Les événements graves qui se sont déroulés le week-end dernier à Sainte-Soline en disent long sur l’état de déliquescence de notre société.
Comment peut-on accepter que quelques milliers de manifestants prennent le risque insensé de s’opposer à un projet d’intérêt commun ? En ces temps où l’eau se fait rare et donc précieuse pour notre survie le projet de créer des réserves d’eau dans notre pays est d’une nécessité vitale. S’y opposer au nom d’une idéologie dévoyée est criminel.
Samedi dernier, la manifestation organisée sur le site de la méga-bassine avait été interdite par la préfecture. En bravant l’interdiction, les opposants à la construction de ce réservoir d’eau géant savaient qu’ils prenaient des risques. Le précédent du 29 octobre dernier où 61 gendarmes avaient été blessés plus ou moins sérieusement avait conduit les autorités à renforcer le dispositif et à doter les forces de l’ordre d’un arsenal plus conséquent. Outre les grenades lacrymogènes, ils disposaient de LBD et de grenades de désencerclement pour assurer leur propre protection. Pas de quoi cependant décourager les éléments les plus radicaux qui ont affronté pendant des heures les forces de l’ordre. Des scènes de guerre civile avec jet de cocktails molotov et utilisation d’engins incendiaires. Bilan : 47 blessés du côté des gendarmes mobiles dont deux grièvement atteint, 5 véhicules de gendarmerie incendiés, 200 blessés annoncés parmi les manifestants parmi lesquels deux sont dans un état préoccupant.
Un miracle s’il n’y a pas eu de mort ce jour-là ! Car le niveau de violence a été d’une rare intensité. Une situation inquiétante dans un pays en ébullition depuis des semaines secoué par des mouvements de grève et des manifestations de rue qui prennent parfois un tour violent avec le saccage du mobilier urbain et des commerces. Face à une telle situation chaotique il est indispensable de réagir avec vigueur. Dénoncer un « déferlement de violence intolérable » ne suffit pas ! Il faut prendre des mesures d’urgence, engager des poursuites contre les responsables de cette manifestation interdite pour troubles à l’ordre public ?
Les Black-blocs intouchables
Darmanin qui avait pointé « l’ultra gauche » et ceux qu’il appelle les « Black Bourges » a enfin décidé de passer de la parole aux actes. Il a annoncé qu’il allait demander la dissolution du mouvement d’extrême gauche « Les soulèvements de la terre », un « groupuscule » regroupant d’anciens zadistes de Notre-Dame des Landes qui s’est illustré par des actions violentes contre les forces de l’ordre à Sainte-Soline, mais aussi contre des entreprises ainsi que par des « appels à l’insurrection ». « Ce n’est pas l’extrême gauche qui va l’emporter ! » avait-il récemment affirmé. Les Black-blocs, par contre, ne sont pas dans le viseur du ministre de l’Intérieur. Sont-ils les intouchables de la République ?
On peut s’interroger sur les raisons d’une telle mansuétude vis-à-vis d’individus qui sont en rupture avec le système, qui refusent les règles institutionnelles et font ouvertement sécession? La présence parmi les manifestants de Sainte-Soline d’élus écologistes et de La France insoumise y serait-elle pour quelque chose ? « Il y a un réel projet politique mené par LFI qui tente de délégitimer l’ordre raisonnable, nos institutions, les outils institutionnels » analyse Macron. Mais n’est-il pas lui-même responsable de la situation ? N’est-ce pas lui qui par son entêtement s’est mis dans l’impasse dont il ne sait plus comment sortir ? L’Etat doit être au service du bien commun. Il doit assurer l’ordre public sans lequel il n’y a pas de liberté. Sa priorité doit être la recherche de l’intérêt général. La répression doit être mise en œuvre contre ceux qui veulent faire prévaloir leurs intérêts particuliers sur le bien commun. Des principes fondamentaux qui devraient guider nos gouvernants mais que ceux-ci semblent avoir oubliés depuis longtemps. La faiblesse de l’Etat, aujourd’hui patente, constitue un réel danger pour nos libertés tant individuelles que collectives. Souvenons-nous de cette citation de Paul Valéry : « Si l’Etat est fort il nous écrase. S’il est faible nous périssons ». Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins.