Va-t-on continuer à laisser prospérer l’islam radical ?

Il y a les attentats commis avec des camions qui tuent et blessent des passants dans la rue. Les agressions violentes contre des policiers, des militaires ou des pompiers. Les incidents qui surviennent à l’occasion de contrôle d’identité avec la police. Mais les islamistes savent aussi utiliser nos lois et revendiquer leurs droits au nom de la liberté et de la démocratie.

Les actions terroristes, aussi spectaculaires soient-elles, que nous connaissons depuis quelques années, ne doivent pas nous faire perdre de vue que l’islamisme est un système global, une idéologie totalitaire à visée expansionniste. Son but déclaré étant la prise de contrôle progressive de la sphère publique. Propos alarmistes ? Une note de la Direction centrale de la Sécurité Publique (DCSP) qui remonte à la fin de l’année 2016 et qui vient d’être rendue publique alerte les autorités sur « le développement de l’emprise religieuse dans les quartiers ». Il souligne « les pressions exercées sur les familles et notamment les femmes » et la conquête méthodique des « instances de représentation des quartiers ». Il pointe notamment la mainmise des salafistes sur des associations dédiées au soutien scolaire, à l’action culturelle ou à l’activité sportive, selon des méthodes qui rappellent les techniques d’entrisme de la gauche révolutionnaire dans les années soixante et soixante-dix.

Séminaires salafistes

C’est au début des années 90 que les premiers prédicateurs saoudiens arrivent en France. La monarchie pétrolière donne des bourses à des jeunes des quartiers de banlieue pour qu’ils aillent se former dans les séminaires salafistes d’Egypte et du Yemen. « Les salafistes installent peu à peu des mosquées, des crèches, des réseaux de sociabilité » explique le politologue Gilles Kepel spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain. Les municipalités laissent faire, la police ferme les yeux. Après tout le salafisme par son rigorisme n’est-il pas un facteur de paix dans les quartiers puisqu’il combat la toxicomanie et lutte contre la délinquance des jeunes ?

Une complicité passive, une cécité politique volontaire que nous payons cher aujourd’hui. Les mosquées salafistes représentent environ 5% des 2500 mosquées répertoriées en France et rassemblent entre 20 000 et 40 000 croyants. De temps à autre l’une d’elles défraye un peu trop la chronique et on décide sa fermeture comme ce fut le cas récemment de la mosquée Assounna à Sète au motif que les prêches qui y étaient tenus « incitaient à ne respecter que le Coran et la charia » et que « les ouvrages mis à la disposition des fidèles, mais aussi des élèves de l’école coranique, cautionnent les violences physiques faites aux femmes, appellent à la discrimination, à la haine et à la violence envers les chrétiens et les juifs et justifient le recours au djihad armé ».

Une décision purement administrative, une sanction plus symbolique qu’efficace qui n’aura, évidemment, aucun effet sur les plus radicalisés des musulmans, sinon à les faire se dresser encore un peu plus contre l’autorité républicaine, celle des « mécréants ».

La Bible des djihadistes

Pour bien comprendre la stratégie des islamistes, il convient de lire  L’appel à la résistance islamiste mondiale d’Abou Moussab Al-Souri. La Bible des djihadistes. Un ouvrage de 1600 pages publié en janvier 2005 par l’un des théoriciens de l’Etat islamique. Equivalent du Mein Kempf des nazis, l’ouvrage de ce Syrien qui a été proche de Ben Laden explique aux apprentis djihadistes qu’ils doivent « frapper l’Europe ventre mou de l’Occident » non pas en organisant des attentats spectaculaires comme celui contre le World Trade Center qui, selon lui, a été une erreur aux conséquences catastrophiques, mais en privilégiant des attentats commis par des petites cellules indépendantes d’un commandement central et par conséquent plus difficilement repérables par les services de renseignements.

