Le Figaro se fait un devoir de publier chaque année la liste complète de la promotion de la légion d’honneur telle qu’elle parait au Journal officiel du 1er janvier. Des noms célèbres y côtoient les anonymes, des obscurs dont on voudrait bien connaitre les mérites pour lesquels ils sont ainsi mis à l’honneur. Ils sont 600 hommes et femmes – eh oui là aussi la parité s’applique !– à recevoir le ruban rouge ou à être promu dans cet ordre prestigieux que Napoléon créa en 1802 pour honorer ceux qui avaient bien servi la patrie.
Deux siècles plus tard, en lisant les noms de ces anciens députés, de ces fonctionnaires à la retraite, de ces dirigeants de sociétés, de ces avocats ou de ces journalistes, on peut se demander s’ils n’ont pas, tout simplement, bien servi les… partis politiques.
C’est, bien sûr, le cas de Lionel Jospin. Le grand battu de l’élection présidentielle de 2002 est élevé à la dignité suprême de Grand croix de la légion d’honneur. Un comble tout de même pour cet ancien militant trotskyste devenu en 1997 Premier ministre de la cohabitation sous Chirac. Souvenez-vous ! C’est lui l’homme des 35 heures et des emplois-jeunes ! En 2002, suite à son échec retentissant à la présidentielle où il avait été éliminé par Jean-Marie Le Pen, il annonçait son retrait définitif de la vie politique. Ses amis socialistes ne l’ont pas oublié pour autant. Bartolone en particulier qui, devenu président de l’Assemblée nationale, l’a proposé pour entrer au conseil constitutionnel dont il est membre depuis le 6 janvier 2015.
Peu regardant en matière politique
Autre (pâle) figure politique à se trouver au tableau d’honneur : Lionel Stoléru. Cet universitaire qui a démarré en politique comme conseiller de Giscard d’Estaing en 1974 est devenu secrétaire d’Etat en charge des travailleurs manuels dans les gouvernements Chirac et Barre de 1974 à 1981. Peu regardant en matière politique il entre en 1988 dans le gouvernement socialiste de Michel Rocard (1988-1991) où il est chargé du Plan. C’est d’ailleurs comme candidat du PS qu’il sera élu député de l’Oise entre 1988 et 1993. Comme disait Edgar Faure « ce n’est pas la girouette qui change, c’est le vent ! ». Le voilà donc promu au grade de Commandeur de la légion d’honneur au titre du ministère….. de la justice. Taubira sait reconnaitre les siens !
Cette promotion restera celle de Charlie Hebdo puisque tous les collaborateurs du journal satirique assassinés le 7 janvier 2015 y figurent à titre posthume ainsi que les otages de l’hyper casher de la porte de Vincennes et les trois policiers victimes collatérales de l’équipée sanglante des trois djihadistes.
On regrettera cependant la faiblesse du contingent réservé au ministère de la Défense. Il est surprenant qu’alors que nos forces sont mobilisées sur différents théâtres d’opérations extérieures et qu’en France se déroule l’opération « sentinelle » aucun militaire n’ait eu droit dans cette promotion à la reconnaissance officielle de la nation. Les seuls à être distingués sont des fonctionnaires du ministère ou des industriels travaillant pour la Défense ou l’aéronautique. On est bien loin d’atteindre la proportion des 50% de places normalement réservées à l’armée !