Une élection présidentielle complètement ratée

Quel que soit celui (ou celle) qui sortira vainqueur au soir du 7 mai, l’élection présidentielle 2017 laissera comme un goût amer. Polluée par les « affaires », la campagne qui s’achève n’a pas permis d’aborder les vrais enjeux auxquels se trouve confronté notre pays.

On aurait pu attendre autre chose de cette campagne présidentielle. Après un quinquennat calamiteux comme jamais sous la 5e République contraignant, pour la première fois, le président sortant à ne pas se représenter, les électeurs fondaient beaucoup d’espoirs sur la promesse d’une alternance.

Tout s’était fait dans la transparence. Pour la première fois la droite avait accepté le principe d’une « primaire » pour désigner son candidat. Contre toute attente l’élection avait été remportée haut la main par François Fillon qui avait éliminé successivement Nicolas Sarkozy et surtout Alain Juppé le grand favori des sondages.

A gauche, c’est le frondeur Benoit Hamon qui s’imposait au second tour face à Manuel Valls. Une victoire inattendue qui jetait le trouble au sein du Parti socialiste et divisait le gouvernement.

Ainsi alors que se profilait un classique duel gauche-droite arbitré par le Front national, c’est à un tout autre scénario auquel nous avons assisté.

Une tempête d’une violence inouïe s’est abattue sur le candidat de droite quand le Canard enchaîné a sorti l’affaire de l’emploi présumé fictif de Pénélope Fillon, comme attachée parlementaire. Une campagne de presse à rebondissements multiples bien orchestrée efficacement relayée par une enquête judiciaire du parquet financier ont bien failli emporter le candidat, et avec lui tout son camp, dans l’abîme.

En même temps le candidat officiel du Parti socialiste qui avait vainement tenté de faire alliance avec le remuant Jean-Luc Mélenchon voyait sa côte de popularité fondre à vue d’œil au point d’être relégué par les sondages dans la catégorie des « petits candidats ».

La surprise allait venir d’Emmanuel Macron. Le jeune ministre de l’Economie qui avait sauté en Marche-si l’on peut dire-du train gouvernemental pour se lancer dans la bataille des présidentielles enregistrait au fil des jours des soutiens venus de la gauche comme de la droite. Il grimpait régulièrement dans les sondages au point de contester la première place des intentions de vote à Marine Le Pen qui en était jusque là la favorite.

Dans le même temps Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, prenait son envol au fil de ses prestations télévisées et de ses meetings pour s’inviter parmi les favoris du scrutin.

Ainsi donc cette campagne qui a volé au ras des pâquerettes, soumise à la dictature des sondages, aura plus ressemblé à une épreuve sportive, genre course automobile, qu’à une vitrine du savoir-faire français où les candidats auraient abordé les vraies préoccupations des citoyens, où l’on aurait pu confronter projets et propositions pour relever notre pays, redonner de l’espoir et du travail aux chômeurs, et lutter contre le terrorisme islamique.

Que vont faire les électeurs déboussolés ? Voteront-ils utiles dés le premier tour ? Mais qu’est-ce-que le vote utile quand les sondages donnent quatre candidats dans un mouchoir de poche ? Notre mode de scrutin est ainsi fait qu’au premier tour on choisit un candidat et qu’au second on élimine. Qu’adviendra-t-il si l’on change les règles du jeu démocratique en émettant un vote de rejet dés le premier tour ?

En cette veille d’élection présidentielle on a vraiment toutes les raisons d’être inquiet de la tournure de ce premier tour de scrutin où il semble que les électeurs aient perdu leurs repères. Et l’attentat terroriste commis jeudi soir contre des policiers aux Champs-Elysées n’est pas fait pour les apaiser !