Scènes de chaos au Stade de France : merci Macron !

C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. La finale de la ligue des champions aurait dû avoir lieu à Saint-Pétersbourg, mais le déclenchement de la guerre en Ukraine a servi de prétexte à Macron pour récupérer l’événement. Avec le succès que l’on sait !

Il doit bien rire Poutine ! Jamais il n’aurait pu imaginer un scenario aussi grotesque. Des scènes de chaos diffusées par les télévisions du monde entier aux abords et à l’intérieur même du mythique stade de France. Un match de finale qui oppose Liverpool au Real Madrid dont le coup d’envoi est donné avec trente cinq minutes de retard alors que des images surréalistes défilent sur les écrans. On y voit des individus tentant d’escalader les grilles du stade, des charges de policiers au milieu de la fumée des gaz lacrymogéne, des supporters qui se font agresser et dépouiller par des hordes de jeunes. On pense immédiatement à France orange mécanique, l’ouvrage à succès de Laurent Obertone qui annonçait en 2013 le glissement de la société française vers un climat de violence accrue.

Certes ce n’est pas la première fois que des incidents se produisent à l’occasion d’un match de foot. Que leur équipe l’emporte ou pas les supporters algériens ne manquent jamais une occasion de se transformer en casseurs et de piller les magasins sur leur passage. Le phénomène est malheureusement récurrent. Mais dans le cas précis de cette rencontre, l’Etat s’est montré incapable d’assurer le maintien de l’ordre public aux abords du stade et d’empêcher quelques centaines de voyous de semer le chaos en s’attaquant aux personnes et en vandalisant les voitures garées sur les parkings. C’est l’image même de la France qui a été abîmée par ces scènes de violence inimaginables dans aucun autre pays du monde occidental. Un signal inquiétant tout de même à deux ans des Jeux olympiques ! La France sera-t-elle en mesure d’assurer le bon déroulement des événements sportifs qui se préparent dans le pays et notamment en Seine-Saint-Denis ?

Désigner les coupables

Rien n’est moins sûr, car le gouvernement ne semble pas prêt à tirer les leçons de ce gigantesque fiasco, encore moins à en désigner les coupables. Le soir même, Gérald Darmanin qui avait assisté au match depuis la tribune officielle rejetait la faute sur « les milliers de supporters britanniques sans billets ou avec de faux billets qui ont forcé les entrées ». Une accusation grave et sans preuve du ministre de l’Intérieur qui, avec le préfet de police Didier Lallement, est depuis samedi soir la cible des critiques de l’opposition en France, mais aussi de la presse d’Outre-Manche particulièrement remontée. Ainsi le tabloïd The Sun a-t-il rebaptisé sur sa une, le stade de France, en  stade de Farce. Cruel et humiliant ! De son côté le club de Liverpool réclame l’ouverture d’une enquête pour déterminer « les causes de ces problèmes inacceptables ». Une demande qu’appuie le gouvernement britannique. Les Anglais se sentent injustement montrés du doigt par la France. Ils dénoncent « la mauvaise organisation française » et saluent « le calme des supporters britanniques ».

La ministre des sports Amélie Oudéa-Castera voit plusieurs causes à ce fiasco. Elle pointe « le manque de stadiers » mis en place par la fédération française de football, des « problèmes d’exiguïté des zones de contrôle » et accuse le club de Liverpool d’avoir « laissé ses supporters dans la nature » contrairement à ceux du Real Madrid qui étaient bien encadrés. Pas un mot sur les violences qui ont eu lieu autour du stade de France dont tout le monde parle. Pourquoi ce déni de réalité ? Pourquoi ce refus de dénoncer les vrais coupables, cette racaille venue des quartiers de la Seine-Saint-Denis, ces mineurs étrangers isolés ou encore ces migrants sans-papiers interpellés par la police. « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde » jugeait Camus. C’est précisément ce que fait le gouvernement en s’obstinant à désigner les supporters anglais comme les seuls responsables des désordres. « 30 000 à 40 000 supporters anglais étaient sans billet ou avaient des billets falsifiés » a répété lundi soir Darmanin au JT de Gilles Bouleau. Des chiffres à prendre avec des pincettes et qu’il sera difficile de vérifier, même si le ministère français de l’Intérieur avait été informé avant le match que des milliers de supporters anglais viendraient en France sans billet. Une note de la police rendue publique depuis qui visiblement n’a pas été prise en compte par les responsables de l’ordre public.

Colère des Anglais

Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les sujets britanniques qui ont semé le chaos durant toute la soirée aux abords du stade de France. Ce ne sont pas eux qui ont agressé, frappé et vidé le portefeuille ou volé le sac à main des supporters munis de billets qui venaient assister à cette rencontre sportive. Premier flic de France, Darmanin est mieux placé que quiconque pour savoir ce qui s’est réellement passé et qui sont les vrais responsables de ces désordres. En maintenant contre toute évidence une version qu’il est bien le seul à défendre, il prend le risque d’agacer les Anglais qui sont en train de perdre leur sang-froid légendaire. Ainsi Jamie Callagher, ancienne légende des Reds et désormais consultant pour une chaîne anglaise dénonce-t-il « les mensonges et les manipulations des personnes d’autorité ». Sur twitter il s’est emporté contre le ministre de l’Intérieur. « Gérald Darmanin is the fraud ». Un mot que l’on peut traduire par escroc, menteur ou imposteur. On n’est pas loin de l’incident diplomatique !

Pourquoi cette cécité du gouvernement français, cette persistance dans le déni de réalité ? Devant la gravité des incidents survenus qui font de la France la risée du monde entier, pourquoi Macron n’est-il toujours pas intervenu ? Ce refus de la vérité n’a qu’une explication : la question migratoire. Un dossier brûlant que le pouvoir veut garder sous le tapis tant il le met mal à l’aise. Le premier tour des élections législatives a lieu dans quelques jours. Et reparler de la question de l’immigration en cette période électorale ne pourrait, bien sûr, que « faire le jeu de l’extrême droite ». L’horreur !