« Les Français sont des veaux » disait le général De Gaulle, un tantinet méprisant pour ses compatriotes. Si l’on en croit les sondages qui placent Emmanuel Macron en tête des intentions de vote, il avait sans doute raison.
Car qu’est-ce qui peut pousser l’ancien ministre libéral Alain Madelin et l’ancien dirigeant communiste Robert Hue à s’engager derrière le leader d’En Marche si ce n’est l’ambiguïté du discours du personnage ? Dire tout et son contraire. Alterner le chaud et le froid semble bien être la marque de fabrique de ce candidat du troisième type qui se définit comme n’étant « ni de gauche, ni de droite ».
Un double discours qui n’est, sans doute, pas étranger à sa scolarité chez les Jésuites. Emmanuel Macron a, en effet, été élève du lycée La Providence à Amiens. Un établissement fondé par les Jésuites où Brigitte Trogneux-celle qui deviendra sa femme- enseignait le Français. Une formation qui, dira-t-il un jour à l’hebdomadaire La Vie, lui a apporté « une discipline de l’esprit et une volonté d’ouverture au monde ». Une bonne dose d’hypocrisie aussi! Pascal ne dénonçait-il pas déjà dans les Provinciales, le double langage et la perversité des Jésuites ?
On se souvient que lors du premier débat télévisé qui opposait les cinq principaux candidats Marine Le Pen lui avait lancé : « Vous parlez depuis six minutes et je serais bien incapable de résumer ce que vous avez dit ». François Asselineau l’avait tancé à l’occasion du second débat : « Vous êtes toujours d’accord avec tout le monde ». Tandis que Benoit Hamon s’était moqué lors d’un meeting : « Il faut qu’Emmanuel Macron parle à Emmanuel Macron pour qu’ils se mettent d’accord ».
Confusionnisme du candidat
Autant de répliques et de remarques qui mettent l’accent sur le confusionnisme* du candidat dont on ne peut nier, par ailleurs, la vivacité d’esprit ce qui le rend d’autant plus redoutablement dangereux. Qu’il s’agisse de la colonisation, de la durée du temps de travail, des indemnités chômage, du diesel, de l’impôt sur la fortune, du cannabis, les sujets ne manquent pas sur lesquels la position du candidat a changé et souvent du tout au tout.
Si le tollé provoqué par ses propos du 15 février dernier sur une chaîne de télé algérienne au sujet de la colonisation qu’il qualifie de « crime contre l’humanité » est encore dans toutes les mémoires c’est aussi parce qu’ils sont en contradiction avec ses déclarations au Point en novembre 2016 : « …en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes. C’est la réalité de la colonisation ».
Autre exemple de l’ambiguïté du personnage : les indemnités chômage. Le 30 janvier 2016, en déplacement à Saint-Nazaire, le ministre Macron déclare : « La dégressivité des allocations chômage fait partie des options dont les partenaires sociaux auront à discuter ». Le 9 novembre 2016 le candidat Macron affirme dans l’Obs : « Quand vous avez un taux de chômage de 10%, la dégressivité est la mesure la plus injuste qui soit ».
Revirement significatif aussi sur le diesel. « Il ne faut pas faire la chasse au diesel » assure-t-il le 4 août 2016 lors d’une visite en Auvergne sur le site de l’équipementier Bosch. Changement de discours le 9 février 2017 : « Je veux augmenter la fiscalité sur le diesel » annonce le même Macron aux responsables de l’ONG environnementale WWF France.
Le changement de pied est encore plus rapide concernant les 35 heures. « Quand on est jeune 35 heures ce n’est pas long. Il faut donc plus de souplesse » déclare-t-il à l’Obs le 9 novembre 2016. Mais le 11 décembre, seulement un mois plus tard, en meeting à Paris, porte de Versailles, plus question de souplesse : « La durée légale du temps de travail restera à 35 heures ». Comment faire confiance à un pareil candidat ? A-t-il seulement des convictions ? Candidat attrape-tout, il adapte son discours en fonction de son public et de son humeur.
Partisan de l’ouverture des frontières
Il serait injuste cependant de ne pas lui reconnaître une constance dans le discours en ce qui concerne l’accueil des immigrés. Macron est partisan de l’ouverture des frontières. Il se prononce en faveur d un accueil sans limite du flux migratoire dans lequel il voit un formidable atout économique en même temps que l’accomplissement d’un devoir moral pour l’Europe et pour la France. Reçu en janvier dernier par Angela Merkel il avait loué la politique d’accueil de la chancelière allemande qui avait accueilli un million d’étrangers en 2015. Il l’avait remercié d’avoir « sauvé nos valeurs communes » tout en reprochant à l’Europe de n’avoir pas « réagi comme elle aurait dû » en refusant le principe de quotas d’accueil par pays proposé par la chancelière.
Une position idéologique affirmée en faveur d’une large ouverture de l’Europe et de la France à l’immigration qui aurait pour finalité d’accélérer le « grand remplacement » en cours. L’angélisme doctrinal de Macron ne prend absolument pas en compte les conséquences catastrophiques qu’aurait une ouverture illimitée des frontières pour notre pays déjà confronté à une grave crise du logement, au chômage de masse, à l’insécurité grandissante, au terrorisme islamique, à la situation chaotique des banlieues, à l’installation de squats et de bidonvilles un peu partout en France et jusqu’au cœur de la capitale. Comment pourrait-il lutter contre la communautarisme- c’est du moins ce qu’il prétend vouloir faire- en laissant s’installer sur notre sol des populations étrangères qui se ghettoïseraient? Rapidement la France se trouverait en voie de libanisation avec partage du territoire entre communautés prêtes à en découdre. Bref, mettre ce doux rêveur à la tête du pays serait la certitude d’un chaos généralisé avec d’inévitables et tragiques conséquences. Il est urgent que les électeurs prennent conscience de cette réalité avant de mettre leur bulletin dans l’urne dimanche prochain.
- confusionnisme: fait d’entretenir la confusion dans les esprits et d’empêcher l’analyse objective des faits (Larousse).
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