Depuis quelques semaines les violences urbaines se multiplient dans les quartiers dits sensibles ou difficiles, tout comme les affrontements, parfois mortels, entre bandes de jeunes. Il est urgent que l’Etat réagisse, et vite, pour rétablir la sécurité publique.
Il ne se passe pas de journée depuis le début de l’année sans que des émeutes éclatent en France métropolitaine. Des affrontements violents qui opposent, la nuit tombée, des individus aux policiers. De véritables scènes de guérilla urbaine avec incendies de voitures et de poubelles, voire saccage de magasin comme à Romorantin.
Face à la dégradation de la situation, l’Etat, à qui revient pourtant la mission régalienne d’assurer la sécurité des biens et des personnes, se montre impuissant. Les délinquants arrêtés et traduits en justice ne sont condamnés qu’à des peines courtes, voire à de la prison avec sursis. Bref une réponse pénale qui n’est pas adaptée à la réalité d’une situation préoccupante.
A quoi peut d’ailleurs servir la prison pour des délinquants nourris à la haine de la France, qui s’affranchissent allègrement de nos lois et se moquent éperdument de nos institutions? Il y a fort à parier que ces « sauvageons » ne s’amenderont pas au contact de la racaille et que bien au contraire, la prison sera pour eux contre-productive
Or, il y a urgence à traiter ce problème qui, certes, n’est pas nouveau, mais qui s’aggrave un peu plus chaque année. Tout a été tenté depuis quarante ans pour rétablir la loi et l’ordre dans ces quartiers « prioritaires » devenus « quartiers de reconquête républicaine » sous Macron. Faut-il rappeler les milliards investis dans les plans Borloo de la première décennie de ce siècle pour améliorer l’habitat des cités ? Ils n’ont en rien empêché les dealers de poursuivre leurs coupables activités. On se souvient des mesures prises par les différents ministres de l’Intérieur, de droite comme de gauche, pour implanter une police de proximité dans ces quartiers. Sans grand succès ! N’y aurait-il donc rien à faire ? Faudrait-il se résoudre à vivre dans ce climat d’insécurité qui a progressivement gagné la plupart des villes de France ? Ce n’est pas pensable.
Enseigner des valeurs
L’Etat doit se substituer aux parents défaillants pour éduquer ces jeunes délinquants, leur apprendre les valeurs de la République, l’histoire de la France, la Marseillaise. Mais aussi la vie en société, les règles de la bienséance, le respect et la courtoisie. Il faut aussi leur enseigner des valeurs qu’ils ne connaissent pas comme l’effort, la discipline et l’obéissance.
Aux Etats-Unis, pour les ados petits délinquants ou simplement en situation d’échec scolaire existent des Boot camps, des camps d’entrainement où les maîtres mots sont discipline, respect et obéissance. Pour leur apprendre les règles de la vie en société, les militaires chargés d’encadrer ces nouvelles recrues, n’y vont pas par quatre chemins. Les ordres sont aboyés dans les oreilles. Fini la rigolade. Dés leur arrivée les jeunes sont prévenus. Ils vont « vivre cinq mois en enfer ». Revêtus d’un uniforme, boule à zéro, sans aucun contact avec l’extérieur (les portables sont interdits), ils ont les instructeurs sur le dos jour et nuit.
Dès leur réveil au clairon à 5h du matin, leur journée est chronométrée. Elle commence par le lever des couleurs. Les déplacements se font au pas. Malheur à celui qui est en retard. Il sera astreint à des corvées de nettoyage. Un traitement de choc destiné à « les briser pour les reconstruire » explique un instructeur. On n’est pas au club Med ! Les élèves ont six heures de cours chaque jour donnés par des enseignants sous l’œil attentif d’un militaire.
Formés intellectuellement, ils le sont aussi sur le plan sportif avec la pratique quotidienne d’exercices physiques intenses où l’on teste leur endurance. Parcours du combattant digne des troupes d’élite qui oblige chacun à se surpasser pour aller jusqu’à l’extrême limite de ses forces. Pas étonnant qu’après un tel stage les ados soient transformés. Ils ont appris à se respecter et à respecter les autres et obtiennent de meilleurs résultats en classe.
Apparus au tout début des années quatre-vingts dans quelques états américains, ce modèle a gagné les pays anglophones, l’Australie et la Grande-Bretagne. Ne pourrait-on l’importer en France ? La question de l’encadrement militaire des jeunes délinquants revient régulièrement dans l’actualité et tout particulièrement aujourd’hui avec les affrontements entre bandes rivales.
Dispositif « Défense deuxième chance »
L’ordonnance du 2 aout 2005 prise sous le gouvernement Villepin avait créé les établissement public d’insertion de la Défense (EPIDE). Il s’agissait de permettre à des jeunes de 18 à 21 ans en situation d’échec scolaire ou professionnel, d’intégrer le dispositif baptisé « Défense deuxième chance ». Les candidats devaient se porter volontaires pour suivre les formations où on leur inculquait les principes du civisme, les règles du comportement en société, tout en leur rappelant le minimum des connaissances à acquérir pour trouver un emploi.
Ils avaient pour obligation de porter l’uniforme, d’obéir à une discipline stricte et de saluer chaque jour le drapeau. Un internat pris entièrement en charge par l’Etat qui leur versait en plus une prime de 300 euros chaque mois.
Mais avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et de Christiane Taubira au ministère de la justice, l’expérience s’est arrêtée faute d’être financée. L’EPIDE a été rebaptisé « Etablissement pour l’insertion dans l’emploi pour les jeunes ». L’acronyme est resté, mais l’aspect militaire a été gommé.
Le 8 octobre dernier sur l’antenne de BFM tv Eric-Dupont-Moretti s’est montré favorable à un encadrement militaire. « Je souhaite qu’effectivement il y ait un partenariat Justice-Armée pour certains mineurs, pour certains jeunes majeurs parce que je ne peux pas me résoudre à ce que des jeunes Français sifflent la Marseillaise, crachent sur notre drapeau » a notamment déclaré le ministre de la Justice, non sans avoir précisé que « techniquement c’est un peu compliqué ! ».
Serait-il si difficile de reconduire un dispositif qui fonctionnait dix ans plus tôt et qui impliquait déjà les ministères de la Justice et de la Défense ainsi que celui de la Ville ?
Rappelons enfin que l’encadrement des jeunes par la discipline militaire fait aussi partie de l’arsenal juridique. Depuis 2011 un juge peut imposer un séjour en EPIDE à un délinquant âgé de 16 ans minimum condamné avec sursis et mise à l’épreuve. Une peine alternative à l’emprisonnement trop rarement prononcée.