La honte ne l’étouffe pas, c’est le moins qu’on puisse dire ! En ciblant Eric Zemmour le mentor de la droite fait un aveu de faiblesse.
C’est à l’occasion d’une prise de parole, dans l’après-midi du 8 novembre devant le Chinese business club, un club d’affaires franco-chinois que l’ancien président de la République s’en est pris à Eric Zemmour. Une attaque d’une rare violence à la mesure de l’inquiétude de la classe politique face à la montée dans les sondages de celui qui n’est pas encore candidat. « Toute parole ne se vaut pas. Tout le monde n’est pas capable d’être un homme d’état » a déclaré Sarkozy « le droit à la parole n’existe pas. Ca se mérite. Tu veux monter sur scène ? OK, c’est 40 ans de cicatrices ».
Sarkozy, en donneur de leçons ! Un comble ! Qui est-il pour décerner des brevets d’homme d’état ? Juger de ce que doit être le parcours d’un candidat à l’élection présidentielle ? Décider de qui a le droit de parler ? Quelle conception de la démocratie ! La politique est-elle une chasse gardée réservée à une certaine élite ? A une caste d’intouchables ? En tirant à boulets rouges sur Eric Zemmour, Sarkozy a commis de graves erreurs. Oser déclarer à propos de celui qui a été pourtant membre de son parti : « Quand on n’a pas beaucoup de racines, on essaye de s’en donner. Et plus on est hors sol plus on essaye de se raccrocher à un courant politique » c’est non seulement indigne, mais c’est surtout grotesque.
L’ancien locataire de l’Elysée n’a-t-il pas encore compris que l’heure était au « dégagisme », au grand coup de balai. Que le peuple de droite était méfiant à l’égard des partis politiques, de ses dirigeants et de leurs promesses auxquelles ils ne croient plus depuis longtemps.
Tous les sondages vont dans le même sens. Les Français veulent du neuf, de l’authentique, du concret. Ils veulent surtout pouvoir de nouveau croire dans leurs dirigeants, être rassurés quant à leur avenir et celui de leurs enfants. Un sondage Ipsos réalisé en septembre 2020 révélait qu’ils étaient 82% à réclamer à la tête du pays « un vrai chef pour remettre de l’ordre ». Toutes tendances partisanes et catégories socio-professionnelles confondues, nos compatriotes réclament, avant tout, le retour de la sécurité. Ils sont exaspérés par la délinquance du quotidien, les agressions de policiers, l’impunité dont jouissent les délinquants dans les cités. Ils réclament plus de sévérité de la part des juges. Une radicalisation de l’opinion confirmée par le sondage CSA pour Cnews du 4 novembre qui indique que pour 93% des Français « la sécurité est une préoccupation importante ». Elle sera au centre des débats de la prochaine élection présidentielle.
Une quasi idolâtrie
On comprend que l’irruption sur la scène politique d’Eric Zemmour perturbe le scénario que l’on croyait écrit d’avance avec un second tour opposant Macron à Marine Le Pen. Un duel se concluant inévitablement par la victoire de l’actuel chef de l’etat. Pour Nicolas Sarkozy dont on connaît la proximité avec Macron, le succès grandissant du polémiste dans l’opinion est une vraie catastrophe. Zemmour est hors de contrôle. C’est un missile qui lui échappe totalement. Or l’ancien locataire de l’Elysée qui conserve une forte influence auprès de sa famille politique, en dépit de ses condamnations et de ses démêlés judiciaires, joue le rôle de « parrain » de la droite. A tel point que les candidats à la primaire des Républicains se succèdent dans son bureau, l’appellent au téléphone ou l’invitent à déjeuner pour s’assurer ses bonnes grâces. Sarkozy n’en soutient aucun mais il est le passage obligé pour « valider » une candidature pour 2022.
Une quasi idolâtrie qui suscite, néanmoins, de l’irritation chez certains. « Ca fait 10 ans qu’il ne se passe rien à droite parce que Sarko empêche toute reconstruction, tout droit d’inventaire » s’agace un cadre du parti cité par le média Politico. « Sarko c’est un empêcheur d’avancer. Même les nouveaux députés vont encore tous les six mois lui embrasser la babouche et faire leur selfie rue de Miromesnil, alors qu’ils auraient dû reprendre en main la droite ». Et ce même responsable d’ajouter : « C’est dingue, s’il va en prison ils iront le voir au parloir ! ». Autant dire que le « parrain » n’apprécie pas, mais pas du tout, l’arrivée d’un authentique patriote sur le devant de la scène politique. Un « affranchi » qui vient lui couper l’herbe sous le pied en même temps qu’il rebat les cartes de l’élection présidentielle. Un crime de lèse-majesté impardonnable qui explique la fureur de l’ancien chef de l’état contre le polémiste. Aussi Eric Zemmour ne doit-il rien attendre d’autre de lui que des peaux de banane ! Il est prévenu !