Une pluie de cadeaux pour la fin d’un quinquennat chaotique

Oh, Oh, Oh ! Le Père Noël passe de bonne heure cette année. Il a dans sa hotte tout un tas de cadeaux pour combler d’aise les électeurs.

Ne me faites pas dire, ce que je n’ai pas dit ! Nous sommes en démocratie et le président-candidat ne saurait acheter les voix ce qui relèverait de la fraude électorale. Mais tout de même cette pluie soudaine de cadeaux qui nous est annoncée quelques semaines seulement avant l’élection présidentielle à de quoi surprendre. Certes la question du pouvoir d’achat est désormais au premier rang des préoccupations des Français. Tous les sondages d’opinion de ces derniers mois le confirment. Et il est bien normal que l’Exécutif se préoccupe de la situation de détresse de nombre de nos compatriotes. Fallait-il pour autant attendre la fin du quinquennat et la campagne des présidentielles pour que le chef de l’Etat désormais candidat pour un nouveau mandat joue au Père Noël ?

Il est vrai que la situation des ménages n’a fait que se dégrader au fil des mois. L’année dernière, devant la hausse des prix de l’énergie- de l’électricité et du gaz essentiellement- le gouvernement avait distribué des chèques énergie. Une aide financière nominative de cent euros attribuée sous conditions de ressources à 5,8 millions de ménages, destinée au paiement des dépenses énergétiques du logement. Comme la situation loin de s’améliorer a, au contraire, continué à se détériorer, le gouvernement a reconduit cette année le chèque énergie d’un même montant à ceux qui en avaient bénéficié en 2021. Un petit cadeau qui s’est révélé singulièrement insuffisant avec l’envolée brutale et ininterrompue des cours du pétrole depuis trois mois. Et ce bien avant l’intervention de l’armée russe en Ukraine qui a encore aggravé la situation.

Aussi le gouvernement s’est-il senti obligé de remettre la main à la poche en accordant à chaque automobiliste une ristourne de quinze centimes sur chaque litre d’essence. Un geste inédit à deux milliards d’euros à mettre en balance avec les plus-values réalisées par l’Etat qui, faut-il le rappeler, prélève plus de 60% de taxes sur le prix de l’essence à la pompe. Ramener le taux de la Tva de 20% à 5,5% permettrait de réduire le prix des carburants, mais Bercy s’y oppose. Alors pourquoi ne pas taxer les énormes bénéfices que réalisent les groupes pétroliers comme le réclament certains candidats à l’élection présidentielle ainsi que la Commission européenne ?

Louable intention

Mais dans sa hotte le Père Noël a encore bien d’autres cadeaux à offrir. Le 7 mars à l’occasion de sa première réunion de campagne à Poissy, Emmanuel Macron a annoncé son intention de supprimer la redevance audiovisuelle s’il est réélu. « Un impôt qui ne correspond plus à la réalité » a-t-il expliqué. Vu l’indigence des programmes télé on ne peut que se réjouir de cette louable intention. Dans la foulée et pris, sans doute, par l’ivresse de cette soirée où les invités avaient été soigneusement triés sur le volet, le président-candidat a ajouté : « On supprimera tous les impôts qui restent. La redevance en fait partie ». Diantre ! N’en faites quand même pas trop Père Noël car il faut bien que l’Etat trouve quelque part l’argent pour rémunérer ses fonctionnaires. « Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent » disait Charles Pasqua. Ne soyons pas naïfs. Ce n’est pas demain que le contribuable français qui est aujourd’hui celui qui est le plus taxé au monde sera exempté d’impôt.

Si vous voulez encore des cadeaux, c’est le moment où jamais ! Il y en aura pour tout le monde qu’on se le dise ! Ainsi le gouvernement vient-il d’annoncer la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires « d’ici l’été ». Cet indice qui sert à calculer le traitement des 5,7 millions d’agents des services publics n’avait pas bougé depuis 2017. Et voilà subitement, à moins d’un mois du premier tour de la présidentielle que le pouvoir se rappelle au bon souvenir des serviteurs de l’Etat. « Ce n’est pas une décision électoraliste mais économique » se défend Amélie de Montchalin ce 15 mars au micro de France info. La ministre de la Transformation et de la fonction publique justifie cette décision qu’elle se refusait de prendre jusqu’à maintenant par la poussée de l’inflation. « Nous ne pouvons pas, en tant qu’employeur public, laisser le pouvoir d’achat de nos agents décrocher en cette situation inédite, par rapport notamment aux salariés du privé » avant d’ajouter : « Nous avons fait du pouvoir d’achat et de sa protection une priorité pendant toute la crise, le quoi qu’il en coûte, qui n’était pas pour acheter des voix mais pour la France ».

Quel bel aveu ! Car comme par hasard c’est juste avant le premier tour de la présidentielle qu’intervient ce dégel du point d’indice. Un changement complet dans la politique du gouvernement qui s’était refusé depuis le début du quinquennat à actionner le levier des augmentations générales. Une promesse de cadeau pour les fonctionnaires dont on ne connaît pour l’heure pas encore le détail. Et pour cause puisque sa mise en oeuvre dépendra de la reconduction à l’Elysée de l’actuel chef de l’Etat. Vous avez dit clientélisme ?

Seuls oubliés de la générosité présidentielle, les retraités dont le pouvoir d’achat ne cesse d’être grignoté par la hausse du coût de la vie. Qu’ils ne désespèrent pas ! Ils représentent un potentiel électoral important dont Macron ne saurait se passer. Il serait surprenant que le Père Noël ne leur fasse pas un petit cadeau – ou du moins une promesse de cadeau – d’ici le premier tour. On prend le pari ?