Présidentielle: la victoire de Macron laisse une France encore plus divisée

Comme prévu le candidat du système l’a emporté. Une victoire par défaut, une fois de plus, qui révèle l’état profond de division dans lequel se trouve notre pays.

Le premier tour de la présidentielle, atypique à bien des égards, avait révélé l’existence de quatre blocs se situant autour de 20% des suffrages. Une première sous la Ve République. Le report des voix de François Fillon (LR) et de Jean-Luc Mélanchon (La France insoumise) éliminés de ce premier tour était l’enjeu principal du scrutin du second tour qui allait se disputer entre Emmanuel Macron(En marche) et Marine Le Pen(Front national).

On ne pouvait imaginer visions politiques plus opposées entre le camp des euro-mondialistes et celui des souverainistes. Tandis que le candidat de la droite et du centre appelait à voter en faveur de Macron, Jean-Luc Mélanchon ne donnait aucune consigne de vote à ses partisans. Le Front national de son côté recevait le renfort du parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan.

Mais le combat était trop inégal. La balance penchait en faveur du côté du candidat de la mondialisation donné favori par les sondages à 60% contre 40% à Marine Le Pen. Un rapport de forces qui ne devait guère évoluer jusqu’au pitoyable débat de l’entre deux tours et l’attitude tantôt hargneuse, tantôt moqueuse de la candidate du Front national qui lui fera perdre de 6 à 8 points. Bref le résultat de l’élection est sans appel Emmanuel Macron l’emporte sur Marine Le Pen avec 66% des suffrages contre 34% à sa concurrente.

Un succès à relativiser

Un succès qu’il convient cependant de relativiser. En effet si l’on prend en compte les abstentionnistes dont le taux de 25,44% est le plus élevé depuis l’élection présidentielle de 1969 (31,1%) et si l’on y ajoute les 4 millions d’électeurs qui ont glissé dans l’urne un bulletin blanc ou nul – record absolu sous la 5e République – on constate qu’Emmanuel Macron n’a recueilli les voix que de 43,6% des inscrits.

Si l’on examine les motivations de ses électeurs on constate que 43% d’entre eux ne lui ont accordé leurs suffrages que pour faire barrage à la candidate du Front national. 33% ont voté pour le renouvellement. 16% seulement pour son programme et 8% pour sa personnalité. Pas de quoi pavoiser effectivement !

Trois millions de voix de plus

A l’inverse, Marine Le Pen, perdante du second tour, peut se flatter d’avoir recueilli plus de dix millions de voix, soit trois millions de voix de plus qu’au premier tour. Le meilleur score, et de loin, jamais obtenu par le FN à une élection. Elle gagne désormais des voix dans des catégories qui lui étaient plutôt réticentes comme les fonctionnaires, les syndiqués et les catholiques pratiquants.

Un sondage réalisé en mars dernier par le baromètre Kantar Sofres pour France info et le Monde indique que la part des Français en accord avec le Front national est passé de 18 à 33%. C’est en matière de sécurité, d’identité et de contrôle de l’immigration que l’adhésion est la plus forte. Les Français sont à 72% d’accord pour la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux. Ils estiment à 67% que la justice n’est pas assez sévère et à 66% qu’on ne défend pas les valeurs traditionnelles de la France.

59% d’entre eux veulent qu’on donne plus de pouvoirs à la police. Une majorité d’entre eux (52%) dénonce les droits trop importants accordés à l’islam et aux musulmans et 51% déplorent le trop grand nombre d’immigrés dans notre pays.

Un sondage qui explique l’enracinement idéologique du FN avec pour conséquences la banalisation du vote frontiste et la porosité des électorats entre la droite et le Front national. Une lepenisation des esprits prélude à une recomposition politique de l’électorat patriote qui passera par les électeurs avant d’atteindre les dirigeants des partis connus pour leur frilosité.