Feu à volonté ! En politique tous les coups sont permis, parait-il. Mais les salves d’artillerie tirées ces dernières semaines contre le Front national, les moyens mis en œuvre pour tenter de contrer la colère grandissante des électeurs ont été, à l’évidence, disproportionnés en comparaison de l’enjeu des élections régionales.
Si l’on met à part les propos hystériques du bateleur d’estrade de Matignon et ses mises en garde contre les « risques de guerre civile » si le FN l’emportait dans une ou plusieurs région, les tirs de barrage ont commencé, le 1er décembre, avec la Voix du Nord qui titrait en une : « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète ! ». Le grand quotidien régional aurait-il perdu le Nord? Sur ces terres anciennement socialistes, sinistrées par la désindustrialisation et la mondialisation, gangrénées par l’immigration et l’insécurité, le bulletin de vote FN représente l’ultime espoir de ceux qui ne croient plus à la parole des gouvernants. Et ils sont de plus en plus nombreux !
Mélanchon-Le Pen même combat
Quelques jours plus tard, c’est Pierre Gattaz qui mettait à son tour en garde l’électeur-citoyen. « Le programme du FN c’est exactement l’inverse de ce qu’il faut pour relancer la croissance » assénait le patron du Medef qui comparait son programme avec celui du « programme commun de la gauche en 1981 ». Sur sa lancée il n’hésitait d’ailleurs pas à conclure : « Extrême gauche-extrême droite, c’est la même chose ; Mélanchon-Le Pen même combat ». N’en jetez plus ! A trop frayer avec Valls et Macron, Gattaz est manifestement victime de ses fréquentations.
Un homme du système
Entre les deux tours, et comme, malgré toutes ces mises en garde, le peuple avait tout de même « mal » voté, voilà que Stéphane Richard, PDG d’Orange (ex France télecom), un des patrons du CAC 40, décide de prendre les choses en mains : « On ne peut pas compter sur le personnel politique en place depuis 20 ou 30 ans pour offrir une alternative au FN, lâche-t-il. Il faut faire exploser les partis en place si l’on veut un renouvellement. On pourrait créer un nouveau parti, ou avoir un rassemblement citoyen contre le FN ». Etrange proposition de la part d’un dirigeant d’une grande entreprise ! il est vrai que Stéphane Richard est un homme du système. Il connait bien le monde de la politique pour avoir appartenu aux cabinets ministériels de Dominique Strauss-Kahn, Jean-louis Borloo et Christine Lagarde.
Financer des campagnes anti-FN
Mais le patron d’Orange va encore plus loin et lance une idée aussi farfelue que débile : « Je souhaite que les 10 premières fortunes de France, les Arnault, Pinault, Bouygues, Drahi, Niel, créent un fonds de 1 milliard d’euros pour financer les projets des jeunes, de la déradicalisation, des campagnes anti-FN ». Vous avez bien lu, avec ses copains ploutocrates, il n’a rien de mieux à proposer que d’apporter un soutien financier à des associations anti-FN. Un conseil : qu’il garde son argent. D’une part parce que son entreprise vient d’écoper d’une amende record de 350 millions d’euros pour entrave à la concurrence. D’autre part parce que cet argent serait gaspillé en pure perte. Comme il devrait le savoir, aucune des campagnes menées contre le Front national depuis 40 ans ne l’a fait reculer. Bien au contraire !
Enfin la cerise sur le gâteau de la bêtise revient incontestablement à Jean-Jacques Bourdin qui, mercredi dernier, sur RMC-BFMTV recevait le politologue Gilles Kepel. « Je voudrais revenir sur les liens…euh…entre Daech et le Front…enfin les liens, pas les liens directs entre Daech et le FN, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté… d’esprit, parce que l’idée pour Daech c’est de pousser la société française au repli identitaire ». C’est ce qui s’appelle raisonner comme un tambour ! Décidément oui, Marine les rend tous fous ! Et d’ici la présidentielle on n’a pas fini d’entendre toutes sortes d’âneries !