Ballotée entre le relativisme et le dogmatisme notre époque a perdu le sens du réel. Les repères qui jalonnaient et permettaient la vie en société ont été progressivement effacés. L’idéologie du changement pour le changement a semé un désordre tel que les équilibres naturels s’en trouvent gravement perturbés.
Insidieusement la théorie du relativisme s’est invitée dans nos vies. Rechercher la Vérité n’a plus de sens puisque chacun possède sa vérité. Il suffit d’assister à un débat télévisé pour s’en convaincre.
L’obsession du changement qui fascine tant nos dirigeants politiques « progressistes » est cependant source de fragilité pour la démocratie. C’est pour répondre à « la souffrance » des couples de lesbiennes et de femmes célibataires en mal d’enfants que le comité consultatif national d’éthique (CCNE) vient de donner son feu vert à la PMA. Une procédure médicale qui était réservée jusqu’à présent aux couples hétérosexuels souffrant d’infertilité reconnue. Quoi qu’elle s’en défende cette instance composée a priori de « sages » reconnaît aujourd’hui hypocritement « le droit à l’enfant » alors qu’elle le refusait en 2005 redoutant que la médecine soit « simplement convoquée pour satisfaire un droit individuel à l’enfant ». L’éthique médicale d’hier ne serait-elle plus celle d’aujourd’hui ? Est-elle versatile au point de s’adapter aux avancées techniques médicales ou de se conformer à l’idéologie des gouvernants du moment ?
Comment faire confiance à ce CCNE qui prétend s’opposer pour l’heure à la GPA et au risque de marchandisation du corps que fait courir le recours aux mères porteuses ? Car le principe égalitariste qui est un des marqueurs de notre société décadente conduira nécessairement et inéluctablement à la GPA… et à un nouveau revirement du CCNE.
L’une après l’autre toutes les barrières éthiques – nous devrions écrire les garde-fous – tombent. Qu’on se souvienne des débats houleux à l’Assemblée nationale autour du Pacs. C’était en 1998. Il y a tout juste vingt ans ! A l’époque les anti-Pacs derrière Christine Boutin prédisaient que ce projet ouvrirait la voie au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. Ils avaient raison !
Il faudra attendre 2013 pour que la sinistre Christiane Taubira fasse voter une loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe. Tout cela, bien sûr, au nom de l’égalité et de la justice et en dépit des manifestations monstres d’opposants au mariage pour tous dans tout le pays en 2012 et 2013.
Dans une interview à l’Obs (17/2/2017) Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle la jouait profil bas : « L’une des erreurs fondamentales de ce quinquennat a été d’ignorer une partie du pays qui a de bonnes raisons de vivre dans le ressentiment et les passions tristes » déclarait-il alors. Avant d’ajouter : « On a humilié cette France là ! »
Devenu président celui qui se veut l’initiateur d’un « nouveau monde » va-t-il se glisser dans les pas de ses prédécesseurs ? Les états généraux de la bioéthique, grande consultation citoyenne qui s’est déroulée en début d’année, ont montré des différences profondes dans les avis, mais avant tout que les Français avaient besoin de retrouver des repères. Le rapport de synthèse souligne qu’« on perçoit une interrogation et même une inquiétude à propos des motivations des médecins et des scientifiques, et sur la notion même de progrès pour l’homme et l’humanité ».
Les dangers des avancées scientifiques ne sont plus à prouver. Envisager la science sans prendre en compte l’aspect moral revient à prendre des risques considérables pouvant mener l’humanité à sa perte. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » soulignait déjà Rabelais. Aussi est-il important que chaque citoyen ait un regard critique sur toutes les décisions et limite par des barrières ce que d’aucuns considèrent comme un progrès.
On ne peut, on ne doit pas traiter l’humain comme une chose sous peine d’en arriver un jour à l’eugénisme avec la sélection et la manipulation des embryons. Puisse le projet de loi gouvernemental qui sera présenté le mois prochain prendre en compte tous ces aspects avant d’arriver en discussion devant le parlement au début de l’année prochaine. Avancer n’est pas une fin en soi si l’on ne sait pas où l’on va !