Si les circonstances de l’accident de Puisseguin (Gironde) dans lequel 43 personnes ont trouvé la mort le 23 octobre dernier sont connues, les causes de l’incendie qui a embrasé et totalement détruit en quelques minutes le poids lourd et le car de tourisme sont encore à déterminer.
Selon la version officielle donnée par le procureur de la république de Libourne dans les jours qui ont suivi cette tragédie le feu aurait été provoqué par une tige métallique d’un peu plus d’un mètre qui sous le choc a « perforé et traversé la carrosserie du tracteur et éventré le réservoir additionnel de carburant situé juste derrière la cabine du camion ». Toujours, selon le procureur, ce percement a créé « les conditions requises pour la création d’un nébulisat, une projection de fines goutelettes ». Et les gendarmes d’ajouter : « Un nébulisat de pétrole s’enflamme très facilement par une flamme ou un point chaud ». Pour les enquêteurs la projection de gasoil « se serait enflammée au contact d’une surface chaude telle qu’un élément d’échappement, de mécanique, ou de toute autre forme d’énergie que les experts détermineront, avant de se répandre sur le pare-brise de l’autocar qui s’est brisé et affaissé…facilitant ainsi l’introduction du carburant enflammé dans l’habitacle ».
Rapidité de propagation de l’incendie
Cette version qui met en cause le réservoir additionnel du camion ne répond cependant pas à la question de la rapidité de la propagation de l’incendie. « Avez-vous vu du gazole s’enflammer aussi facilement et rapidement au point de mettre le feu aux deux véhicules dans un très court laps de temps ? » interroge un spécialiste qui pointe du doigt le nouveau gaz utilisé dans le système de climatisation du bus. Appelé R 1234 yf ce gaz réfrigérant est obligatoire dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2013. « Il a été imposé par les technocrates de l’UE malgré les mises en garde des constructeurs automobiles » explique notre expert qui ajoute : « Il est très dangereux, car explosif, inflammable très rapidement et toxique. Ce qui explique la rapidité de l’incendie des deux véhicules ». C’est d’ailleurs pour cette raison que le constructeur allemand Mercedes a refusé son utilisation lui préférant l’ancien gaz R 134 a, ce qui lui a valu l’interdiction d’importation de ses cars en France (notre encadré, ci-après).
Fluorure d’hydrogène très toxique
Un gaz qui, de surcroît, en brulant dégage du fluorure d’hydrogène très toxique qui, au contact de l’eau, se transforme en acide fluorhydrique, d’où le danger pour les pompiers. « Les victimes n’avaient aucune chance de s’en sortir vivantes ou alors de s’en sortir soit intoxiquées, soit brûlées par l’acide et le feu ».
Ce spécialiste qui tient à rester anonyme rappelle que la D 17 où s’est produit l’accident a été fermée à la circulation pendant plus de deux semaines et que les journalistes ont été tenus à l’écart des opérations. Que des employés de la DDE ont raclé les bas-côtés de la route afin de remplacer la terre polluée par l’acide fluorhydrique par une nouvelle terre. Des révélations troublantes !
On attend désormais avec beaucoup d’intérêt les conclusions définitives des experts sur les circonstances précises de cet accident, l’un des plus meurtriers qu’ait connu notre pays.
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Le dossier à charge de Mercedes
Till Conrad qui a présidé Mercedes-Benz France jusqu’ à fin 2013, a élaboré un dossier à charge concernant le nouveau gaz. « Nous avons la preuve qu’en cas de fuite, notamment à la suite d’un choc, le gaz s’embrase quasi instantanément. Il enveloppe rapidement la voiture et les passagers ont peu de temps pour en sortir, car ils sont victimes d’étouffement. Avec nous les premiers détracteurs de ce gaz sont les pompiers » affirmait-il.