Coucou…et revoilà Bernard Tapie !

On le croyait groggy, fini, terrassé. Il n’en était rien. Condamné à rembourser les 404 millions d’euros reçus dans l’affaire de la vente d’Adidas en 1994, Bernard Tapie remonte sur le ring. Et le voilà bien décidé à replonger dans le chaudron de la politique. Pourtant la politique il avait bien juré que c’était fini. Il en avait même fait la promesse à sa femme qui l’avait menacé de divorcer au cas où il changerait d’avis. Mais Tapie n’en est pas à une contradiction près. Pour faire parler de lui, pour revenir sous le feu des projecteurs de l’actualité, il est prêt à tout. Il lui suffit d’un prétexte. Et le prétexte « Le Nanard »- comme il s’était baptisé lui-même aux « Guignols de l’info »-il l’a trouvé, pardi, avec les Régionales et les résultats obtenus par le Front national.

Interdire le chômage des jeunes

C’est « un signal d’alarme » prévient celui qui veut « refaire de la politique » pour en découdre avec le Front national. Et que propose-t-il pour « faire quelque chose face au Front national » ? « Un plan pour interdire le chômage des jeunes ». Bon sang, mais c’est bien sûr ! Pourquoi personne n’a jamais eu cette idée ? Interdire le chômage, voilà la solution. Et puis pourquoi se limiter au chômage ? Tant qu’on y est on pourrait aussi interdire la pauvreté, la maladie, les infections bactériologiques…bref tous les maux qui menacent notre société.

Il est doté d’un phénoménal culot l’homme qui après avoir connu la fortune en affaires en rachetant pour l’euro symbolique des sociétés en liquidation, qui a eu son heure de gloire en politique en devenant ministre de la ville sous Mitterrand, qui a fait de l’OM un grand club sportif, qui a touché avec succès à la télévision, au théâtre, au cinéma et que sais-je encore…l’homme qui après avoir été au sommet de la popularité et de la réussite a été mis en faillite personnelle, saisi par la justice, jeté en prison. L’homme qui se dit aujourd’hui ruiné et qui parlait de se suicider en février dernier lorsque la Cour d’appel de Paris a annulé la sentence arbitrale de juillet 2008 et l’a condamné à rembourser le Crédit Lyonnais, le voilà qu’il resurgit. Tel un culbuto, cette grande gueule de Tapie a une incroyable capacité à rebondir là où on ne l’attend pas et surtout quand on le croit KO.

Il a plus d’un tour dans son sac

En attendant avec une certaine curiosité de connaitre ce fameux « plan Tapie » pour l’emploi des jeunes, on peut néanmoins se poser quelques questions. Et d’abord comment compte-t-il rembourser les 404 millions qu’il doit au Crédit Lyonnais ? Compte-t-il sur la politique pour s’acquitter de sa dette ? Dans un pays où les hommes politiques sont discrédités il n’est pas absurde de se poser la question. Car, ce diable de Tapie a plus d’un tour dans son sac. Politiquement il se situe à gauche. C’est sous l’étiquette du MRG (mouvement radical de gauche) qu’il a été élu par deux fois député dans les Bouches-du-Rhône. Mais lors de la présidentielle de 2007 il a soutenu Nicolas Sarkozy contre Ségolène Royal, ce qui lui a valu l’exclusion du mouvement, et inversement une complicité certaine avec l’ancien chef de l’Etat qui l’a reçu de nombreuses fois à l’Elysée pour parler, selon des sources bien informées, « de vélo, de fric et de politique ». Mais aussi, n’en doutons pas, de l’affaire du Crédit Lyonnais et de la cour arbitrale qui avait tranché en faveur de Tapie. Emettons une hypothèse : celle de l’éventuelle candidature de Nanard aux présidentielles de 2017. Rien que pour embêter l’hôte actuel de l’Elysée qui veut sa ruine et l’empêcher d’être au second tour. Comme Jospin en 2002. Et cela au profit de qui ? Vous avez bien suivi !