Les Français sont inquiets. Ils ont de bonnes raisons de l’être. Loin de les rassurer Macron, par ses déclarations, joue avec le feu. Quitte à se brûler les ailes.
Voilà un an que les troupes russes ont pénétré en Ukraine. Un an que dure ce conflit aux portes de l’Europe. Poutine avec ses chars et ses soldats pensait venir rapidement à bout de l’Ukraine. Il avait sans doute surestimé les capacités militaires de son armée qui jusqu’à présent n’est pas parvenue à s’imposer face à Kiev en dépit de ses frappes, nombreuses, contre les infrastructures civiles. La guerre s’enlise. L’Ukraine compte sur l’aide des occidentaux pour résister à Moscou. Zelensky exige toujours plus d’armes et de munitions. Etape après étape, à force d’insistance, il finit par avoir raison des hésitations, parfois des contradictions publiques des Européens qui lui livrent bon gré, mal gré l’armement qu’il réclame à cors et à cris.
Depuis le début de l’offensive russe, la France a ainsi livré à l’Ukraine 18 canons Caesar, le fleuron de l’artillerie française. Ces canons à longue portée qui peuvent parcourir une distance de 40 kilomètres avant d’atteindre leur cible avec une précision d’un mètre. Elle a aussi fourni à Kiev des radars, des systèmes de défense anti-aériens ainsi que des missiles anti missiles… sans compter les instructeurs pour former les combattants. Mais ce n’est pas suffisant pour Kiev qui réclame toujours plus. Les Ukrainiens veulent des chars lourds. Des engins coûteux et sophistiqués que seuls les Américains et les Allemands se sont engagés à leur fournir pour l’instant. Ils sont aussi demandeurs d’avions de combat pour remplacer les vieux Mig de l’époque soviétique.
Les occidentaux vont-ils encore céder à Zelenski qui est toujours dans la surenchère ? Répondre favorablement à cette demande pourrait avoir de graves conséquences. Jusqu’à présent l’envoi d’armes et de munitions a pour seul objectif de permettre à l’Ukraine de se défendre. La fourniture d’avions de combat marquerait une étape supplémentaire dans l’escalade. Comment réagiraient les Russes si des avions fournis par les pays occidentaux lâchaient des bombes sur leur territoire ? On comprend les hésitations des uns et des autres devant les conséquences prévisibles d’une pareille décision. Macron est lui aussi dans l’expectative, tout en expliquant que cette possibilité « n’est pas exclue ». C’est ce qui s’appelle « jouer avec le feu ». Le doux rêveur de l’Elysée est-il conscient des conséquences pour notre pays si Poutine utilisait l’arme nucléaire comme il l’a déjà laissé entendre ?
Crainte d’une guerre mondiale
Personne aujourd’hui ne voit d’issue à ce conflit. Une incertitude qui inquiète légitimement les Français. Un récent sondage indique que 80% d’entre eux s’alarment des conséquences de ce conflit. Il influe certes sur leur vie quotidienne, mais c’est surtout la crainte d’une troisième guerre mondiale avec le risque nucléaire qui les préoccupe. La position de la France sur ce dossier sensible est ambigüe. « Je veux la défaite de la Russie et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement » a récemment déclaré Macron. Toujours la stratégie du « en même temps ». Autrement dit c’est parler pour ne rien dire ! Sans doute conscient que son positionnement manque de clarté Macron ajoute : « Je ne pense pas comme certains qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer au sol. Les observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais ». Ouf, nous voilà rassurés ! Poutine doit sûrement être soulagé par ces précisions.
Des propos qui ne font pas, en revanche, les affaires de Zelensky. « Il n’y a pas d’alternative à la victoire de l’Ukraine, pas d’alternative à l’Ukraine dans l’Otan » assure celui-ci dans sa stratégie jusqu’au-boutiste. Le leader ukrainien veut la victoire totale de son pays. C’est d’ailleurs sur ce préalable qu’a été élaboré le plan de paix en dix points qu’il promeut auprès de ses alliés occidentaux. Sans grand succès d’ailleurs. Jusqu’à présent seule l’Autriche et Israël avaient accueilli favorablement cette initiative rejetée catégoriquement par Moscou. Dimanche 19 février Macron a déclaré qu’il « soutiendrait cette initiative sur la scène internationale lors des prochains événements diplomatiques ». Pourquoi cette prise de position soudaine alors que le « plan de paix » de Zelensky est connu dans ses grandes lignes depuis septembre dernier ? Inquiétant !
D’autant qu’on apprend que l’Armée française a entrepris depuis le 20 février un exercice hors norme en Occitanie. De Sète à Cahors, en passant par Castres et Caylus pas moins de 7000 hommes des troupes aéroportées, dont la 11e BP « la brigade de l’urgence », y participent. Des préparatifs grandeur nature rapportés par La dépêche du Midi (15/02) qui souligne que « Orion 23 s’inscrit bien sûr désormais dans le contexte de la guerre en Ukraine-illustrant par le pire la réalité des combats à haute intensité-et au-delà une situation internationale bien dégradée ». Elucubrations journalistiques ? « L’objectif d’Orion 23 est bien de montrer la capacité de la France d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations mais aussi de prendre la tête d’une coalition internationale » confirme un militaire. On croit évidemment rêver ! On se dit qu’il n’est pas envisageable d’entrer en confrontation ouverte avec la Russie ! Que c’est un combat perdu d’avance qui nous priverait de nos meilleures unités, de nos troupes d’élite ! Et pourtant c’est bien ce qui se prépare avec cet exercice hors norme qui doit durer jusqu’à la mi-mars et qui plus tard se prolongera dans le nord-est de la France, en Bretagne et en Aquitaine. On croyait la guerre froide terminée, Macron, en perte de vitesse sur le plan international, croit pouvoir redorer son blason par de ridicules gesticulations. Pitoyable !