Nous vivons un moment historique. Les élections régionales ont donné le coup de grâce à un système politique qui s’appuyait sur le bipartisme. Le général de Gaulle qui n’avait pas de mots assez durs pour condamner « le régime des partis » avait profité du putsch d’Alger de mai 1958 pour mettre à bas la IVe République et proposer une nouvelle constitution visant à renforcer l’exécutif.
L’alternance droite-gauche
Approuvée par référendum le 28 septembre 1958 cette nouvelle constitution qui ouvrait la voie à une cinquième République instituait un régime présidentiel. Il adoptait le principe du suffrage universel comme source du pouvoir, en même temps qu’une bipolarisation de la vie politique. Le principe de l’alternance droite-gauche qui a fonctionné durant des décennies est arrivé à bout de souffle. L’irruption du Front national comme acteur majeur de la vie politique a fait imploser le système qui, il est vrai, était déjà fissuré. Le paysage politique français se compose désormais de trois blocs se situant autour des 30%.
Premier parti de France
Le coup de tonnerre du premier tour des Régionales qui a vu le Front national arriver en tête dans six des treize régions est un fait capital. Grignotant au fil des scrutins des électeurs tant à gauche qu’à droite il est devenu le premier parti de France. Tant et si bien que pour l’empêcher d’atteindre son objectif de s’emparer de régions, la gauche a préféré se saborder au profit de candidats de droite. «La gauche peut mourir !» avait lancé Manuel Valls. Ses craintes étaient fondées. La gauche n’existe plus dans les conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais-Picardie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et l’histoire retiendra que c’est lui, premier ministre socialiste, qui l’a tuée ! Et sans doute n’est-on pas au bout de nos surprises ! La recomposition politique du pays est en marche. «Le vieux monde politique est en train de mourir sous nos yeux» constate Bruno Le Maire (LR). A gauche, comme à droite, on se fait des appels du pied pour « travailler ensemble » dans un certain nombre de domaines. Raffarin-Valls même combat ? Toujours est-il que l’ancien et l’actuel Premier ministre proposeront en janvier «un pacte républicain pour l’emploi».
Un front des républicains
Un premier pas vers un front des républicains : « On a été d’accord, droite et gauche pour battre le Front national, alors soyons ensemble d’accord pour que la première cause du Front national, le chômage soit réglée » explique Jean-Pierre Raffarin dont l’analyse est loin de faire l’unanimité dans son parti. « C’est un piège et un boulevard pour le FN, réplique Eric Woerth. Il n’y aurait plus que deux partis, le FN et un bloc indéterminé ».
Ainsi, Raffarin et Valls, qui ont en commun leur hostilité viscérale au Front national, donneront-ils paradoxalement raison à Marine Le Pen qui n’a de cesse de dénoncer depuis des années «le système UMPS» ? L’année 2016 qui s’ouvre dans quelques jours devrait être celle de la recomposition politique qui passera d’abord par l’implosion des actuels pôles de gauche et de droite. En ligne de mire la présidentielle de 2017 qui aiguise les appétits. Hollande n’a pas dit son dernier mot !