Pénurie de carburant : est-elle subie ou voulue ?

La passivité du gouvernement dans le blocage des raffineries pose problème et suscite des interrogations. S’il voulait vraiment mettre un terme au conflit il s’en donnerait les moyens n’est-ce pas ? Or, c’est au compte goutte qu’il distille les réquisitions. Est-il à ce point dépassé ou aurait-il intérêt à voir perdurer cette situation que l’opinion publique a du mal à comprendre ?

Des queues interminables de voitures devant les stations-service. Des heures perdues à attendre pour faire le plein. Un prix du carburant, notamment du gazole, qui ne cesse d’augmenter. Voilà un mois que les Français sont les otages d’un conflit social dont ils ne voient pas l’issue.
Après avoir joué l’apaisement, se contentant d’appeler « à la responsabilité les directions et les représentants des salariés… pour ne pas pénaliser les Français » Macron veut maintenant trouver une solution « le plus vite possible » et « promet de faire le maximum ». Et tout l’exécutif lui emboîte le pas. Gabriel Attal juge « inacceptable » la poursuite de cette grève. Bruno Le Maire hausse le ton. Le ministre de l’Economie et des finances juge l’attitude de la CGT « inacceptable et illégitime » affirmant qu’il faut « libérer les dépôts de carburant et les raffineries ». Paroles, paroles ! chantait Dalida. En dépit des injonctions de l’exécutif et de la réquisition de quelques grévistes, la situation reste bloquée. Le tiers des stations-services est en manque partiel ou total de carburants. Et personne ne peut dire quand la situation va s’améliorer. L’exécutif est complètement dépassé. Elizabeth Borne qui s’était imprudemment risquée à l’annoncer pour la semaine dernière a été cruellement démentie par les faits. Tout comme Macron qui le 11 octobre sur France 2 nous promettait un retour à la normale « dans le courant de la semaine prochaine ». Encore raté !
Bref, le pouvoir ne sait plus quoi faire. Faute d’avoir anticipé ce conflit il est condamné à le subir. Et ce sont les Français qui font les frais de l’impuissance de ce gouvernement aujourd’hui dans l’impasse.

La nature n’attend pas

Un conflit qui dure et impacte directement l’activité économique du pays. Outre les salariés qui arrivent en retard ou ne peuvent se rendre à leur travail, la gréve touche le secteur des transports de marchandises et de la grande distribution. A la liste de denrées alimentaires comme l’huile, la moutarde, les pâtes ou le riz qui manquaient déjà aux rayons des grandes surface, risque de s’ajouter d’autres produits de grande consommation qui vont rester dans les entrepôts. Les milieux agricoles sont également touchés par cette pénurie. Les éleveurs et les producteurs sont de gros consommateurs de carburant. Certains ne peuvent déjà plus travailler tandis que d’autres prennent beaucoup de retard. Or la nature n’attend pas. « La saison des semis c’est maintenant ! » râlent les paysans qui demandent, tout comme les professionnels de santé à être considérés comme prioritaires.
L’impact de cette gréve se fait aussi sentir sur le tourisme. A quelques jours des vacances de la Toussaint, les hôteliers enregistrent un brutal coup de frein. Après deux années de restrictions sanitaires, ce secteur avait retrouvé des couleurs cet été. Mais la pénurie de carburant a brisé cet élan. Les annulations se succèdent dans les hôtels de la part de vacanciers inquiets de ne pas trouver d’essence, mais aussi de trains si la grève se prolonge à la SNCF.

Bref, six mois après sa réélection, Macron est enlisé dans une crise sociale qui est en train de paralyser le pays. Lui qui avait promis pendant sa campagne « une autre manière » de gouverner n’a rien appris et surtout rien retenu de son premier mandat. Face aux exigences outrancières de la CGT qui bloque les dépôts et les raffineries pour obtenir une revalorisation de 10% des salaires, il abandonne les Français à leur triste sort, signant là un aveu d’impuissance !
Faut-il prêter l’oreille à ceux, de plus en plus nombreux, qui pensent que « cette crise est voulue »? Des complotistes sans doute ! Pourtant comment ne pas s’interroger sur la simultanéité de la pénurie de carburant avec la publication des chiffres de la vente des voitures électriques qui est en forte augmentation nous dit-on. On souligne même qu’en septembre, le nombre de véhicules électriques immatriculés en France a, pour la première fois, dépassé celui des voitures diesel. 22481 véhicules électriques contre 20136 diesel. Faut-il être complotiste pour considérer que l’envolée du prix du gazole qui a augmenté de 30 centimes en un mois est purement fortuit ? Rien à voir sans doute, non plus, avec l’interdiction des moteurs thermiques par l’Europe en 2035 ! Mais comme toute médaille à son revers, l’avenir qui s’annonçait brillant pour la voiture électrique risque d’être assombri par des soucis d’approvisionnement sur certaines pièces et notamment les semi-conducteurs. C’est la guerre menée par la Russie en Ukraine qui en est la cause. Ces deux pays sont producteurs du krypton un gaz rare indispensable pour la production des puces électroniques. Et là, comme pour la grève, nul ne sait quand s’arrêtera ce conflit !