Tous responsables, tous coupables !

Le massacre de Nice a frappé l’opinion publique et restera dans l’inconscient collectif des Français. On sait désormais que le terrorisme islamique peut frapper à tout moment, n’importe où et que chaque habitant de ce pays est une cible potentielle pour les djihadistes.

Faut-il pour autant céder à la panique ? Changer ses habitudes ? Pire, s’enfermer chez soi ? Certainement pas ! Ce serait justement faire le jeu de ces dangereux psychopathes. Il est nécessaire, en revanche, que chacun adapte son comportement aux circonstances. Face preuve de vigilance. « Nous affrontons un adversaire imprévisible et la menace n’est plus du simple ressort des forces de sécurité intérieures » déclarait au Figaro (4 août) le général Denis Favier, patron de la gendarmerie qui incitait « tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République … (à) s’engager, en étant attentifs à tout comportement suspect et en le signalant aux forces de l’ordre ». Car nous n’en avons pas fini avec la menace islamiste. Les attentats vont continuer et se multiplier dans les semaines et les mois qui viennent. « L’année va être épouvantable jusqu’à l’élection présidentielle » prévient l’ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic qui espère « un essoufflement du djihadisme. Mais çà peut durer 10 ans avant qu’on commence à respirer » souligne-t-il. La lutte contre le terrorisme est devenue aujourd’hui la préoccupation majeure des Français devant la lutte contre le chômage. Elle sera le grand enjeu de la prochaine élection présidentielle !

Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi en 18 mois l’islamisme radical a-t-il fait plus de 230 victimes dans notre pays sans parler des centaines de blessés dont beaucoup resteront handicapés à vie ? Quelles leçons avons-nous tiré de l’expérience des attentats passés ?

Voilà des questions auxquelles les candidats à la magistrature suprême ne pourront échapper. Gauche et droite confondues ils portent tous une part de responsabilité dans la situation dramatique que nous connaissons aujourd’hui.

Toujours un temps de retard

Pourquoi avoir supprimé 12000 postes de policiers et de gendarmes sous le quinquennat de Sarkozy, effectifs qui nous font cruellement défaut aujourd’hui ? Fallait-il en 2008 saborder cette précieuse source d’informations qu’étaient les renseignements généraux pour les recréer fin 2014 sous le nom de Service central du renseignement territorial (SCRT) alors qu’il y avait le feu à la maison France.

Nos politiciens n’ont pas de mémoire et réagissent toujours avec un temps de retard sur les événements. A chaque fois ils ont l’air surpris de découvrir une réalité à laquelle ils se refusent à croire. Et pourtant si la série d’attentats qui frappe aujourd’hui notre pays est exceptionnelle par le nombre des victimes, elle ne doit pas faire oublier la vague d’attentats islamistes qui avait touché Paris, Lille et Lyon d’octobre à juillet 1995, avec notamment la bombe placée dans le RER parisien qui avait fait 8 morts et 200 blessés à la station Saint-Michel.

C’est d’ailleurs à la suite de ce drame qu’avait été mis en place en septembre 1995 le plan Vigipirate. Une routine ! Comme le deviendra l’état d’urgence ! « Nous sommes en guerre ! » ne cessent pourtant de répéter en chœur le chef de l’Etat et les membres du gouvernement. Mais il n’est pas question de toucher aux libertés publiques et à l’Etat de droit. Ah non ! Une attitude sidérante pour les pays confrontés au terrorisme comme Israël avec les Palestiniens. « Le droit à la vie l’emporte sur toute autre considération » souligne le politologue Dominique Moïsi.

Il serait temps que nos gouvernants en prennent conscience !