilà définitivement détruit.

Si le parti de Marine Le Pen sort grand vainqueur de ces élections, on ne peut pas en dire autant de la gauche que l’illusionniste Mélenchon était parvenu à fédérer en deux semaines sous le sigle NUPES. Non seulement les résultats ne sont pas à la hauteur des espoirs mis dans cette union par les participants – encouragés il est vrai par les sondages qui plaçaient la NUPES au coude à coude avec Ensemble, la nouvelle appellation des candidats de la majorité – mais sitôt l’élection passée, on a vu chacune des composantes de ce rassemblement hétéroclite reprendre sa liberté. Le hold-up de La France insoumise (LFI) sur la gauche a donc échoué. Au grand dam de Mélenchon, l’homme qui voulait être roi, à défaut Premier ministre, et qui apparaît aujourd’hui comme le dindon de la farce électorale.

Mais le grand vaincu des législatives est sans aucun doute le président de la République. Son arrogance, sa suffisance, son mépris du peuple, son incapacité à lutter contre l’insécurité grandissante, l’émigration incontrôlée, et la pression incessante des islamistes sur nos institutions ont conduit ses troupes à une débâcle électorale sans précédent sous la Ve République. C’est en effet la première fois qu’un président de la République tout juste réélu n’obtient pas une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Un véritable camouflet pour celui qui en 2017 avait promis la « révolution » ! Aujourd’hui il se heurte au mur des réalités politiques.

Situation humiliante

La France est plus divisée que jamais. « L’ancien monde » qu’il a combattu renaît de ses cendres. Et c’est aux dirigeants de ces partis honnis que Macron lance aujourd’hui un appel désespéré pour tenter de sortir de la situation de blocage dans laquelle se trouve notre pays. Pathétique ! Où est donc passé Jupiter ? Descendu de l’Olympe, il se voit obligé de quémander le soutien de ses opposants pour faire passer ses réformes. Le voilà contraint de négocier au coup par coup pour pouvoir gouverner. Il sait qu’il ne lui sera fait aucun cadeau. Une situation humiliante comme il n’en a jamais connue ! D’autant qu’il est bien seul désormais. Deux de ses compagnons de la première heure sont tombés au champ d’honneur de la Macronie. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale et Christophe Castaner, patron des marcheurs et ancien ministre de l’Intérieur ont été renvoyés à leurs chères études par les électeurs. Et il sait qu’il ne pourra pas trop compter sur Elisabeth Borne qu’il a, peut-être, imprudemment nommé Premier ministre, lorsqu’il s’agira de mener d’âpres négociations avec les différentes oppositions pour faire avancer les dossiers difficiles d’un quinquennat qui s’annonce mouvementé.

La question du pouvoir d’achat, qui est au cœur des préoccupations des Français depuis l’automne avec notamment la hausse continue des prix des carburants et des matières premières promet des débats houleux dans l’hémicycle. Il y a urgence à prendre des décisions ! Autre dossier sensible : la réforme des retraites. Les discussions s’annoncent d’ores et déjà difficiles entre l’exécutif qui veut repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans et les syndicats qui y sont tous opposés. Le gouvernement devra aussi aborder le brûlant dossier du réchauffement climatique. L’épisode caniculaire que vient de connaître notre pays inquiète les spécialistes par sa précocité. L’été n’était pas encore commencé que des températures extrêmes pour la France étaient constatées sur différents points du territoire. L’importance et la rapidité des changements en cours dans le monde doit interpeller les dirigeants de notre pays comme ceux de la planète. La question dépasse le clivage droite-gauche. Europe écologie les Verts (EELV) a confisqué un dossier qu’elle traite par le petit bout de la lorgnette. Il est temps que les élus des Républicains et du Rassemblement national prennent à bras-le-corps la question du réchauffement climatique pour proposer leurs propres solutions.

La composition de la nouvelle assemblée nationale, plus représentative des différentes forces politiques, est une chance pour notre pays. Le rééquilibrage qui s’est opéré devrait permettre aux citoyens de s’intéresser davantage à la vie politique et d’en mieux comprendre les enjeux. La paix sociale a tout à y gagner !