En un mot privilégier le djihad horizontal par rapport à une structure pyramidale. Al-Souri préconise aussi de multiplier les attaques et les provocations afin de renforcer l’islamophobie et pousser les musulmans a rejoindre les plus radicaux. Une stratégie qui a pour finalité de faire imploser les pays d’Europe en suscitant une guerre civile en leur sein.

Qui peut prétendre que cette stratégie n’a pas inspiré les crimes d’un Mohamed Merah à Toulouse, d’un Medhi Nemmouche à Bruxelles, d’un Amédy Coulibaly à Paris, ou l’auteur de l’effroyable carnage de la promenade des Anglais à Nice ? Un terrorisme Low Cost à l’origine des attaques commises récemment au musée du Louvre et à l’aérogare d’Orly ? « Je ne suis pas surpris par ce qu’il se passe en France, déclare dans un entretien au Figaro le journaliste et romancier Kamel Daoud. D’abord parce que le malaise français a été investi par une idéologie très agressive. Ensuite, il faut le dire, parce que les musulmans de France restent silencieux et laissent le monopole de l’islam aux islamistes. Ces derniers se sont érigés en interlocuteurs et en seuls propriétaires de l’islam ».

La mode modeste

Un islam conquérant qui se manifeste aussi d’une manière plus pacifique et surtout plus sournoise par la mode. Depuis quelques années de grandes marques comme Dolce et Gabbana, Zara, H et M, Uniqlo, Prada ont lancé la « mode modeste », dite encore « mode pudique », une collection de vêtements « islamiquement corrects ». Il s’agit de couvrir de manière ample le corps de la femme : les épaules, le décolleté, les cuisses. Rien ne doit se voir de ce qui se trouve au-dessus du genou ou du coude. Une mode dont le chiffre d’affaires a atteint 44 milliards de dollars en 2015 selon une enquête de Thomson Reuters et qui pourrait générer 368 milliards de dollars à l’horizon 2021.

Une mode pudique qui s’affirme comme une contre culture face à une mode sexy. Une mode qui cependant a bien du mal à s’implanter en France, contrairement à d’autres pays occidentaux. Conséquence de la levée de boucliers suscitée l’été dernier par le Burkini sur les plages du midi et qui avait incité les marques à revoir leur stratégie. Instrumentalisation de la religion à des fins commerciales ou de la mode à des fins religieuses ? Le débat est ouvert.

Dans son dernier livre Un racisme imaginaire, la querelle de l’islamophobie qui vient de paraitre chez Grasset, Pascal Bruckner prévient : « Dans ce genre d’initiatives lancées par les islamistes, le contrôle du langage est essentiel. Il faut choisir les mots qui ne blessent pas pour faire passer l’accoutrement qu’on veut imposer aux femmes. Modeste et pudique sont des qualités négatives qui s’opposent à immodeste et impudique. Quiconque n’embrasse pas cette « mode » passe donc pour indécent ou orgueilleux. Conclusion : toute femme qui n’est pas voilée ou ne se baigne pas en burkini est soupçonnée d’être une débauchée, une immorale».

La Finance islamique

Tout aussi inquiétant est le développement de la finance islamique en France. Un nouveau modèle financier qui repose sur des préceptes issus de la charia interdisant la spéculation, l’usure et l’intérêt ainsi que le financement d’activités illicites telles que la drogue, l’alcool, la pornographie, les armes, notamment. L’Université Paris Dauphine vient de lancer une formation spécifique sur le campus marseillais de Kedge Business School. Dès ce mois-ci une vingtaine d’étudiants et de professionnels du secteur bancaire et financier vont être formés à la finance islamique par Kader Merbouh, professeur à Dauphine et responsable de ce diplôme qui vise à permettre aux futurs cadres bancaires de développer le commerce international avec les pays musulmans. Si les banques françaises ont déjà développé des activités basées sur la finance islamique dans les pays musulmans, elles ne l’ont pas encore fait en France craignant, dit-on, pour leur réputation. Peut-être aussi pour leur chiffre d’affaires ! A moins qu’une étude de marché ne leur ouvre de nouveaux horizons !

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